Chapitre 13

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Dès que le soleil fut visible dans le ciel, Mérida et Harold prirent un bateau. Le voyage jusqu'à Beurk serait sûrement long, alors ils prirent des vivres avec eux. Harold aida également la reine à trouver une tenue adéquate. Le fait que Beurk avait été détruit ne le rendait pas plus chaleureux qu'avant. Le temps était toujours aussi glacial. Même si les beurkiens avaient quitté leurs terres pour une autre, la saison était toujours la même.

Mérida porta donc l'accoutrement viking qui contrerait un minimum le froid. Elle était bien heureuse de ne pas être née dans les terres du Nord. Jamais elle ne pourrait supporter de porter de tels habits à longueur de journée. D'autant plus qu'elle avait chaud. Et sa touffe rousse n'était pas là pour aider. Elle se demandait même comment Harold tenait dans ses vêtements. En chemin vers le bateau, elle souffla une énième fois, mécontente de ses habits. Sur le bateau, Harold l'observait, amusé.

— Ces choses sont insupportables. Grommela-t-elle en montant sur le bateau.

— Je vous assure que ces habits seront indispensables là où nous allons.

— Je le sais. Mais là, c'est vraiment pénible.

Quelques minutes plus tard, ils quittèrent le port et se dirigèrent vers le Nord, aidés d'une carte. Le début du voyage avait été un supplice pour la reine. Elle sentait qu'elle allait mourir sous ces couches de vêtements. Et leur périple ne semblait pas s'accélérer, vue l'expression concentrée du chef de Beurk sur ses feuilles.

Harold gardait la tête baissée sur la carte, un outil en main pour mesurer les distances. Avec leur cadence, ils n'arriveraient pas sur Beurk avant trois jours. Avec de grands bateaux, ça aurait été plus facile. Ils auraient fait la route en une journée. Mais ce n'était pas aussi simple avec celui qu'ils avaient pris. À quelques mètres de lui, la rousse tenait le cap. Avec sa boussole, elle était sûre de ne jamais perdre le Nord.

En la regardant, Harold aurait bien aimé en savoir plus sur elle. C'est vrai, il ne savait rien de cette femme. Il ne la connaissait que de nom et de réputation. Le chef de Beurk se posa des milliers de questions sur elle. Avant de devenir reine, elle a sûrement été quelqu'un d'autre. Avait-elle été une jeune fille sage et obéissante? Ou une rebelle? Les questions lui démangeaient la gorge. Mais en regardant les étoiles apparaître dans le ciel, il décida de lui demander. Il ne fallait surtout pas qu'elle s'endorme.

— Racontez-moi un peu votre vie. Commença-t-il.

— Ma vie?

— Oui. Vous avez sûrement été quelqu'un d'autre avant de devenir reine. Vous aviez sûrement des rêves avant tout ça.

— Effectivement, oui. Je n'ai pas toujours été une personne si dure.

— Alors?

Mérida soupira.

— Je préfère ne pas en parler.

— Et pourquoi cela?

— Vous vous moqueriez sûrement de la jeune effrontée que j'étais.

— Je ne le ferai pas, c'est promis.

La rousse leva un sourcil et le brun lui donna un sourire sincère. Qu'est-ce qu'elle avait à perdre, après tout? Ce serait bien de discuter avec quelqu'un pour ne pas s'endormir.

— Je n'ai jamais pensé à être reine. Ma philosophie était de vivre dans l'instant présent et que notre destin nous appartenait. Le futur n'était rien sans que nous agissons.

— Et que planifiez-vous d'être?

— Je n'y ai jamais réfléchi. Tout ce que je voulais, c'était vivre pleinement ma vie. 

— Ensuite?

— Je n'étais pas très obéissante. Ma mère devait tout le temps me rappeler à l'ordre. Je passais mes journées de libre à cheval dans les bois. Et ça m'a apporté quelques ennuis.

— Comme quoi?

Mérida raconta à Harold le mariage arrangé que sa mère avait organisée, ainsi que son entrevue avec la sorcière. Elle lui fit part de la transformation de sa mère en ours et du combat final dans le cercle de pierres. À cet endroit gisait le corps de Mordu, écrasé sous un rocher.

— J'aimerai bien y aller faire un tour. Commenta-t-il.

— Parce que vous pensez que c'est un patrimoine culturel, peut-être?

— Non, bien sûr. Ce serait bien trop glauque.

— Et vous?

Harold lui raconta comment il était avant d'avoir rencontré les dragons. Il lui raconta les milles et une péripéties qu'il a eu avec un fameux Fury Nocturne, ainsi que son histoire avec Astrid. Vint ensuite l'arrivée de Drago Poingsanglants qui voulait avoir le contrôle sur tous les dragons. Cette histoire-là s'était terminée par la mort de Stoïck. Et finalement, il décrivit le monde caché où vivait son cher ami, le Fury Nocturne.

— Et nous avions organisé une fête ne l'honneur de notre alliance avec les dragons il n'y a pas longtemps.

— Sont-ils restés sur Beurk?

— Non. Ils sont repartis chez eux. Les familles de dragons se sont multipliées et le nouveau Beurk n'était pas assez grand.

— Votre histoire est passionnante. On pourrait en faire un roman.

— Qu'est-ce que vous racontez? Ria-t-il.

— C'est vrai. Un adolescent qui vit des aventures avec son dragon et qui fini marié à son amour d'adolescence. C'est beau comme histoire.

Harold sourit. La reine n'était pas comme on lui avait raconté. C'était une personne à l'écoute et sociable. Drôle aussi. Pour il ne savait quelle raison, Mérida lui rappelait sa défunte épouse. Certes, elles étaient différentes, mais il y avait quelque chose qui les rendait presque identiques. Elles étaient toutes les deux fortes de déterminées. Cette pensée renvoya Harold quelques jours avant.

Ce fut le dernier jour où il vit Astrid. La dernière fois où il la prit dans ses bras. Il n'a pas pu lui dire un dernier mot d'amour avant qu'elle ne meurt. C'était trop injuste selon lui. Mais c'était son destin. Voyant que le brun avait arrêté de faire la conversation, Mérida décida de prendre la parole.

— Vous allez bien?

— Oui. C'est juste que... Je repensais à Astrid.

— Qui ça?

— Mon épouse.

— Oh. Comment était-elle?

— Belle. Très belle. Forte aussi. Elle n'avait peur de rien ni de personne. Un peu comme vous.

À cette parole, Mérida se sentit rougir. Jamais de sa vie on ne lui avait dit qu'elle était belle. Oui, sa mère le lui disait, mais jamais un homme ne lui avait dit cela. Même pas ses prétendants. Elle sourit au brun en guise de remerciement. Elle ne savait pas quoi répondre à cela.

— Par contre, elle n'a jamais changé sa mère en ours.

— Je savais que vous alliez vous moquer.

— Pardon, mais c'est assez drôle. Comment n'aviez-vous pas vu qu'il y avait une entourloupe dans cette histoire de gâteau? Il y avait tous les signes dans sa maison.

— Seriez-vous en train de me traiter de stupide?

— Bien sûr que non.

La tension avait disparue. Tous les deux se sentaient à l'aise. Mérida n'avait jamais été aussi bien avec quelqu'un. Elle aurait aimée avoir rencontré Harold plus tôt. Ils seraient devenus de bons amis.

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