Nouvelle vie

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C'est décidé. Nouvelle année, nouvelle vie. Ça semble bien commencer. C'est comme si Dieu me facilitait les choses. Depuis la hagra de TJ, j'ai pas remis les pieds dans son QG. Je savais que je ne pouvais pas m'en tirer aussi rapidement et qu'il n'allait pas m'oublier aussi vite. C'est pas du genre à se venger juste une fois. Faut bien enfoncer le couteau dans la plaie. Hier, il est venu me rendre visite. J'ai eu trop peur de le laisser rentrer. Heureusement, il y avait ma grand-mère. Je me suis naïvement dit qu'il ne nous ferait pas de mal, surtout pas à une vieille respectée par tous dans le quartier.

Il est venu pour s'excuser. Il m'a dit que c'était mieux qu'on reprenne tout à zéro, puisque j'avais l'air d'avoir compris la leçon. Il m'a dit que, pour l'instant, il devait remettre quelque chose en place et qu'il me laisserait souffler un peu quelque temps pour revenir vers moi plus tard. Pas de nouvelles missions donc. Je prie pour qu'ils m'oublient, pour enfin en finir. C'est le bon moment pour couper les ponts avec ces mecs. Le seul hic, c'est qu'on galèrera un peu plus à faire les courses mais bon, on arrivait à s'en sortir avant ça. En plus, ma grand-mère commençait à se douter de quelque chose. Je l'ai surprise plusieurs fois à « ranger » des trucs dans ma chambre et elle me posait trop de questions sur mes dernières sorties.

Aujourd'hui, c'est rebelotte, mais pas pour les mêmes raisons. Je me suis fait beau pour sortir. J'ai troqué le survêtement pour un jean et j'ai presque vidé la bouteille de musc. Téta veut absolument savoir qui je vais voir dans cette tenue, mais je ne lui dirai pas. C'est mon secret. Ça fait aussi partie du plan « nouvelle année, nouvelle vie ».

Les résolutions, chez moi, ça dure jamais longtemps. Mais j'essaye de m'y accrocher pour au moins apercevoir un semblant de changement.

Dans mes autres plans : avoir plus confiance en moi, être ferme dans ce que je veux, mieux préparer mon avenir, essayer de faire un son et en finir avec toutes les histoires de merde parasites qui me bouffent l'esprit.

Dans le miroir de l'ascenseur de mon bâtiment, - qui a enfin été réparé (tant mieux, je ne voulais pas arriver transpirant) - je me vois déjà changer. La preuve : j'ai même mis un jean aujourd'hui. Tout se répare. J'ébouriffe un peu mes cheveux pour les remettre bien comme il faut et étire un peu ma veste pour qu'elle paraisse moins froissée. J'ai la boule au ventre. J'ai le sentiment que ce rendez-vous va marquer un tournant. C'est comme si le reste de ma trajectoire ne tenait qu'à cet instant. J'y vais sans trop savoir où ça va me mener, mais il faut bien passer par là pour grandir, askip.

On m'attend en bas. La descente de l'ascenseur creuse en moi le même que l'on ressent dans une attraction à sensation. J'observe le clignotant orange de l'affichage des numéros d'étage. 5, 4, 3, 2, 1. 0. J'arrive enfin au hall. Je souffle un grand coup. Tout ira bien. Il n'y a pas de quoi s'en faire, de toute manière. C'est pas un entretien. Les portes s'ouvrent, je salue ma voisine qui entre avec ses sacs de course, heureuse de ne plus avoir à monter les marches, et enjambe la barre de fer qui jouxte l'ascenseur au sol du hall.

Derrière les portes vertes et vitrées du hall, je la vois. Elle est là, elle m'attend. Et je ne peux plus reculer.

Amour chronique [J'écoute encore les étoiles chanter] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant