Chapitre 6

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De retour sur les terres de Dunbroch, ce n'était pas la grande joie. Voire même tout le contraire. Zéphyr et Nuffink furent ceux qui avaient pleuré le plus. La nuit n'avait été tranquille pour personne. Tout le monde portait le deuil de l'épouse du chef. Mais le chef, quand à lui, devait mettre de côté ses états d'âme et se concentrer sur le sort de son peuple.

Il devait encore se rendre au palais de la reine pour demander l'asile. Mais son devoir ne s'arrêtait pas là. Harold se mit en tête de retrouver les meurtriers de sa femme et de les faire payer. Peut-être qu'il serait dans les grâces de la reine si il s'y prenait bien. Si il avait le soutien de la Reine Ours, il pourrait retrouver ces assassins assez vite. Il se devait de rendre justice. Et pour cela, il fallait commencer par discuter avec la reine de Dunbroch.

- Rustik, Varek, avec moi.

Les deux soldats quittèrent le petit campement, suivant leur chef. Il entrèrent dans la forêt, sans savoir où aller.

- Où est-ce qu'on va comme ça? Demanda Rustik.

- Voir la reine.

- La reine! Tu veux dire La Reine Ours?! Paniqua Varek. Mais tu n'y penses pas! Elle va nous faire tuer!

- Pas si nous lui signalons notre venue.

- Quoi, t'as peur? Le taquina Rustik.

- Figure-toi que oui, j'ai très peur. C'est une reine pas comme les autres. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle La Reine Ours!

- Tu t'inquiète pour un rien. Je suis sûr qu'elle n'est pas aussi monstrueuse que ça.

- Tu feras moins le malin quand elle te coupera en morceaux.

Mais Harold ne les écoutait pas. Il essayait de trouver une sortie dans cette vaste forêt. Il se demandait même si ils ne tournaient pas en rond.

- Pourquoi on a pas pris Kranedur et Kognedur avec nous? Nous sommes des cibles tellement faciles à avoir. Avec eux, ça aurait été moins effrayant.

- Nous venons en paix, Varek. Dit le chef. Si nous débarquons dans le palais avec ces deux-là, ce sera un allé simple pour la tombe.

- Tu as peut-être raison.

Un craquement de brindille les fit s'arrêter. Les trois hommes guettèrent les alentours, tenant fermement leurs armes. Il pourrait s'agir d'un ours, vue toutes les légendes qu'ils avaient entendus sur le royaume de Dunbroch. Mais rien ne semblait se profiler à l'horizon. Ils avaient beau regarder dans tous les sens, rien n'apparaissait sous leurs yeux.

- Je dois quand même admettre que cet endroit file la chair de poule. Constata Rustik devant le silence effrayant de la forêt.

Plusieurs légendes venant de ces terres avaient été contés dans plusieurs royaumes. Comme par exemple, celui d'un homme qui voulait la force de dix hommes et qui a fini ses jours en ours féroce. Ou encore, l'existence d'esprits qui guidaient les voyageurs vers leurs destins. On les appelait les feufolets. Ces créatures ne montraient pas souvent une route faite de pétales de roses. Harold n'avait aucune envie de croiser une seule de ces choses.

D'autres craquements les firent sursauter. Cette fois, ils n'étaient plus seuls. Des hommes habillés en kilt sortirent des ombres, armés de lances. La petite troupe de Beurk fut vite encerclée. Devinant aussitôt qui étaient ces soldats, Harold déposa son arme à terre et leva les mains en l'air. Ses amis furent étonnés de son acte. Mais avec le regard que leur chef leur lançait, ils avaient compris qu'ils devaient faire exactement comme lui. À contre-cœur, les deux beurkiens déposèrent leurs armes dans l'herbe et levèrent le bras.

- Nous venons en paix! Lança Harold.

Mais les soldats en kilt ne semblaient pas convaincus, serrant fermement leurs lances et leurs épées.

