Les grandes vitres de la mosquée laissent illuminer la salle de prière tout entière. Les rayons ensoleillés viennent raviver nos cœurs et nos visages blanchis par ce mois sacré que nous venons d'observer. Les couleurs vives de nos vêtements de fête s'éclaircissent encore plus à la lueur du soleil. Du jour de l'Aïd, la prière du matin est ma préférée. J'aime voir notre communauté si riche, si diverse, unie, plus forte que jamais, implorer Dieu pour le bien du monde entier. J'aime laisser résonner en moi les voix puissantes qui nourrissent les murs de la mosquée. J'aime voir les longues embrassades de celles et ceux que l'on retrouve parfois après de nombreuses années. J'aime voir les rancœurs s'effacer, un jour nouveau se dessiner. J'aime voir les visages étincelants, entendre les rires des enfants qui jouent sur le tapis de la mosquée, admirer les longs tissus colorés virevolter, les démarches fières et humiliées de mes frères et sœurs en l'humanité. J'aime savoir qu'au moins une fois dans l'année, notre communauté a son jour de répit dans ce pays qui ne l'accepte pas toujours comme il le devrait. J'aime voir la force de la croyance au bien, la force de l'honneur en la transmission de nos valeurs. Par-dessus tout, j'aime écouter le sermon de l'imam qui nous rappelle que, dans nos cœurs, le mois de Ramadan s'observe toute l'année. Peu importe les épreuves, endurer dans le bien, ne pas perdre de vue son objectif final, donner avec la plus noble des sincérités, est une éthique de vie à appliquer à tous les champs de la nôtre. Dieu aime les endurants. Dieu aime les patients.
À l'extérieur, le temps est parfait. La chaleur caniculaire des jours derniers s'est adoucie et le souffle du vent vient rafraîchir l'effervescence de cette journée.
Chaque année, après la mosquée, nous avons pour habitude de visiter nos proches puis de rentrer pour célébrer à la maison ce jour de fête. Cette année, c'est à la maison que l'on reçoit famille et amis, chose qui n'était pas arrivée depuis deux ans maintenant. C'est la première fois que je ne culpabilise pas de célébrer la joie sans Djazil.
Hier soir, nous avons décoré la maison et préparé à manger. Mes tantes et mes grands-mères sont venues apporter leur pierre à l'édifice. Si on a autant anticipé, ce n'est pas juste pour profiter pleinement de notre jour de fête. C'est aussi parce que, à dix heures pile, les résultats du bac tombent. Je ne pouvais pas me permettre d'être en retard. Avec Demba, Nina, et le reste de nos camarades de classe, nous avons décidé de nous réunir devant le tableau d'affichage du lycée pour découvrir notre sort, ensemble.
À la sortie de la mosquée, je rejoins Demba et Nina, qui nous a attendus pour nous souhaiter bonne fête et faire le trajet vers le lycée avec nous.
Déjà dans le bus, l'excitation de la révélation des résultats se manifeste chez les lycéens et lycéennes. L'ébullition est à son apogée lorsque nous rejoignons nos camarades devant le lycée.
Face au grand tableau, nous attendons l'arrivée du proviseur qui affichera les résultats. Le voilà. Les voix s'élèvent, la masse s'avance un peu plus pour tenter de déchiffrer, avant tout le monde, l'affectation notée à côté de son nom.
Malgré les mouvements de la foule, nous arrivons à nous faufiler jusqu'au tableau. À côté de moi, certains élèves chahutent trop, ce qui m'empêche de lire clairement l'affiche tant attendue. À ma droite, Demba et Nina m'interpellent le sourire aux lèvres :
- ALORS HADDA, me crie Demba qui comprend que je l'entends à peine de ma place.
- Bac validé, mention bien !!! je lui annonce, pas peu fière du résultat.
Je savais que je l'obtiendrai, je savais que je l'obtiendrai sûrement avec une mention, mais mon année avait tellement mal commencé que je ne me croyais plus capable de le décrocher une telle mention. N'empêche, je suis quand même un peu déçue parce que si j'avais été un peu plus concentrée cette année, j'aurais pu décrocher la mention au-dessus... J'ai toujours eu seize et demi de moyenne, jusqu'à cette année, où il a fallu qu'elle baisse. Mais bon, on récolte ce que l'on sème.
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Amour chronique [J'écoute encore les étoiles chanter] - TERMINÉE
Teen Fiction[Complète] C'est un soir qu'il est parti. Sans un mot. Sans un bruit. Le lendemain de son départ, Hadda trouve une lettre sur le bureau de son grand frère. Je ne reviendrai pas, a-t-il écrit. Mais Hadda refuse de se contenter de l'histoire officiell...