Chapitre 18

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Le lendemain, Mérida se dirigea d'un pas décidé vers la bibliothèque. Après sa défaite de la veille, elle n'allait pas s'avouer vaincue aussi rapidement. Même si questionner Harris, Hubert et Hamish n'avait pas été fructueux, elle n'abandonnerait pas. Ce n'était pas dans ses habitudes. En chemin, vers la bibliothèque, elle passa par la chambre des enfants. Dedans, elle vit Zéphyr entreprendre une bataille acharnée contre ses cheveux, armée d'une brosse. La jeune fille rappelait à la reine ses disputes occasionnelles avec Elinor à propos de ses cheveux.

— Je peux t'aider? Proposa-t-elle.

Zéphyr se retourna et vit Mérida s'avancer dans sa chambre. Ayant déjà un esprit un peu plus mature que son frère, elle refusa poliment l'offre de la reine.

— Non, merci, je me débrouille.

— Tu es sûre?

— Oui.

Mais ce n'était pas vraiment le cas. La pauvre brosse se retrouva coincée dans ses cheveux épais. Mérida ria et se mit derrière elle pour lui prendre son arme. Elle lui proposa de s'asseoir sur le lit pendant qu'elle lui coiffait les cheveux. Ce n'était pas désagréable. Voire même tout le contraire. Zéphyr appréciait que l'on s'occupe d'elle.

— Préviens-moi si je tire un peu trop fort. Lui dit-elle.

La brune hocha la tête. Mais Mérida faisait preuve d'une grande douceur envers sa touffe. C'était plutôt facile de la coiffer. Contrairement à elle, les cheveux de la rousse étaient un vrai chantier. Elle se rappelait des moments où sa mère la coiffait, ce qui n'était jamais une partie de plaisir.

— Votre majesté?

— Oui?

— Est-ce que vous avez des enfants?

— Non. Je ne suis même pas mariée. Ria-t-elle.

— Eh bien, vous devriez.

— Et pourquoi cela?

— Vos enfants seraient sûrement les plus chanceux du monde.

La tristesse dans la voix de Zéphyr était palpable. La rousse ne voulait pas la rendre triste. Tout ce qu'elle voulait, c'était l'aider à se coiffer. Quand elle eut fini, la jeune fille la remercia avant de courir rejoindre son frère dans la salle à manger. Assise sur son lit, Mérida soupira. Ça devait être très dur de perdre sa mère à un aussi jeune âge. Elle n'osait même pas imaginer sa souffrance.

La reine se releva et se reconcentra sur son but initial. Mais ses pensées étaient toujours hantées par les paroles de Zéphyr. Cette petite était bien trop jeune pour ne plus avoir de mère. Qui serait sa figure maternelle? Qui lui apprendrait les choses de la vie? À qui elle raconterait ses problèmes? Elle ne méritait pas de souffrir autant. Zéphyr avait besoin d'une mère. Son père ne la négligeait pas, mais il y avait des choses que seule une mère pouvait accomplir.

— Mérida?

Elle se retourna vers Harold, qui venait d'entrer dans la bibliothèque pour l'aider à poursuivre les recherches. Trop concernée par le cas de Zéphyr, Mérida lâcha la première chose qu'elle avait en tête.

— Vous devriez penser à vous remarier.

Surpris par ce qu'elle venait de dire, il chancela et faillit faire tomber le plateau dans ses mains. Quelques gouttes de thé se renversèrent, mais il arriva tout de même à garder l'équilibre. Se remarier? Qu'avait-elle fait avant de venir pour arriver à cette conclusion matinale?

— Pardon? Demanda-t-il en posant le plateau sur une table.

— Je suis sûre qu'il y a des centaines de femmes qui accepteraient de se marier avec vous.

— Attendez, je ne comprends rien. Pourquoi devrais-je penser à me remarier?

La reine souffla. Elle se souciait tellement du sort de ces pauvres enfants qu'elle en finissait par dire des bêtises. Harold ne pouvait pas se trouver une femme en un claquement de doigts. Son grand amour venait à peine de mourir et ses meurtriers n'étaient pas encore sous les barreaux — ou préférablement mort, pour la reine. Elle se massa la tempe et ferma les yeux, consciente d'être allée un peu vite en besogne.

— Vous allez bien, Mérida?

— Je suis désolée, je... Oubliez ce que j'ai dit.

— Ce sera un peu difficile.

— Pitié, faites-moi plaisir et oubliez ma question.

— Et puis-je savoir pourquoi?

Encore une fois, la reine soupira et s'assit lourdement sur une méridienne. La journée avait à peine commencé que sa tête était déjà pleine. Harold s'assit près d'elle, voulant savoir ce qui la tracassait.

— Vous ne m'avez pas l'air bien. Dit-il.

— Je m'excuse. C'est votre fille.

— Est-ce que Zéphyr a fait quelque chose de déplacé?

— Non non, loin de là. C'est que... Cette petite me fait de la peine. Si jeune et déjà confrontée à des problèmes titanesques. La perte de sa mère, la disparition du village, votre déplacement jusqu'ici et le changement d'environnement. C'est... C'est trop pour une enfant.

Harold baissa les yeux, mais se sentait soutenu. Mérida s'inquiétait tellement pour ses enfants qu'elle en venait à se tracasser l'esprit de bon matin. Elle était une meilleure reine que ce que les autres pensaient.

— Et si votre fille est dans un état déplorable, je n'ose imaginer celui de votre fils. Les pauvres...

— Merci de vous inquiéter pour eux.

— Et je m'excuse de vous avoir proposé une idée aussi saugrenue.

— Non, elle n'était pas saugrenue. Seulement, tout ce qui se passe est trop nouveau. Je ne m'y suis pas encore fait. Un jour, peut-être, qui sait?

Mais si ça ne dépendait que de lui, jamais il ne se remarierait. Astrid avait été l'amour de sa vie et elle le serait pour toujours. Le chef de Beurk se rappela alors de sa promesse qu'il avait fait à l'autel. Il avait juré l'aimer jusqu'à ce la mort les sépare. Mais même la mort n'a pas réussi à effacer ce qu'il ressentait pour elle. Tout ce qu'elle a réussi à faire, c'est créer un trou béant dans son cœur. Jamais il ne pourrait trouver de remplaçante pour Astrid.

En voyant la mine abattue du brun, Mérida posa une main sur la sienne. La même électricité traversa son bras et se logea dans son cœur. Harold regarda la petite main de la reine sur la sienne et sourit. Mérida était d'un très grand soutien dans sa vie. Elle avait connu presque la même souffrance que lui. C'était aimable de sa part de partager sa douleur.

— Mérida, ça vous dérangerait si je vous faisais un câlin?

Pour elle ne savait quelle raison, son cœur loupa un battement. Sa question était si soudaine qu'elle prit un moment de réflexion.

— Je vous y autorise. Après tout, nous sommes amis.

Harold esquissa un sourire et enveloppa la reine de ses bras. Appréciant la chaleur du corps du brun, Mérida posa ses mains dans son dos et sa tête sur son épaule. Ça aussi, c'était quelque chose de nouveau pour elle. Tout était nouveau depuis... Harold. Elle se sentait comme revivre et sentait qu'elle n'avait pas tout perdu finalement. C'était assez absurde, mais Mérida ne sentait plus ce vide en elle. C'était une sensation merveilleuse de se sentir pleine.

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