Chapitre 21

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— Krokmou?

— Qui ça?

Le dragon noir sautillait autour de son ami, à terre. Mérida baissa son épée à la vue de l'animal, alors que Raiponce se tenait prête à attaquer, plus que jamais. Sa poêle en l'air, la reine de Corona regardait le dragon avec horreur. Et pourtant, elle avait vécu mille et un périples. L'année qui suivit sa fuite de la tour, elle entreprit un voyage pour chercher l'origine de sa magie. En route, beaucoup de choses s'étaient passées. Mais le monde ne cesserait jamais de la surprendre.

— Baissez votre arme. Il est inoffensif.

Malgré le fait qu'elle ne voulait pas, elle le fit tout de même. Elle faisait confiance à Mérida. Quand Harold fut debout, il commença à parler avec le dragon, ce qui déconcerta légèrement la brune. Anna les rejoignit rapidement après avoir fixé le gouvernail. Elle descendit en trombe, armée d'une épée.

— Vous allez bien? J'ai entendu un gros bruit.

— Oui, tout va bien. Un intrus s'est introduit dans notre bateau, mais il ne semble pas dangereux. Répondit Raiponce.

Anna assista à la scène avec ses deux autres amies et fut aussi désarçonnée que Raiponce. Harold posait des questions à la bête, et cette dernière semblait lui répondre.

— Par contre, ce qui est inquiétant, c'est la santé mentale de notre chef viking.

— Eh bien, ça ne diffère pas trop de toi. Répliqua Anna.

— Pardon? Je ne parle pas à un reptile comme si je n'avais jamais eu d'amis de toute ma vie!

— Oui, bien sûr. Et Pascal dans ce cas?

— Il... C'est...

Finalement, Raiponce posa son menton contre sa poêle, méditant sur les paroles de sa cousine. Elle n'avait pas totalement tort. En dix-huit ans, elle n'a pas eu un seul ami, hors mis le petit caméléon nommé Pascal. Et même à son âge, elle continuait de lui parler. Quand Harold fini de s'expliquer avec son dragon, ce fut avec un large sourire qu'il présenta son ami à ses camarades de voyage. Aussitôt, Raiponce se lia d'amitié avec le reptile.

— Il est adorable! Dommage que Pascal ne soit pas venu. Vous auriez pu être amis. Dit-elle en lui caressa la tête.

— En parlant de lui, pourquoi n'est-il pas collé à toi? Demanda Anna.

— Pascal a trouvé l'amour de sa vie et a fondé une famille. Il est assez occupé pour l'instant.

— Félicitations.

Raiponce sourit. L'ambiance était plutôt joyeuse. Krokmou avait été accepté dans le groupe et tout le monde l'aimait. Il était impossible de ne pas aimer une créature pareille. Grâce à lui, les feux du bateau étaient toujours allumés quand la nuit tomba. Après une courte pause, tout le monde retourna à son poste. Harold restait près d'Anna pour lui indiquer les démarches à suivre. Mérida était avec eux, feuilletant le livre de Raiponce en quête d'indices sur le chemin à prendre. Et heureusement, il n'y avait pas de poème à décrypter. (Parce que l'auteur de ce livre est nulle en poésie 😁)

— Si je comprends bien ce qui est inscrit dans ce livre, nous devons suivre la direction montrée par la constellation de la Croix du Nord. Lança Mérida.

Harold acquiesça et sortit une autre carte de sa sacoche. Il s'aida de la lumière d'une lampe pour mieux voir ce qui était inscrit.

— Mérida, vous pouvez m'aider, s'il-vous-plaît?

La reine ne se fit pas prier deux fois avant de lui tenir la lampe. Ensuite, il regarda la carte de haut, la mettant dos au ciel. Mérida leva un sourcil. Ce n'était pas une façon habituelle de tenir et regarder une carte.

— Que faites-vous? Demanda-t-elle.

— Je cherche la constellation du cygne.

— Avec une carte?

— Une carte du ciel, oui. Grâce à elle, je peux retrouver facilement la constellation du cygne.

Comprenant que c'était un domaine qu'elle ne métrisait pas, Mérida préféra se taire et l'observer regarder le ciel noir à travers une feuille. De temps à autre, Harold regardait sa boussole et notait des choses sur d'autres cartes.

— J'ai trouvé la constellation. Mais la tête du cygne est tournée vers le Sud. Cela voudrait dire que l'on doit faire demi-tour?

— Non. Répondit Mérida en lisant la suite sur les pages du livre. La tête du cygne est effectivement tournée vers le Sud car elle montre le déplacement de cet oiseau migrateur du Nord vers le Sud. Ce n'est pas la direction de sa tête qu'il faut suivre, mais celle de sa queue.

Rectifiant ses erreurs, Harold trouva finalement la direction qu'il fallait prendre et l'indiqua à Anna. Quand la fatigue se fit ressentir, Raiponce et Anna prirent une pause et Mérida et Harold prirent le relai jusqu'à l'aube. Quand le soleil commença à montrer ses rayons, les étoiles disparurent. La constellation du cygne n'était plus visible et ils devaient avoir une boussole sur eux pour ne pas se perdre en mer. Le silence était roi, accompagné de l'odeur de l'océan. Les deux souverains profitaient de ce début de matinée en discutant.

— Dites-moi Mérida, pourquoi n'êtes-vous pas mariée?

La rousse leva la tête du livre quand il lui posait cette question.

— Le mariage ne m'a jamais vraiment fait envie.

— Vous voulez donc dire que vous n'avez jamais aimé qui que ce soit?

— Oui.

— Et pourtant, vous êtes une femme très attirante, sans vouloir être grossier.

— Je vous remercie. Mais, je suis mieux seule. Avoir une attache, c'est montrer une faiblesse que l'ennemi peut toucher, sans vouloir être méchante avec vous.

— Ce n'est rien. Chacun peut avoir sa définition de l'amour.

— Vous avez raison. Et puis, qui voudrait d'une trentenaire comme moi?

— Attendez, vous avez trente ans? Demanda-t-il, presque sous le choc.

— Eh bien, oui. Pourquoi cela vous étonne-t-il autant?

— J'aurai juré que vous en aviez vingt-sept.

Mérida éclata de rire. À la barre, Harold esquissa un sourire content. Mais pour briser cet instant, Raiponce accouru vers eux, sa longue-vue en mains. Quand elle arriva, elle était essoufflée. C'était comme si elle venait de courir un marathon.

— Des pirates. Dit-elle de but en blanc.

— Quoi? S'exclamèrent Harold et Mérida.

— Ils approchent de nous.

Mérida laissa tomber sa lecture et rangea le tout au cas où ces voleurs tenteraient de s'en emparer. Harold fixa le gouvernail et alla aider la Reine Ours. Il ne fallait pas perdre le cap. Quand il arriva près de la cale, Krokmou grognait tandis qu'Anna tenait son épée. Devant eux, le bateau pirate ne cessait de s'approcher. De là où ils étaient, ils pouvaient percevoir des rires, ainsi que le pavillon du navire. Le drapeau noir arborait un crâne blanc au-dessus de deux os se croisant. Il n'y avait aucun doute, c'était des pirates.

— Ohé du bateau! Lança une voix grave.

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