En chantier

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8h30. Fais chier. On commence à 9h. J'ai presque pas fermé l'œil de la nuit et, au moment où j'ai enfin commencé à m'assoupir, j'ai oublié de mettre mon réveil. J'accours vers la salle de bain, tente tant bien que mal de faire disparaître la rougeur de mes yeux, et m'habille avec les premiers vêtements que je trouve en ouvrant l'armoire. Pfff. Je m'étais promis de bien commencer l'année. Si ma youm n'avait pas décidé d'annoncer son grand retour la veille, ça ne serait pas arrivé.

- Dis Siri, envoie un message à Timothée.

- Désolé, je ne peux vous fournir du thé. Voici une adresse près de chez vous où vous pourrez en trouver.

- Pas du thé putain, TI-MO-THÉE.

- Voilà la signification du prénom Timothée.

Fais chier. Et dire que ces trucs-là sont censés nous faciliter la vie... On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Tant pis. J'ai encore perdu du temps. Je cherche Tim dans mes contacts et lui laisse un message pour le prévenir de mon retard afin qu'il avertisse la prof. Avec celle-là, faut pas rigoler. J'ai pas envie qu'elle me prenne pour un bon à rien dès le début de l'année. Quand t'es un mec rebeu, faut poser les bonnes bases dès le début pour pas être catalogué fouteur de merde dès la rentrée.

Je dévale les escaliers à toute vitesse et, par chance, j'entre tout juste dans la rame de métro, juste avant le signal sonore de la fermeture des portes. Je m'affale sur la dernière place assise pour reprendre mon souffle. C'est rare qu'il y en ait de libres à cette heure-ci. Dieu merci, j'en ai bien besoin. Alors que les portes se referment, j'aperçois derrière la vitre le regard familier d'un visage féminin me fixer. J'sais pas si c'est le manque de sommeil qui me donne des hallucinations mais cette silhouette élancée me fait penser à ma mère. Le métro a déjà redémarré et je n'ai pas le temps de m'en assurer. L'image de cette femme devient brouillard en une fraction de seconde. J'en suis presque sûr, c'était ma mère. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue mais je ne peux pas oublier son regard. J'ai hérité du même.. Qu'est-ce qu'elle me veut encore ? J'espère qu'elle ne me suit pas. Je n'ai aucune envie de la voir, ni de lui parler. Qu'on me foute la paix.

*

Cinq minutes, c'est un retard raisonnable. Je pense que Dieu était avec moi pour réussir à arriver si vite. J'entre en classe et me faufile le plus discrètement possible vers la chaise vide que Tim m'a bien sagement gardée. Tous les regards se tournent vers moi mais, le regard droit, je feins ne pas m'en apercevoir.

- Wesh gros qu'est-ce que t'as foutu ? chuchote Tim, visiblement impatient de me retrouver.

- J'ai pas dormi, j'te raconterai.

- D'ailleurs, moi j't'avais pas raconté pour les vacances avec Penda, me lance-t-il un sourire en coin et le sourcil relevé.

- Me dit pas que t'as trempé le biscuit !

- Mec, si tu savais !

- Alors c'était comment ?

Perso, ça me fait un peu peur tout ça. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, sans vouloir paraître prétentieux. Enfin, en général, je sais que je plais aux filles et elles me le font savoir. Ce n'est pas pour me déplaire, j'vais pas mentir. Ça m'arrive de sortir avec l'une d'elles parfois, de l'embrasser si le courant passe assez, mais ken, non, jamais. Jamais comme ça, avec n'importe qui. J'aimerais pouvoir le faire avec une fille que j'aime sincèrement et, pour l'instant, il n'y a jamais eu de véritable étincelle avec les filles que j'ai fréquentées. En vérité, ça me lasse un peu ce petit jeu. Je préférerais rencontrer la bonne direct et ne passer mon temps qu'avec elle, un peu comme Tim et Penda.

Amour chronique [J'écoute encore les étoiles chanter] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant