Le début de la fin

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Bâtiment 3. Me revoilà dans cette soirée de schlags. Toujours rien qui me transporte ici. Si j'suis là, c'est seulement pour Hadda. Et Timothée qui a l'air de bien s'amuser. Je balaye la pièce du regard, mais rien. Pas de Lotus à l'horizon. Toujours les mêmes taspés qui se trémoussent pour attirer l'attention, toujours ces petites go d'à peine 14 ans duper, toujours ces mêmes schlags de pointeurs qui fourrent leurs grosses barbes là où c'est puni par la loi. Toujours ces mêmes mecs chelou qui discutent à voix basse dehors. Comme si on ne savait pas de quoi ils parlaient. J'ai qu'une envie, c'est de rentrer chez moi et de me poser avec ma musique.

Jela arrive vers moi et honnêtement, j'ai pas trop envie de faire la conversation avec lui. Je l'aime bien et c'est toujours mon shab mais j'aime pas trop ce qu'il devient. Il fait comme si tout ça, c'était cool, alors que ça n'a rien de bien. Je m'en tape qu'il fasse son business tant que pour l'instant ça l'arrange, mais faudrait pas qu'il se laisse trop avoir par ce décor. Je sais que le manque d'argent peut rendre ouf. Qu'il peut te pousser à devenir la pire version de toi-même. J'lui en veux pas, j'veux juste qu'il garde la tête sur les épaules et pas qu'il devienne comme ces autres schlags. Ça va trop vite ici. Le problème, c'est qu'il a l'air à fond dans son bail.

- Ça va gros ? J'vois que ça t'a plu la dernière fois ! Tiens, il me reste un peu de beuh pour ce soir si tu veux.

- Merci, je lui réponds poliment.

- Dis Hedi, j'aurais un service à te demander... J'aurais pu demander à Timothée mais vu comment il est torché ce soir, j'pense pas qu'il soit en capacité de m'aider, chuchote-t-il en lançant un regard éberlué vers Tim.

- Y'a quoi ?

- En fait, j'devais faire une petite course aujourd'hui mais j'ai pas pu... Et tu vois, mon boss va pas être très content s'il l'apprend...

- T'es en train de m'enrôler dans ton rain-té là ? T'es sérieux ?

- Bah quoi ? Tu pensais que tu pouvais venir ici tranquille, graille autant de conso que tu veux, sans rien en retour ? Ça fonctionne pas comme ça.

Son regard est tout à coup plus sombre, plus insistant. Je ne reconnais pas mon ami d'enfance.

- Tu vois l'asiat là-bas ? Il fait khouf hein ? Bah c'est à lui que je dois obéir. Et crois-moi qu'il rigole pas. Et il sait que t'es dans le coup pour les soirées, si tu vois ce que je veux dire.

Je suis son regard et là, je tombe nez à nez avec un mec qui ressemble de ouf au mec de la photo que Hadda m'a envoyée. Ça peut pas être une coïncidence, c'est un signe, c'est sûr. Je sais que je devrais éviter de me mêler à tout ça mais, pour Hadda, je dois y aller. Je dois savoir qui est ce type.

- Lui là ? je demande ébahis.

- Oui, lui là. Tu l'appelles TJ. J'te le présente maintenant si tu veux.

TJ ? Je bloque sur son blaze. Chelou, Hadda m'avait parlé d'un Samart. Il a peut-être rien à voir avec tout ça, en fait.

- Wsh TJ, j'te présente mon frérot, Hedi.

Je me fais reluquer de haut en bas, dévisager silencieusement, pendant que ce dernier hoche la tête avant de prononcer :

- Tu viens du quartier d'à côté, c'est ça ? Bâtiment 5, t'habites avec ta grand-mère et tu vas au lycée à Porte de Douai ?

Sa voix me glace le sang mais je tente de garder la tête haute. Si tu montres une once de peur avec ces mecs-là, t'es foutu.

- Wsh Jela, tu lui as raconté toute ma vie ou bien ?

Amour chronique [J'écoute encore les étoiles chanter] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant