17 - Véga -

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— Fais gaffe, un zombie !

J'esquive de justesse, dégaine mon épée, et tranche l'intrus en deux.

— Bien joué !

Virgile et moi sommes comme des gosses, pleins d'entrain, et ça peut se comprendre : nous venons de dégoter un bloc de Netherite, un des minéraux les plus rares du jeu.

Je suis rentrée chez moi hier soir le sourire jusqu'aux oreilles, et des paillettes plein les yeux.

Ma soirée avec Virgile était des plus détonantes, loin de ce que j'aurais jamais pu prévoir, mais je sentais comme un soleil irradier en moi à chaque instant passé. Mon émerveillement et mes frissons ne diminuent pas le moins du monde alors que je me remémore tous ces souvenirs encore et encore.

Taper un sprint sous la pluie, main dans la main avec un garçon, ce doit bien être la chose la plus romantique que j'ai jamais faite. Non pas qu'il y ai eu une quelconque connotation de romance – mis à part ce léger effleurement de sa main sur ma joue sous l'abris bus... mais je crois que cela ne compte même pas.

C'était une soirée mémorable.

Je pensais la passer seule, à m'étirer après mon heure de natation. Quentin et moi nous sommes échangés nos numéros lors de sa soirée, et avons fixé un rendez-vous, pour, comme il le disait, mieux nous connaître.

Il n'était pas disponible hier soir, car était de garde dans l'hôpital où il travaille ; dommage. Enfin, si on veut ; j'aurais raté ces moments de partage avec mon autre voisin si j'avais été avec Quentin.

J'espère que ce rendez-vous se passera bien.

Même si je n'ai pas avec Quentin l'étincelle que je ressens lorsque je suis avec Virgile, je suis persuadée que nous pourrions très bien coller ; et ce, surtout s'il m'avoue avoir écrit ces lettres, dont j'ai reçu la quatrième aujourd'hui.

J'étais surprise de ne pas en avoir hier, d'ailleurs : le quatorze février est censé être celui où les amants se révèlent, où les baisers s'échangent – où les refus s'enchaînent.

En même temps, cela me soulage, d'une certaine façon : recevoir une lettre en ce jour aurait été un poil cliché, peut-être, et je me doute que cet individu quel qu'il soit n'est pas du genre à rentrer dans le moule. Je le sens.

Enfin ; je n'ai pas encore ouvert la nouvelle, mais je sais déjà ce que j'y trouverais : les paroles d'un homme timide, mais assuré face à sa feuille, qui sait tourner ses phrases de façon à faire fondre mon cœur, et ce, de la plus belle des façons.

Je me tâte même à répondre. Je ne peux être vraiment sûre que ce soit Quentin, alors il serait stupide de ma part de mettre une lettre de réponse dans sa boîte aux lettres personnelles. Néanmoins, peut-être pourrais-je poser une réponse sur ma propre boîte, et que l'expéditeur, quel qu'il soit, la retrouvera. Si cela ne fonctionne pas, tant pis ; j'aurais tenté.

En réalité, je ne sais vraiment ce que je pourrais lui dire.

Cette idée me trotte dans la tête depuis un ou deux jours, mais je n'ai pas encore eu le cœur de la mettre en action. Je ne voudrais pas sonner bateau, creux, dans mes expressions, et décevoir celui en face. De fait, j'attends. Je laisse mes pensées mûrir. Peut-être qu'un matin, je trouverais les mots parfaits à apposer sur un papier granulé, que je pourrais alors offrir à mon mystérieux poète.

— Viens par là, j'ai un filon de quartz.*

— Bouge pas, j'arrive.

L'essentiel de nos dialogues, ce soir, se basent sur le jeu.

À la lettre prèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant