Chapitre 11

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Après la réunion, Harold se retira dans sa chambre pour cogiter sur tout ce qui avait été dit. Il n'avait quitté Beurk que de très rares fois, donc ces informations étaient un peu difficiles à gérer pour lui. En à peine quelques jours, il avait découvert une armée maléfique et autres sortes de magies. Lui qui pensait que les dragons étaient les seuls êtres magiques de la terre.

La nuit étant tombée, le château était calme. Il n'y avait plus un seul bruit dans les couloirs, hors mis les pas des gardes qui surveillaient. Tout le monde dormait à poings fermés, sauf Harold. Lui préférait réfléchir sur une façon de découvrir qui était cette armée fantôme. Les livres qu'il avait sur Beurk ne faisaient pas mention d'une telle magie. Peut-être pourrait-il trouver quelque chose dans la bibliothèque de ce palais?

Une faible lumière attira soudainement son attention. À travers sa fenêtre, le chef de Beurk pouvait voir un léger halo de lumière bleu dans les ténèbres de la nuit. Qu'est-ce que c'était? Curieux, il ouvrit la fenêtre et plissa les yeux, mais la nature de cette lumière bleue lui était toujours inconnue. Peut-être était-ce du feu? Mais ce serait impossible. C'était une lumière qui flottait sur l'herbe.

Voulant savoir de quoi il s'agissait, il sortit de sa chambre. Il n'y avait pas âme qui vive dans les couloirs, ce qui lui facilita le trajet jusque dehors. Quand il arriva dans les cuisines, il prit la porte des employés pour ne pas faire se faire attraper dans le grand hall. Et bientôt, il la vit. Elle était aussi petite qu'un chaton dans les premiers mois de sa vie. Aussi brillante qu'une torche enflammée.

Plus il se rapprochait, plus il pouvait voir la lumière. C'est dernière semblait vivante. Sa tête était la plus grande partie de son corps. Le tronc était petit et ses deux bras battait lentement dans les airs comme des ailes. Ce n'était pas une lumière. C'était une créature étrange, jamais connue du chef de Beurk. Elle semblait lui murmurer des choses dans un souffle.

«Par Thor, qu'est-ce que c'est?» se demanda-t-il.

Voulant en savoir plus sur cette nouveauté, il se rapprocha lentement, de peur d'effrayer la créature. Il s'avança pas à pas, levant une main, tentant de la toucher. Les petits bras de l'être bleu semblaient lui signaler de le suivre.

— Ne le touchez pas!

Harold sursauta quand Mérida arriva sur place. Il retira immédiatement sa main et se retourna vers la reine. Cette dernière tenait son arc et pointait une flèche vers lui. Harold leva les mains.

— Ce n'est que moi, baissez votre arme.

— Ce n'est pas vous que je vise. C'est cette chose.

Mais ladite chose ne semblait pas du tout effrayée par l'arme de la reine. Mérida laissa filer la flèche, qui se planta dans l'herbe après que la créature se soit évaporée. Le brun fut ébahi devant cet étrange phénomène, tandis que la reine soupira. Elle baissa son arme et la lumière bleue réapparut un peu plus loin.

— Qu'est-ce que c'est? Demanda Harold.

— Un feufolet.

— Vraiment?

— Ce sont des créatures qui prétendent nous guider vers notre destin.

— Mais ce n'est pas ce qu'ils font?

— Ces abominations nous mènent directement à notre perte. C'est ce qui m'est arrivé il y a douze ans. Je me suis toujours demandé si c'était possible de les tuer. Mais apparemment, non. 

Une ligne de plusieurs feufolets se forma et sortit du domaine. Même si Mérida les détestait pour l'avoir guidé jusqu'à cette sorcière il y a douze ans, elle devait quand même avouer que c'était en partie grâce à eux que ses relations avec sa mère s'étaient améliorées. Et là, ils voulaient encore lui montrer le chemin. Pour aller où cette fois? La reine voulait ne pas les suivre pour ne pas se retrouver dans un guêpier, mais la curiosité semblait l'emporter sur son entêtement.

