Legendary

Chapitre 45

Harold fut obligé de soulever Anna pour qu'elle ne reste pas assise par terre. Il tenta également de lui parler pour lui faire entendre raison. Elle ne devait pas rester là sans rien faire, attendant de se faire tuer. Le sacrifice de Raiponce n'aurait servi à rien.

— Allons-y, Anna! On doit y aller!

— Rai... Raiponce...

— Levez-vous, nous devons impérativement arranger tout ça! Sa mort ne sera pas vaine si nous atteignons notre but!

Reprenant enfin conscience qu'elle devait faire honneur à sa cousine, la reine d'Arendelle se leva et suivit les deux souverains vers le pilier lumineux. Elle s'empêcha de repenser à toutes les choses qu'elles avaient vécu ensemble, avec Raiponce. Sa cousine était venue à son couronnement et elles s'étaient bien amusées. Les soirées jeux avec Elsa n'en finissaient pas. Plus jamais elle ne reverrait le sourire de la blonde. Plus jamais elle ne l'entendait rire et faire des plaisanteries. La dernière image qu'Anna garderait de sa cousine serait l'expression vide de son visage, ainsi que la flaque de sang dans laquelle son corps gisait.

Que ne donnerait-elle pas pour la revoir encore une fois? Anna serait capable du pire pour pouvoir retrouver Raiponce et toutes les choses qu'elles avaient partagé. En dehors d'elle et Elsa, Anna n'avait personne. Oui, Kristof était là, mais ce n'était pas comparable à la présence de la famille de sang. La reine d'Arendelle était prête à faire payer Jack Horner au centuple. Il allait regretter d'avoir osé faire tuer Raiponce.

Quand elle chassa ses souvenirs douloureux, ils étaient déjà arrivés devant le pilier. Sans plus de cérémonie, ils entrèrent à l'intérieur et y découvrirent un saule pleureur au milieu. Les branches descendaient vers le bas et les feuilles étaient immobiles, signifiant l'absence totale du vent. Les lieux semblaient si tranquille et ils n'entendaient pas les pas de l'armée fantôme. Mérida s'approcha alors de l'arbre vieux de plusieurs années. Trois tâches noires contrastaient avec le bois marron de l'arbre. Des tâches de sang. Le sang de ses parents, ceux de Raiponce et d'Astrid. Le cœur de la reine se serra en repensant à ses géniteurs morts par la faute de Jack Horner.

De fins filets de lumière glissaient entre les sillons de l'arbre jusqu'à ses feuilles. Mais une partie du végétal n'arborait pas ces fils dorés. Il attendait peut-être l'arrivée de la dernière clé avant de s'ouvrir et de dévoiler la magie. Mérida l'avait trouvé. Elle pouvait enfin détruite cette armée des ténèbres et ressusciter Raiponce. Car cette magie pouvait changer le cours des choses. Elle pouvait interférer dans le temps proche et modifier la nature. Pour ses parents, il était trop tard. Ils ne pourraient plus revenir à la vie. Mais Raiponce, si. Si la rousse avait ce pouvoir, elle pourrait tout remettre en ordre. Il lui fallait juste un peu du sang d'Anna.

— Anna, vous pourriez...

Schlang!

Ce bruit. Ce bruit la ramena quelques minutes plus tôt. À l'instant où Raiponce fut sauvagement abattue. La Reine Ours se figea et ses mains se mirent à trembler. Lequel de ses compagnons avait subi le même sort? Des sueurs froides coulèrent le long de sa nuque, appréhendant l'image horrible qu'elle verrait si elle se retournait. Puis, une goutte chaude tomba sur son front et ce fut en un craquement des os de sa nuque qu'elle releva la tête, effrayée. Une lame s'était plantée dans le tronc d'arbre, un liquide qu'elle ne connaissait que trop bien suintant vers ce dernier.

