39 - Virgile

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La vie est comme un bouquet de fleurs. Les moments sont ces plantes qui la composent, brillantes, éclatantes, écloses. Ils sont tous uniques, et assemblés, forment un ensemble ravissant à regarder. Même lorsqu'ils se fanent – puisque la vie, comme les fleurs, finit par s'effriter – nous en conservons de beaux souvenirs dont nous aimons à nous remémorer.

Je sais que mon bouquet avec Véga est jusqu'ici mon préféré.

Il y a des jacinthes, des dahlias, des hortensias, des myosotis, quelques feuilles et simples petites branches. Il est un peu bordélique, coloré, mais qu'est-ce qu'il est beau.

Je pense que ce soir restera en ma mémoire comme une rose. Une rose entre carmin et magenta, profonde, vive. Je le pressens.

J'ouvre à l'instant où Véga sonne. Elle n'a pas de clé de chez moi, ni moie de chez elle, mais nous sommes toujours là quand l'autre arrive de toute façon, alors nous ne voyons pas l'intérêt de nous passer un double de clés.

— Salut, susurre-t-elle en entrant.

— Bonsoir, je lui réponds avant de l'embrasser doucement. Tu es belle, admiré-je en la dévorant du regard.

— C'est une nouvelle combinaison. Tu aimes ?

— Tu aimes x ? je l'interroge en retour.

Elle hoche la tête.

— Bien sûr, quelle question.

— Tu as ta réponse, alors.

Je la gratifie d'un clin d'œil et elle me suit dans la cuisine.

— Je pensais préparer x, ça te convient ?

— Parfait. Un coup de main ?

Nous nous attelons à la tâche avec joie. Puisqu'Oscar revient dans deux jours, nous nous sommes dits que partager une soirée vraiment romantique, rien qu'à deux, trait une bonne idée. Nous avons passé tous les soirs de la semaine ensemble, mais celui-ci sera je l'espère encore mieux.

J'ai encore du mal à réaliser que ma mère va mourir dans moins de trois mois. J'ai appelé mon père – enfin, il m'a contacté le premier – et nous avons longuement discuté. Il paraissait consterné, bouleversé, bien plus que moi. Il n'a jamais cessé d'aimer ma mère, malgré ce qu'elle lui a fait. Je ne sais si je l'admire ou le plaint pour cela.

— Tu as toujours mal ? je demande à ma copine, désignant sa cheville du regard.

— Plus du tout. C'est juste dérangeant pour dormir et marcher, mais je ne sens plus rien !

— J'ai hâte que tu puisses revenir nager.

— Pour que tu me colles une nouvelle raclée ? Dans tes rêves !

— C'est pas de ma faute si tu es super lente ! je me moque.

Elle me claque le bras avec le dos de la main, et je m'esclaffe.

Elle me tire la langue ; je lui attrape le visage et l'embrasse, savourant le goût acidulé de ses lèvres.

— Eh, tu sais qu'un nouveau jeu va sortir chez EpicGames ? s'exclame-t-elle soudain encore tout près de ma bouche.

— Sérieux ? Comment tu le sais ?

Elle s'éloigne et se met à déblatérer, euphorique.

Nous passons bientôt à table sans avoir cessé de discuter. J'ai dressé une nappe blanche pour l'occasion, mis deux sets de couverts, trois verres, et même plié des serviettes.

— Tu t'es surpassé !

Je souris, lui embrasse la tempe. J'adore la toucher. Voir ce sourire sur son visage.

À la lettre prèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant