Regarde-moi purée. Regarde-moi. Ma jambe frétille d'impatience et mes yeux sont scotchés sur Hadda, comme convaincu qu'ils puissent avoir un quelconque pouvoir sur elle. Je secoue nerveusement ma fourchette. Je ne touche même pas à mon assiette. Je déteste lorsque je suis dans cet état. Impatient et irrité. Elle ne veut pas me regarder. Parmi le brouhaha de la cantine, j'arrive à déceler le son de sa voix. Je n'entends qu'elle et son rire discret. J'arrive presque à entendre ce que sa bouche chuchote à l'oreille de Nina. Un mec arrive derrière elle et s'assied à ses côtés en prenant soin de passer sa main sur son épaule. Encore cet enfoiré de Demba. Il chanffre. Il ne fait même pas semblant. Et vas-y que ça se claque la bise. Et vas-y que ça glousse ensemble. Game over pour aujourd'hui. Je lâche brusquement ma fourchette dont la chute retentit sur mon assiette.
- Tu m'écoutes gros ?
Timothée me sort de mes pensées.
- Vas-y, je vais remplir la carafe.
J'attrape la carafe d'une poigne impétueuse, bien déterminé à passer à côté de leur table pour qu'elle me remarque. À sa hauteur, je prends soin de la fixer pour attirer son attention. Mais rien n'y fait. Pas un seul regard de sa part. Pfff. J'sais pas pourquoi elle m'ignore depuis hier soir. Elle n'a même pas répondu à mon message. J'ai rien fait de mal. Pas que je sache. Ou peut-être que c'est elle qui a quelque chose à se reprocher. J'en sais rien.
Alors que le pichet se remplit à compte-goutte - puisqu'un fils-de-pute à décider d'inonder la sienne à la même fontaine à eau que moi - je vois Hadda se lever en direction de Timothée. Tfou. L'eau n'est même pas encore au milieu du pichet. Je compte deux secondes dans ma tête. Un. Deux. Tant pis. J'y vais. J'veux pas la louper.
- Salut Hedi, ça va ?
Encore cette putain d'Alice. Fais chier.
- Ça va, ouais, je lui réponds hâtivement, le regard au loin, pour qu'elle se barre de mon chemin.
- C'était trop cool la soirée d'hier, dommage que tu ne sois pas resté plus longtemps !
- Ouais, c'était bien.
Elle commence à me gaver à me coller aux basques comme ça. Laisse-moi passer cousine.
- Tu manges avec Timothée ?
- Ouais, laisse-moi passer s'te plaît, il m'attend, on doit bientôt y aller.
- Vas-y je te suis, je vais lui dire bonjour.
Je n'écoute même pas ce qu'elle baragouine, et me dépêche d'arriver à la table, avec Alice qui peine à me suivre. Arrivé à une table de la mienne, Hadda tourne les talons et retourne à sa place. Putain de merde. J'sais pas comment je vais faire pour lui parler aujourd'hui. C'était ma seule chance. Elle et ses potes se lèvent avec leur plateau pour quitter la cantine. C'est foutu.
- Elle voulait quoi Hadda ?
- Salut Timothée ! Je ne savais pas que tu dansais aussi bien !
- T'as pas une dignité à aller t'acheter, toi ? Lâche-nous un peu et retourne gérer tes mille gars là, nous on n'est pas intéressés, je lance à Alice les sourcils froncés.
- Fais pas cette tête Alice, t'inquiète pas, il est juste contrarié, il dit n'importe quoi. Moi, tu m'déranges jamais, la rassure-t-il avec un clin d'œil.
Enfin, cette chienne s'en va rejoindre ses copines.
- T'es vraiment un chien toi.
- Bah quoi ? J'croyais que tu l'aimais bien vu les photos d'hier.
- Quelles photos wesh ? je lui demande surpris et encore plus agacé du fait qu'elle ait pu poster des images de ma personne sans mon consentement.
- Tiens, regarde. Elle a mis des photos de vous deux sur Insta hier. Y'a plein de photos de la soirée.
VOUS LISEZ
Amour chronique [J'écoute encore les étoiles chanter] - TERMINÉE
Teen Fiction[Complète] C'est un soir qu'il est parti. Sans un mot. Sans un bruit. Le lendemain de son départ, Hadda trouve une lettre sur le bureau de son grand frère. Je ne reviendrai pas, a-t-il écrit. Mais Hadda refuse de se contenter de l'histoire officiell...