Lorsque je suis stressée, je range. Lorsque je m'ennuie, je range. Lorsque je ne tiens pas en place, je range. Quand je ne sais rien faire d'autre, je range.
Aujourd'hui, les quatre conditions sont réunies pour qu'un gros nettoyage ait lieu dans mon appart'.
La pression qui s'accumule sur mes épaules à cause du boulot manque de me faire flancher à chacun de mes pas dans l'open-space. Dès que je pense aux responsabilités qui m'incombent désormais, et que je ne suis définitivement pas capable de gérer malgré l'avis de Tom, mon cœur rate un ou deux battements. Autant dire qu'il en loupe souvent, puisque mon travail est la seule chose sur laquelle je suis capable de me concentrer.
Ça, et la torsion de mon utérus, dont je maudis l'existence chaque mois. Pourquoi sommes-nous contraintes de supporter cette douleur une semaine par mois et ce, pendant une durée qui semble infinie ? C'est de la torture à laquelle même les bouillottes ne peuvent remédier.
Je suis incapable de rester clouée au lit – plutôt mourir que de perdre une journée à ne rien faire –, mais mon esprit est un tantinet trop embrumé pour parvenir à créer un codage potable.Alors, je range.
Ce qui est frustrant, c'est que mon lieu de vie est toujours propre. Et oui : je suis souvent stressée. Enfin, de plus en plus. J'étais plutôt posée auparavant, mais c'est loin d'être encore le cas. Depuis ma crise d'angoisse de la semaine dernière, je tente de me réguler comme je peux. Je ne veux surtout pas y être confrontée à nouveau.
Aussi, je ne mets même pas une demi-heure à faire briller l'entièreté de mon appart.
Je m'affale sur ma chaise de bureau – un super siège m'ayant couté la peau des fesses, mais que ces dernières remercient pour son confort inégalable – et cherche une activité susceptible de me distraire de mes pensées intrusives.
Je parcours ma chambre du regard, son haut plafond, ses murs blanc malade, ma parure de lit fuchsia, ma gigantesque armoire dans laquelle sont triés tous mes vêtements par coloris. Je ne porte quasiment que du marron, du rose et du noir.
Ma couleur préférée est le blanc – justement parce qu'elle est le mélange de toutes les couleurs – mais ces teintes sont celles qui me vont le mieux, à mon sens.
On pense souvent à tort que les filles un peu geek ne savent pas s'habiller, pour e ne sais quelle raison. Ce n'est pas mon cas. Je suis loin d'être une accro au shopping mais je connais les vêtements qui me mettent le plus en valeur et qui reflètent ma personnalité au maximum.
Je me lève d'un coup, décidant d'aller vérifier l'ordre dans lequel sont rangés mes vêtements. Il y a peu de chances que l'un d'eux ne soit pas à sa place, mais on ne sait jamais.
Noir, chocolat, ocre, noisette, framboise, cerise. Et oui, même mes sous-vêtements se tiennent dans ces tons.
Je souffle. Tout est bien rangé. Cela n'apaise pas le chaos en moi.
Je distingue soudain, en levant la tête, un gros carton juché sur l'étagère la plus haute de mon meuble. J'ignore ce qu'il contient mais j'imagine que je vais bientôt le découvrir.
J'amène, non sans peine, une chaise dans ma chambre, grimpe dessus, et descends la boite au sol.
Je m'assieds en tailleur sur le parquet frais, et retire avec précaution le scotch recouvrant l'ouverture.
Une odeur de vieux et de vanille se glisse jusqu'à mes narines.
Dans le carton se trouvent plusieurs autres boites. La pro du rangement que je suis était obligée de compartimenter, bien évidemment.
VOUS LISEZ
À la lettre près
RomanceQuand Virgile et Véga se rencontrent sur un palier d'escalier, c'est le coup de foudre. Chacun d'eux est, sans le savoir, troublé par la présence de l'autre, qui leur apparait comme parfait. Grand timide, Virgile n'ose faire le premier pas ; Véga, a...