Un mois que Virgile et moi nous sommes quittés. Un mois que la vérité nous a éclaté à la figure sans prévenir. Un mois que mon cœur saigne sans discontinuer.
J'ai fini par me confier à Ophélie. Elle m'a écouté sans piper mot, m'a laissée m'exprimer comme je le souhaitais autour d'un verre, un soir de mai.
Cela m'a soulagée.
Je n'ai toujours pas oublié, mais le poids dans ma poitrine se fait un peu plus léger à chaque jour qui passe. J'ai ressorti les lettres récemment, peut-être parce que je voulais me faire du mal seule, ou bien parce qu'elles me manquaient.
J'ai remarqué que les derniers vers solitaires de certains poèmes s'assemblaient, en formant un nouveau qui m'a émue aux larmes.
« Dès notre rencontre, je sus que c'était vous
Étourdi j'étais, éperdu je suis
Sous votre œil auquel je me dévoue
Oserais-je donner mon nom
Lâcher un pleur à minuitEn vous disant pardon »
Oscar a un vrai don pour les mots. J'espère qu'il trouvera l'amour. Cela ne devrait plus tarder : Ophélie et lui sortent régulièrement ensemble tous les deux, et même si elle me dit que ce n'est qu'en tant qu'amis, je ne suis pas dupe.
Je pousse Ophélie à m'en parler : elle ne veut pas me mettre mal à l'aise en le mentionnant, mais je lui ai certifié que ça ne me dérangeait pas du tout, au contraire. Elle connait mon passif avec Oscar, et m'a assuré que si cela ne me gênait pas qu'elle sorte avec lui, ça ne la dérangeait pas non plus.
Même si c'est un beau bazar, je suis contente pour elle.
Et je me demande si je trouverais la même chose un jour.
La peine de ce premier chagrin d'amour s'apaise au fil des jours.
Ce n'est plus vraiment un chagrin, d'ailleurs. Je ne pleure plus dans mon lit, tard le soir. Je ne lutte pas contre mon envie de pleurer à chaque instant de la journée. Mais l'absence de Virgile me pèse. Je voudrais entendre son rire, sa voix, sentir ses doigts entre les miens, son corps contre le mien.
Il est rare que je le croise dans les escaliers, ou dans le hall. Je prends toujours l'ascenseur, pars toujours aussi tôt de l'immeuble ; non plus pour le fuir vraiment, mais parce que j'ai acquis cet automatisme.
J'apprécie me rendre au travail, désormais. La discussion au restaurant avec ma sœur m'a aidé à faire la paix avec moi-même et avec mes émotions, autant concernant Virgile que mes capacités.
Ma psychologue m'a aussi bien aidée, sur mes angoisses, mes insécurités. J'ai fichu le syndrome de l'imposteur à la poubelle, j'espère pour toujours.
Je suis plus sûre de moi, au boulot – en tout cas, j'essaie. Je réalise que mes collègues m'apprécient et m'estiment, et leurs sourires et leur engagement me fait chaud au cœur.
J'ai perdu l'amour, mais gagné en confiance. On ne peut tout avoir, n'est-ce pas ?
La colère s'est dissipée. Cette rage bouillante dans mes veines a disparu. Je crois que j'ai envie de lui pardonner, désormais. Mais je ne sais comment le faire. C'est ça, le pire.
— Véga ?
Une voix que je ne connais que trop bien m'interpelle lors de ma sortie de l'immeuble.
Je me rends à la piscine – une autre que celle de Virgile, pour être sûre de ne pas l'y voir, et tomber face à son corps qui me fait tant d'effet.
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À la lettre près
RomanceQuand Virgile et Véga se rencontrent sur un palier d'escalier, c'est le coup de foudre. Chacun d'eux est, sans le savoir, troublé par la présence de l'autre, qui leur apparait comme parfait. Grand timide, Virgile n'ose faire le premier pas ; Véga, a...