Chapitre 24

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— Non, ce n'est pas Astrid! Répéta Mérida.

— Qu'est-ce que vous racontez? Elle est là, vous ne la voyez pas?!

— Je la vois, mais ce n'est pas votre femme!

Harold, je t'en prie, ne me laisse pas ici!

Les supplications d'Astrid — coincée sur un rocher — firent réagir le brun au quart de tour. Il couru jusqu'à Anna où il lui demanda de changer de direction. Astrid était vivante! Il n'allait pas la laisser là.

— Tournez le gouvernail! Ordonna-t-il.

— Pardon? Demanda Anna, désarçonnée par son ordre.

— J'ai dit, tournez le gouvernail!

— Mais ce n'est pas la bonne direction!

— Bonne direction ou pas, je dois la sauver!

Anna voyait que le chef de Beurk se comportait étrangement. Il voulait qu'elle guide le bateau vers les rochers! Mais quelle mouche l'avait piqué? Si elle changeait de direction, c'en serait fini d'eux. Cette bande de rochers pointus n'attendaient que de pouvoir perforer la proue du navire. Et en regardant attentivement l'homme qui lui parlait, Anna sut qu'il n'était pas dans son état normal.

— Non, je ne le ferai pas!

— Mais c'est une question de vie ou de mort!

— Oui, c'est une question de vie ou de mort! Et je choisis de vivre!

Pris d'une soudaine colère, Harold poussa Anna  et se mit aux commandes. La reine d'Arendelle tomba sur le plancher trempé du bateau, complètement perdue. Harold venait-il réellement de la pousser? Mérida arriva aussitôt et l'aida à se relever. Et alors qu'Harold changeait de direction pour rejoindre Astrid, Anna questionna Mérida.

— Qu'est-ce qui lui arrive? Pourquoi a-t-il soudainement changé de caractère?

— C'est à cause de ça.

La Reine Ours pointa un point au loin et Anna ouvrit grand les yeux. Harold voyait sa femme. Mais Anna, ainsi que Mérida voyaient une créature immonde.

— Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi fonçons-nous vers un rocher à sirène?! Cria Raiponce en montant rejoindre ses amis.

La sirène était posée tranquillement sur son rocher, les bras servant d'appuis et la nageoire fouettant l'eau en-dessous d'elle. La bouche ouverte, elle poussait un cri assez semblable à celui d'un dauphin. Ou d'une baleine. Ou même les deux. Mais peu importe ce qu'elle poussait comme cri, c'était sûr qu'Harold entendait autre chose.

Les sirènes avaient pour réputation d'user de leurs chants pour faire couler les bateaux. Les hommes étaient soudainement hypnotisés par leur voix. Ils conduisaient leurs vaisseaux vers les rochers et se laissait détruire sans aucune résistance. Ces créatures marines n'allaient pas les manger, mais elles détestaient voir des bipèdes sur leurs territoires.

— Il a été hypnotisé par le chant de la sirène! Répondit Mérida. Il pense que c'est Astrid!

— Si nous ne faisons rien pour l'arrêter, on finira tous au fond de l'océan. Ajouta Anna.

Raiponce était d'accord avec ce que sa cousine disait. D'un commun accord, les trois femmes tournèrent leurs regards vers Harold. Ce dernier ne cessait de crier à la sirène qu'il arrivait. Le bateau n'était plus très loin des roches. Il fallait agir vite.

— Anna, reprends la barre. Lança Raiponce. Mérida et moi, nous essayerons de le maîtriser.

Les deux reines acquiescèrent et ne perdirent pas plus de temps. Ce fut Mérida qui sauta sur Harold pour le mettre dos à terre. Anna tourna rapidement le gouvernail tandis que la créature arrêta de pousser des cris. Elle observa quelque chose dans l'eau et plongea aussitôt.

— Que faites-vous?! Astrid est là! Elle est vivante! Vociféra le brun.

— Non, elle est morte! Et vous le savez aussi bien que moi!

— Je refuse de l'accepter!

