IV : Cancer

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Il a l'air un peu trop enthousiaste.

Je n'y crois pas une seconde. J'essaye de garder mes distances du mieux que je peux.

Cet homme est un monstre. Je ne peux pas me résigner à croire qu'il a changé.

C'est ça qui me fait le plus peur.

On débarrasse la table avec les frères de Marco. J'ai déjà été plusieurs fois en contact avec eux. L'un d'eux est un coach sportif et l'autre un écrivain. Ça fait une sacrée diversité dans leur famille.

Suite à ça ils vont sur la terrasse, de mon côté je reste avec Pedro pour aller le coucher. Je le mets dans son lit avec sa peluche et reste à côté de lui pour lui gratter le dos jusqu'à ce qu'il ferme les yeux. Comme me l'a indiqué Lisa.

Je sors de la chambre une trentaine de minute plus tard et je tombe directement sur mon géniteur.

- Sta...

- C'est Éros. Mon nom est Éros. Je dis sèchement.

Je ne veux pas du prénom qu'il m'a donné. Je préfère celui que ma mère m'a attribué.

- Éros, est-ce qu'on peut discuter un moment ?

- Non j'ai autre chose à faire.

Il se met devant moi me bloquant le passage.

- Tu vas m'en vouloir toute ta vie ?

- Casse-toi de mon chemin.

- Je suis désolé.

J'ai l'impression de m'être reçu une gifle tellement violente qu'elle m'aurait endormi.

Désolé ?

Désolé d'avoir gâché ma vie et mon enfance ?

- Je sais que je t'ai fais beaucoup de mal. Mais je veux me rattraper.

- Te rattraper ? Je dis en essayant de retenir mes larmes de rage qui risquent d'arriver.

- Je sais que tu me détestes, je le sais. Quand tu es parti j'ai compris mes erreurs, et je suis désolé pour tout ce que j'ai fait.

- Tes excuses ne me ramèneront pas ma mère.

- Éros... j'ai un cancer. Je ne veux pas passer les derniers instants de ma vie sans mes enfants.

- T'aurais dû y penser bien avant. C'est trop tard pour tout. Je ne te considère pas comme mon père, je ne te considère pas comme la personne qui m'a éduqué et qui m'a aimé de l'amour paternel dont j'aurais eu besoin. Tu sais ce qu'on a subit avec Lisa ? De ta faute ? Peut-être qu'elle a réussit a avoir pitié de toi, mais moi même à ton enterrement je n'y assisterais pas. Maintenant dégage de mon chemin.

Il se décale et j'arrive au salon puis récupère ma veste pour me casser de là.

- Éros, tout va bien ?

- Oui, bonne soirée. Dis-je en sortant en vitesse de la maison.

Les averses s'abattent sur moi dès que je sors de la maison.

Je monte dans ma caisse et conduit en essayant de respecter la vitesse. Je me gare dans un parking complètement vide et qui sombre dans le noir.

J'allume directement une cigarette en sortant de la voiture.

Je me laisse tomber au sol contre la voiture. La seule once de lumière est celle du feu sur ma clope.

J'essaye vraiment de passer au dessus de ça, j'essaye. Mais bordel qu'est-ce que c'est compliqué.

Je retrouve soudain cet enfant, celui qui n'avait que sept ans et qui voyait son père battre sa mère.

Les larmes coulent sans que je ne puisse le contrôler, je commence à trembler. Je sens la crise s'approcher.

Je tire une nouvelle fois une latte.

Il a détruit toute ma vie.

Je veux le refaire vivre... l'enfant de sept ans qui n'attendait qu'une chose...

Que les cries s'arrêtent.

Quand ma crise se calme enfin, je peux revenir au volant.

Je rentre à la maison. Je suis épuisé.

Je prends seulement le temps de prendre une douche très rapide et vais me coucher.

DÉSIR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant