[ 𝐓𝐄𝐑𝐌𝐈𝐍𝐄 ]
À seulement dix-sept ans, Ayesha Tahir, fille d'un couple immigré, s'apprête à intégrer l'une des universités les plus prestigieuses du pays.
Choi Soobin est un garçon issu d'une famille aisée et son avenir semble d'ores et déjà...
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Happy moment
-AYESHA-
Le parc dans lequel nous venions d'entrer était assez petit mais cela ne l'empêchait nullement d'être un havre de paix. Soobin et moi avions décidé de nous installer sous un arbre dont le feuillage vert offrait une ombre agréable. Le grand brun avait accepté de tenir la boîte de gâteaux pendant que j'extirpais de mon sac un tissu africain auquel j'avais pour coutume d'offrir une attention inestimable.
— Joli, commenta Soobin.
— Merci ! C'est Imane qui me l'a ramené du Sénégal. On va s'asseoir là, à part si tu préfères qu'on aille quelque part d'autre ?
— Oh non, ici ce sera parfait, reconnut Soobin.
Après avoir déposé la petite boîte blanche, il retira son sac à dos et à mon instar, il se déchaussa. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je vis nos baskets côte à côte : les siennes étaient bien plus grandes que les miennes.
— Tu sais à quoi je pense ? lançai-je.
— Vas-y, dis-moi tout.
— On a vraiment tendance à ne pas savourer certains moments de notre existence, parce que sur le coup on les trouve un peu banals mais c'est seulement avec le temps qu'on prend conscience de leur caractère extraordinaire.
— Ou peut-être qu'on a juste tendance à idéaliser le passé ? suggéra le brun en haussant les sourcils. Tu sais, le fameux "c'était mieux avant."
J'esquissai une moue boudeuse, celle que je faisais quand je me plongeais dans une réflexion particulière.
— Hmm... Peut-être que tu n'as pas tort ! Mais tu vois là par exemple, on est assis tous les deux avec deux parts de gâteaux qui nous attendent. Et cerise sur la pièce montée : on est dans un véritable locus amoenus*. Voici ce que je te propose : je veux qu'on savoure ce moment, et surtout, ces parts de gâteaux.
Soobin pencha la tête et se mit à me scruter avec amusement. Un sourire chatouillait ses lèvres charnues. Je sentais avec aisance que j'avais réussi à attraper l'intégralité de son attention.
— C'est-à-dire ? me demanda-t-il en approchant son visage du mien.
— Je veux pas qu'on mange ça en un croc. On va savourer, tu comprends ? Il faut qu'on laisse les goûts et les saveurs faire frémir nos papilles. Dis-toi que dans le monde il y a des personnes qui aimeraient tant vivre un instant pareil. Alors on oublie tout. Il n'y a que toi, moi, le gâteau et le parc.