- Je suis Harold Horrib Haddock, le chef de Beurk. Nous venons voir votre reine pour lui demander l'asile.

Son argument semblait tenir la route car un homme de la troupe avança vers eux. il planta le bout de sa lance dans le sol, soutenant le regard d'Harold.

- Suivez-moi. Ordonna-t-il.

Et sans rechigner, Harold baissa les bras et suivit le soldat. Aussi méfiants que leur reine, les hommes encerclèrent encore les beurkiens tout en marchant vers le château. Leur périple dura quelques heures, montrant à Harold qu'ils avaient pris le mauvais chemin. Le soleil déclinait déjà, colorant le ciel d'une teinte orangée. De toute sa vie, Harold n'avait jamais vue un paysage aussi luxuriant. Il était habitué à un environnement glacial et inhospitalier.

Comment est-ce qu'un aussi bel endroit pouvait être gouverné par une reine aussi effrayante? Harold suivait toujours les soldats tout en admirant les arbres. Les rayons du soleil couchant filtrait entre les feuilles, offrant un très beau tableau. Même Rustik et Varek furent émerveillés par les lieux. Alors qu'il ne restait plus que quelques rayons de soleil, ils arrivèrent à un pont de pierre. Ce dernier était éclairé de chaque côté par des torches. Soudain, une question frappa Harold: où était la ville? Et les villages? Depuis son arrivée, II n'avait croisé aucune maison.

Il n'eut pas plus de temps pour cogiter qu'ils furent devant des portes en bois géantes. Les seules personnes qu'ils croisèrent étaient les servants dans le palais qui passaient dans cette cour. Un garde était posté à l'entrée et barrait la route aux nouveaux arrivants. Celui qui avait pris la parole dans les bois murmura des choses à son collègue et ce dernier hocha la tête. Il leur donna le dos avant d'ouvrir en grand les deux portes du palais.

Fait de pierre à l'intérieur comme à l'extérieur, le palais de la reine de Dunbroch était éclairé par des dizaines de torches accrochées aux murs. Un lustre en bois pendait au plafond, décoré de plusieurs bougies. Une bâtisse pareille ne prendrait sûrement pas feu facilement. Harold et sa troupe entrèrent dans le grand hall et s'arrêtèrent à quelques mètres d'une estrade où siégeait un trône. Dessus était assise la seule et l'unique Mérida de Dunbroch, alias la Reine Ours.

Poser les yeux sur cette femme suffit à envoyer des frissons chez Harold. Elle était droitement assise sur son trône de pierre, les genoux croisés et les mains posées sur chaque accoudoir. Comme le disait les rumeurs sur elle, c'était une reine atypique. C'était la seule qui refusait de porter des robes. Mérida n'était pas habillée comme toutes les reines qu'ils avaient vus. Et on pourrait même juger sa tenue de vulgaire si elle n'était pas une des reines les plus puissantes du monde (Mérida en média).

Près d'elle se tenaient ses frères, aussi imposants qu'elle. Même Rustik avait arrêté de jouer les durs, voyant à qui il avait affaires. Ces hommes-là étaient deux fois plus grands et musclés que lui. En un tour de poignet, l'un d'eux arriverait sûrement à lui tordre le cou. Et dire qu'il pensait qu'il était fort et musclé. Ces trois armoires à glace étaient bien plus que cela. Leurs expressions austères faisait plier n'importe qui sous leurs ordres.

- Votre majesté! Venu des terres du Nord, chef de Beurk, Harold Horrib Hardrock!

Les trois beurkiens tournèrent vers le soldat, ahuris. Mais le moment était un peu mal choisi pour rire. Devant l'erreur du serviteur, le garde lui murmura encore une fois ce qu'il devait dire.

- Oh... Pardon. Venu des terres du Nord, chef de Beurk, Harold Horrib Haddock.

Le première chose que fit Harold fut de mettre un genou à terre, en signe de respect. Les autres ne purent que suivre le mouvement.

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