Le feu. Les hurlements. L'odeur du sang. C'est tout ce qui entourait Harold. Le chef de Beurk ne savait plus où donner de la tête. Entre donner des ordres à ses soldats et combattre l'envahisseur, il pensait qu'il allait y passer. En parlant d'envahisseur, Harold ne pouvait en croire ses yeux. Ses ennemis n'étaient pas normaux. Il en avait vu des combattants dans sa vie. Mais jamais il n'a eu à affronter de tels adversaires. Ils étaient insaisissables comme le vent. Rapides comme l'éclair. Précis comme une piqûre d'abeille.
Harold avait l'impression de se battre contre des ombres. Il ne pouvait pas voir le visage de son adversaire, caché sous un casque de bronze. Il ne pouvait pas discerner s'il dégageait une aura noire et maléfique ou si c'était la fumée émanant des cabanes en feu. À chaque coup qu'il recevait, Harold tentait de lui rendre la pareille. Mais, c'était vain. L'épée du chef du village fendait la fumée. Et pourtant, son ennemi arrivait à le toucher.
C'en était presque irréel. Le feu jouait sûrement de mauvais tours à ses yeux fatigués. Et la fumée n'était pas là pour arranger ses problèmes. Harold se battait corps et âme pour défendre son village. Il tentait de rester debout, malgré la fumée étouffante et les cris de panique de ses sujets.
— Harold!!
Le cri de Rustik le fit perdre sa concentration, laissant une brèche dans sa garde. L'ennemi leva son épée et la dirigea vers le chef. Heureusement, celui-ci esquiva et l'épée se planta profondément dans le sol. Conscient de ne pas pouvoir le vaincre, Harold se replia. Il valait mieux chercher Rustik pour savoir ce qu'il lui voulait. Il préparerait un plan d'attaque plus tard. Quand il retrouva le soldat, ce dernier se tenait l'épaule. La blessure semblait profonde.
— Qu'est-ce qui se passe? Demanda-t-il.
— Nous avons perdu un grand nombre d'hommes! Plus de la moitié du village est complètement calcinée!
— Et les villageois?
— Nous essayons encore de retrouver les derniers survivants! Harold, ce n'est pas pour être pessimiste, mais je pense qu'il faut qu'on s'en aille! Ils sont en train de nous écraser!
Oui, ils étaient en minorité. Harold était conscient que s'il continuait, il allait avoir la mort de tout son village sur la conscience.
— Très bien. Replions-nous. Ramenons tout le monde au port et partons d'ici.
Rustik hocha la tête.
— Préviens Astrid en première.
Un autre hochement de tête. Le soldat s'en alla après les ordres de son chef. Quant à lui, il laissa tomber le plan d'attaque pour aller sauver ce qui restait de son village. Passant devant toutes les maisons, elles étaient toutes inhabitées et en feu. Harold ne trouvait personne sur son chemin. Les soldats avaient sûrement évacué tout le monde.
— Harold!!
La voix féminine qui venait de l'appeler semblait désespérée. Il tourna la tête et vit Kranedur, une autre soldate. La jeune femme accourut vers lui le plus rapidement possible et quand elle arriva, elle souffla bruyamment.
— Astrid n'est pas chez vous!
— Quoi?!
Astrid n'était pas à la maison? Harold aurait dû le voir venir. Sa femme était une vraie tête de mule. Il aurait parié qu'elle n'aurait pas respecté son ordre. Qui sait où elle pouvait être. Avec les ennemis intouchables qui prenaient beaucoup plus de terrain, elle était sûrement en danger. Chose qu'il n'espérait pas. S'il arrivait quoi que ce soit à Astrid, il ne se le pardonnerait jamais.
Courant de toute ses forces, Harold rejoignit sa maison. Il courut jusqu'à en perdre haleine et arriva finalement devant sa maison à moitié en feu. Il n'eut pas le temps de contempler les dégâts, s'inquiétant plus pour sa famille. Le chef fonça tête baissée dans les flammes, ignorant les cris de son amie. Il fallait qu'il sauve sa femme et ses enfants. C'etait tout ce qui lui restait.