Il poussa la Reine Ours de côté pour se relever et tenter de s'en prendre à Anna. Mais heureusement, Raiponce vint le retenir. Elle avait trouvé une corde assez longue qui traînait sur le bateau. D'un seul lancé, elle ligota Harold et le tira assez loin de sa cousine. Le chef de Beurk lui lança un regard meurtrier qui la déstabilisa légèrement. L'effet que la sirène avait sur lui était très puissant. Des ses mains libres, il tira sur la corde et Raiponce suivit le mouvement en lâchant un cri.

Il lui fit faire un demi-cercle et relâcha la corde quand la brune arriva en haut des escaliers. Raiponce dévala ces derniers, emportant Harold dans sa chute. Pendant ce temps, la sirène avait changé de rocher. On entendit à nouveau ses cris, ce qui affectait beaucoup Harold. Il se releva et se défit de ses liens. La reine de Corona gémissait de douleur, étendue sur le plancher. Mérida n'allait pas le laisser s'en tirer.

Elle se rua vers lui pour lui asséner un coup de poing magistral. Mérida se serait bien excusée, mais Harold n'était pas dans son état normal. C'était un mal pour un bien. Le brun vacilla sous le coup — et aussi à cause des secousses — mais il resta debout, tenant tête à la reine. Il lui lança un regard noir qui se changea en regard désespéré quand la voix de sa femme perça ses oreilles.

— Il faut aller la chercher! Dit-il à l'intention de Mérida qui faisait barrage entre lui et les escaliers menant au gouvernail.

— Cette créature n'est pas votre femme! Harold, revenez à la raison!

— Non! Elle est bien vivante! Il faut changer de direction!

— Pour cela, il faudra d'abord me passer sur le corps!

— Si tel est votre souhait, ainsi soit-il.

En quelques enjambées, Harold arriva au niveau de la reine et tenta de lui faire un crochet du droit. Mais elle esquiva et fut capable de lu faire une clé de bras. Réagissant vite, le brun passa sa jambe derrière le molet de Mérida et la fit retomber en arrière. Il profita de sa faiblesse pour monter vers Anna. Cette dernière tremblait de peur, ayant l'impression que le chef de Beurk était possédé par un démon.

Mérida se releva de sa chute et couru vers Harold. D'un coup d'épaule, elle le poussa par terre. Sans perdre une minute à reprendre son souffle, la Reine Ours se rua vers lui pour l'empêcher de faire ne serait-ce qu'un seul mouvement. Le brun se remit sur ses deux pieds et tenta de frapper Mérida, mais il frappa dans le vide. Merci au bateau qui chavirait. Elle se mit derrière lui pour lui donner un coup de pied dans le dos. Encore une fois, il dégringola jusqu'au bout des escaliers.

Harold!!

Le voix d'Astrid se fit plus insistante, ce qui conforta le brun dans son idée de changer de direction. Mais Mérida descendit près de lui, décidée à ne pas le laisser prendre les commandes. Sa deuxième chute avait été plus douloureuse que la première. Tout en essayant de se relever, il posa une main sur ses côtes endolories. Le contact du manche d'un couteau contre ses doigts le fit se relever totalement.

La tempête n'était pas là pour arranger leurs problèmes. Anna faisait de son mieux pour que les vagues déchaînées ne dévient pas leur trajectoire. Et elle était seule. Raiponce avait perdu connaissance après sa dégringolade. Quand à Mérida, elle tentait de retenir Harold. Si seulement il y avait quelqu'un pour les aider. La voix étrange de la créature marine était toujours audible. Si elle le pouvait, Anna lui lancerait une épée en plein front.

De là où elle était, elle vit les deux souverains. Le chef de Beurk était dos, tandis que Mérida s'approcha de lui. Sans qu'elle ne s'y attende, Harold pivota brusquement et fit une entaille au couteau sur la joue de la rousse. S'en suivit d'un coup de pied dans le ventre, qui éjecta Mérida contre la porte de l'une des cabines. Aussitôt, elle perdit connaissance.

Et Anna était également perdue. Le chef de Beurk s'approchait dangereusement d'elle, plus déterminé que jamais.

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