Une autre goutte tomba sur son front et un mouvement derrière elle la fit réagir. Immédiatement, elle se retourna pour voir un homme de dos devant elle, l'épée ayant perforée son abdomen. Mérida reconnaîtrait cet homme parmi mille autres hommes. Et elle avait l'impression que son cœur avait été transpercée par cette même épée en même temps. La lame sortit du corps pour que son possesseur pousse Harold d'un coup de pied. Il ne fallait pas plus pour que la rousse se précipite à son chevet.

Les larmes ne s'arrêtèrent plus, alors qu'elle posa la tête du brun que ses genoux.

— Pourquoi as-tu fait cela?! Demanda-t-elle.

— Pour te protéger...

— Tu ne te soucie dont pas de ce qui pourrait t'arriver?!

Le brun leva difficilement sa main ensanglantée pour la poser sur la joue trempée de Mérida.

— Je me soucie plus de toi que de moi... Je ne... ne voulais pas te voir blessée.

— Mais je suis blessée! J'ai mal! Mal parce que tu ne fais que t'attirer des ennuis! Et j'ai peur de te perdre comme j'ai perdu mes parents!

— Mérida... Je veux voir un sourire sur tes lèvres avant de mourir.

— Espèce de fou!

Dans le tumulte de ses émotions, Mérida perçu tout de même les cris d'Anna qui se battait pour qu'on la relâche. Et c'était peine perdue car ils étaient plus forts et plus nombreux. À peine la rousse eut-elle relevé la tête qu'une épée fondit sur Anna. Et sans que la Reine Ours n'ait pu réagir, la tête de la reine d'Arendelle s'envola et atterri par terre dans un bruit sourd. Cette fois, tous les espoirs de Mérida s'écroulèrent. Ses iris tremblants restaient fixés sur le visage de la reine d'Arendelle. Son regard était aussi comme ceux de Raiponce : vitreux. Mort. Et pendant qu'elle regardait ce spectacle morbide, Harold avait rendu l'âme.

La reine de Dunbroch n'eut même pas la force de crier. Seules ses larmes marquaient sa tristesse et son désespoir. Seules ces perles salées s'exprimaient pour son cœur. La vision brouillée, elle réussi tout de même à distinguer la silhouette de Jack Horner se diriger vers l'arbre, une épée sanglante en main. Il laissa tomber une goutte de sang sur le bois et tout le tronc se stria de fines lignes lumineuses. Le tronc d'arbre se tordit pour laisser place à un trou où une lumière brillait. Horner s'en saisit et brandit son trophée.

— Oui, je l'ai! J'ai toute la puissance du monde dans le creux de ma main! Plus rien ni personne ne pourra aller contre moi, car je serai le maître de tout!

La boule de verre lumineuse dans sa main ne cessait de scintiller et même l'armée fantôme resta droite, subjuguée par elle. Après qu'Horner eut fini d'admirer son trésor, il se pencha pour ramasser l'amulette qui était tombée des mains d'Harold. Il fouilla dans sa poche pour en sortir une feuille jaune pliée en deux. Quand il la déplia, Mérida comprit qu'il allait prononcer une formule qui libérerait l'être maléfique.

— Un marché est un marché. Tu m'as aidé à obtenir ce que je voulais, alors je vais te rendre ta liberté.

Il lu le texte écrit en une autre langue et la pierre de l'amulette vira au noir. Puis, de la fumée en sortit. Cette dernière semblait se mouvoir pour laisser apparaître un squelette recroquevillé sur lui-même. Au fur et à mesure que la fumée grandissait, les os se murent et ils furent entourés par elle. Bientôt, deux bras apparurent de la fumée, puis un corps, et finalement, une tête. La fumée se dissipa et une longue robe toucha l'herbe.

— Après plus de soixante ans enfermé dans cette amulette, me revoilà enfin...

La rousse ne pouvait en être sûre, mais cet homme était très grand. Il atteignait peut-être les deux mètres et était tout vêtu de noir. Son teint était gris comme la cendre et ses yeux, jaunes comme l'ambre. Et pour la première fois de sa vie, Mérida abandonna le combat.