Il avait déjà tout perdu. Son père. Son meilleur ami. Et quand il commençait à se reconstruire et à être heureux, des personnages étranges venaient attaquer son village. Il n'allait pas autoriser qu'on lui prenne tout encore une fois. Sa famille était toute sa vie. Il ne pourrait pas survivre si Astrid et leurs enfants venaient à disparaître. Harold courut dans les couloirs de la maison, le cœur battant. Où étaient-ils?
— Astrid! Zéphyr! Nuffink!
Seul le crépitement du feu lui répondit. Personne dans la maison. Mais où pouvaient-ils bien être? Harold espérait vraiment les retrouver pour pouvoir partir. Il ne pouvait pas les laisser dans une galère pareille. Le chef appela encore une fois, mais toujours rien. Le cœur d'Harold allait lâcher. Ils ne pouvaient avoir été tués. C'était tout simplement impossible. Ils étaient sûrement en vie.
Soudain, il entendit des voix étouffées dans la maison et reconnut vite les cris de ses enfants. Il soupira de soulagement quand il se rappela qu'il y avait une trappe dans le salon. Zéphyr et Nuffink étaient là. Harold se précipita vers la trappe et tira de ses mains tremblantes la masse de bois qui faisait office de porte. Quand il finit par ouvrir la trappe, les deux enfants lui sautèrent dans les bras.
— Papa! Pleurèrent les deux enfants.
— Les enfants, où est maman?
— On ne sait pas! Elle nous a dit de ne pas bouger d'ici! Répondit l'aînée.
Une poutre s'écroula dans la maison et les enfants crièrent d'effroi. Harold les serra fort pour leur éviter de voir leur maison s'écrouler, littéralement. Il n'y avait plus de temps à perdre, il devait sauver ses enfants. À n'importe quel prix. Tremblant comme jamais, le chef de Beurk prit sa progéniture dans les bras et courut jusqu'à la sortie. Sans attendre plus, il se rua vers le port où quelques personnes se rendaient.
Arrivé sur place, il vit quatre grand bateaux. L'un d'entre eux étaient déjà en pleine mer, tandis que l'autre était en plein appareillage. Les deux derniers se remplissaient peu à peu de gens complètement paniqués. Harold s'approcha de Kognedur, ses enfants dans les bras, en pleurs.
— Tout le monde est là?
— Je ne sais pas! Je n'ai pas compté!
Harold grogna et se précipita vers le bateau. Il y déposa Zéphyr et Nuffink avant de faire demi-tour. Il n'embarquerait pas sans Astrid. Elle devait être à ses côtés. Mais en chemin vers le village, une grosse explosion retentit. Le feu consuma tout ce qui restait du bois. La poussière virevoltait dans les airs et grattait les poumons des derniers sur la terre ferme. Mais cela n'empêcherait pas Harold de retrouver sa femme. Il s'élança, mais Varek le retint.
— Non, n'y va pas!
— Mais il y a...
— Peu importe ce qu'il y a, c'est sûrement déjà de la cendre à l'heure qu'il est! Il faut qu'on s'en aille!
Pris entre l'envie de retrouver sa femme et l'envie d'évacuer l'île, Harold fit la navette entre le village en feu et les bateaux. Que devait-il faire? Il voulait retrouver Astrid. Mais pourrait-il abandonner ses sujets? Être chef sollicitait beaucoup de sacrifices. Il ne pouvait pas abandonner les beurkiens à leur sort pour satisfaire ses propres envies. Ce serait trop égoïste de sa part. Le chef ferma les poings et céda.
Il devait veiller au bien être de toute la population de Beurk. Quand les terres de l'ancien Beurk ont commencé à manquer, il devait trouver une nouvelle terre pour son peuple. Pour que les gens puissent vivre en paix. Les beurkiens ne vivraient pas en paix s'ils perdaient leur chef. Harold fit demi-tour et monta dans l'un des véhicules.
«Astrid, où es-tu?»

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Legendary
FanfictionConnaissez-vous cette légende? Celle qui a traversé les âges et qui est encore sur les lèvres des descendants. Celle qui a montré que rien ne vaut le courage et les sacrifices du cœur. La légende où deux cœurs brisés se rencontrèrent pour n'en forme...