Chapitre 23

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La journée suivante tarda légèrement à se terminer. Les voyageurs n'avaient pas rencontré d'imprévus sur leur route. Ils suivaient les cartes et la boussole sans s'arrêter. Quand le soleil commença à se coucher, les étoiles apparurent une par une dans le ciel. Aussitôt, la constellation du cygne apparu également dans un ciel rosé. Au gouvernail, Anna respirait l'air marin de ce début de soirée. Derrière elle, comme depuis le début du périple, Harold et Mérida s'attelaient à déchiffrer les cartes.

— Où est-ce que nous en sommes? Demanda Mérida, toujours plongée dans le recueil de magies.

— Si mes calculs sont exacts, on devrait traverser la mer des roches très bientôt. Répondit Harold.

Mérida hocha la tête et feuilleta le livre. Puis, elle s'excusa devant les deux autres souverains avant de descendre et entrer dans une cabine. En la regardant, Anna se posait beaucoup de questions. Elle aimerait bien savoir pourquoi arborait-elle cet éternel air sévère.

— Elle est intimidante, n'est-ce pas? Demanda-t-elle à l'intention d'Harold.

Ce dernier leva la tête de ses cartes pour répondre à la reine d'Arendelle.

— Qui donc?

— Mérida. Je ne sais pas vous, mais elle me fait un peu peur.

Le chef de Beurk esquissa un sourire.

— Non, elle n'est pas si effrayante que cela. Elle est juste... Un peu comme nous.

— C'est-à-dire?

— Eh bien, elle a également perdue des membres de sa famille, comme Raiponce et moi. Et la cicatrice de ce souvenir douloureux ne semble pas s'être encore fermée chez elle. 

Anna hocha légèrement la tête. C'était vrai que perdre des êtres chers était très difficile. Et le deuil n'était pareil pour personne. À la mort de ses parents, Anna avait laissé le temps effacer sa tristesse. Elle avait ensuite vécue comme la plus normale des jeunes filles, excepté pour sa petite escapade à la montagne du Nord en quête de sa sœur. Mais elle n'était plus en deuil. Pour Mérida, c'était sûrement différent.

— C'est donc pour cacher une tristesse profonde qu'elle agit presque aussi méchamment? Poursuivit-elle.

— Oui, un peu. Mais elle veut aussi se faire respecter par tout le monde et c'est compréhensible. Si vous appreniez à la connaître, vous la trouveriez moins effrayante, j'en suis sûr.

Anna quitta l'océan des yeux un instant pour gratifier Harold d'un sourire. Cet homme était bien gentil. Il devait sûrement énormément souffrir lui aussi. Tout ce qui s'était passé ces dernières années était injuste. La nouvelle génération avait pris les rennes un peu trop tôt. Anna avait réalisé que le destin était un tout autre monde où personne n'avait accès. Il menait toujours les hommes à ce qu'ils s'attendaient le moins.

Où ce voyage allait-il les mener? Qui est-ce qu'ils allaient rencontrer? Quelle était la nature de cet être maléfique? Pour la première fois de sa vie, Anna détestait les surprises. Ce qu'elle allait vivre dans les jours qui suivraient ne seraient que surprises. Et pas des plus plaisantes. Il y aurait sûrement des obstacles à franchir et des ennemis à combattre. La reine d'Arendelle ne savait pas si elle allait rester en vie à la fin de ce périple.

— Gros nuages noirs droit devant! Cria Raiponce depuis son poste d'observation.

Anna fut coupée dans ses réflexions et regarda devant elle. Effectivement, un groupe de nuages sombres commençait à prendre plus de place dans le ciel. Ce dernier avait perdu sa couleur rosée pour laisser place à toutes les étoiles et prendre une teinte noire. Depuis le bateau, l'équipage pouvait entendre les grondements du ciel, ainsi que voir des lumières strier à travers ce dernier. Des gouttelettes commencèrent à tomber, accompagnées d'un vent un peu plus puissant que la brise marine.

— Une tempête s'approche, je pense. Commenta Anna alors que le bateau commençait à tanguer.

Comme à l'arrivée des pirates, Harold remballa ses papiers et ordonna à Raiponce de descendre vite du mât. La reine de Corona s'exécuta et Mérida sortit finalement de la cabine, une expression sérieuse sur le visage. Elle croisa le chef de Beurk au seuil de la porte et ce dernier lui fit part des dernières nouvelles.

— Une tempête s'approche. Nous devons hisser les voiles au plus vite.

Mérida hocha la tête et alla aider Raiponce à hisser la grande voile. Quand elles eurent fini, elles passèrent aux autres toiles du bateau. Mais alors que la Reine Ours attachait un cordage, son regard dévia sur l'étendue d'eau tumultueuse. Aussitôt un éclair zébra le ciel et révéla à Mérida les pointes immergées des roches. Ils étaient arrivés à la mer des roches, ce qui n'était pas une bonne nouvelle. Elle laissa Raiponce finir d'attacher les cordages pour rejoindre Harold. Il fallait absolument qu'elle le prévienne. 

— Vous devez entrer dans les cabines! Ordonna-t-elle assez fort pour contrer le bruit du vent et de la pluie.

— Pourquoi?

— La tempête commence à devenir de plus en plus forte et nous sommes déjà dans la mer des roches!

— Mérida, je sais que naviguer sur une mer rocheuse en pleine tempête est risqué, mais pas au point de me cacher dans une cabine!

Harold tentait de la rassurer, mais il ne comprenait pas les motivations de la reine. Il était content qu'elle s'inquiète pour lui, mais il fallait bien plus qu'un orage pour lui faire peur.

— Non, vous ne comprenez pas! Reprit-elle prête à lui expliquer l'urgence. La mer des roches est infestée de...

Harold!

À l'entente de cette voix, le brun se retourna brusquement, coupant la reine dans son discours. Non, ça ne pouvait pas être possible. Harold guetta la mystérieuse voix pour s'assurer qu'il n'était pas devenu fou.

Harold, sauve-moi!

Cette fois, il se rua vers le bord du bateau pour faire courir son regard sur l'eau déchaînée et ténébreuse. Il devait sûrement faire un cauchemar. C'était la seule explication. Mais la voix se fit plus forte et le brun frissonna du plus profond de son être.

Harold, ici!

La respiration hachée, il leva les yeux vers un rocher. Quand il posa son regard dessus, il crut qu'il allait mourir. Son cœur se mit à battre plus fort et il l'entendait tambouriner dans ses oreilles. Ce n'était pas possible! Vraiment pas possible! Mais en même temps, il voulait y croire. Un éclair passa entre les nuages pour confirmer qu'il ne s'était pas endormi.

— Harold, qu'est-ce que vous avez? Demanda Mérida, inquiète de son état.

— Elle est là. Murmura-t-il.

— Comment?

— Elle... C'est vrai.

— Qu'est-ce qui est vrai?

Mais le chef de Beurk ne répondait pas, trop absorbé par ce qu'il y avait au beau milieu de la mer. Mérida essaya de discerner ce qui le poussa à ne plus réagir et elle la vit. La rousse ouvrit grand les yeux. Sur un rocher, celle qu'Harold avait vu se tenait droite.

— C'est Astrid! Elle est vivante! Cria-t-il finalement.

— Non...

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