— Ne devrait-on pas les suivre? Demanda Harold.

— Nous devrions, oui. Mais rien ne nous assure qu'ils ne vont pas nous mener dans la grotte d'un ours.

— Il n'y qu'un seul moyen de le savoir.

Le brun prit les devants et à chacun de ses pas, les feufolets disparaissaient. Il comprit vite le principe et se contenta de suivre le chemin qu'ils traçaient pour lui. Il aimerait bien savoir quel était son destin. Jamais de sa vie il n'avait rencontré des créatures ayant le pouvoir de connaître son avenir. Derrière lui, Mérida grogna. Elle aussi avait envie de savoir pourquoi ces feufolets étaient-ils apparus. Et surtout, après la réunion.

Les deux souverains traversèrent le pont de pierre avant de s'enfoncer dans la forêt, sous l'éclairage de la lune et des étoiles. La ligne de feufolets allait plus loin dans la forêt et Mérida commençait à perdre patience. Jusqu'où allait-ils la mener? Ils n'avaient pas intérêt à la conduire dans les ruines où Mordu l'avait attaqué. Elle n'avait pas envie de se battre contre un ours. De plus, le brun devant elle n'était pas armé. Il se ferait dévorer en un rien de temps.

— C'est une véritable perte de temps. Rentrons. Proposa-t-elle.

— Vous ne voulez pas savoir où les feufolets nous mèneront?

— Non.

Harold lâcha un rire. Mérida était une reine atypique. Elle n'était pas habillée en robe toute la journée et savait se battre. Elle était aussi directe et honnête que belle. Il fallait l'avouer, la Reine Ours n'avait rien d'un ours physiquement. Sa peau pâle et parsemée de tâches de rousseur lui donnaient un certain charme. Elle était grande et mince. Bien plus d'un homme serait tombé sous ses charmes.

Les réflexions du brun se coupèrent quand la ligne de feufolets s'arrêta à quelques mètres d'une vieille cabane. Par la fenêtre, il pouvait voir que la lumière était encore allumées. Quand à Mérida, elle reconnu l'endroit. Et elle maudissait les feufolets pour l'avoir guider jusque là.

— Je savais que c'était une mauvaise idée de les suivre.

— Pourquoi dites-vous cela?

— Ce n'est pas n'importe qui qui habite dans cette cabane. C'est une sorcière.

À cette information, Harold aurait également préféré ne pas suivre les petites créatures. Les sorcières n'avaient pas de très bonnes réputations. Il ne voulait pas se faire maudire et passer le restant de ses jours dans la peau d'une grenouille. Rien que cette pensée lui donna des frissons. Pourquoi est-ce que les feufolets l'avaient mené là? Peut-être qu'en fin de compte, la reine avait raison. Ces êtres allaient le mener à sa perte.

Toujours en train de regarder discrètement la petite maison, les deux souverains sursautèrent quand la porte s'ouvrit sur une vieille dame. Elle secouait un tapis, tandis que son balai faisait sortir la poussière tout seul. Harold laissa échapper un cri d'étonnement, mais Mérida posa sa main sur sa bouche. Malheureusement, la vieille dame les avait entendu.

— Qui est là? Demanda-t-elle de sa voix gutturale.

Les deux intrus tentaient de rester cachés, mais le balai les retrouva vite et les poussa grâce à son manche. Harold et Mérida se firent jeter dans la poussière, aux pieds de la vieille dame. Cette dernière avait les mains sur ses hanches, un sourcil levé devant les deux espions. Ses yeux s'ouvrirent grands quand elle reconnu une de ses clientes qui avait mis la pagaille dans le royaume, douze ans auparavant.

— Bonjour, princesse! Ou devrais-je plutôt dire, votre majesté?

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