58 - Virgile

265 24 0
                                    

Il fait chaud.

Il n'a pas plu depuis début juin, et la sécheresse se fait sentir, même dans le Nord de la France.

Je crève de chaud, même à cette heure, mais je m'en fiche, parce que cette soirée avec Véga m'a donné des étoiles dans les yeux.

Cela fait deux jours que nous nous sommes réconciliés pour de bon. Deux jours de pur bonheur qui je l'espère, dureront pour toujours.

Il y aura des hauts et des bas, j'y suis préparé, mais je suis certain que je pourrais tout affronter tant qu'elle est avec moi.

— On va se promener ? elle me propose en sortant du restaurant.

Je hoche la tête et la suit dans les rues.

J'ai bougé la majorité de mes affaires chez elle, et elle m'a donné la clé. Je n'abandonne pas Oscar, j'adore vivre avec lui, mais il a bien saisi que je souhaitais davantage m'investir avec Véga. Il était sincèrement ravi pour nous deux.

Nous avons mangé à trois hier soir, et avons ri plus que jamais. Ce soir, c'était un tête à tête. Cette connexion entre nous est si intense qu'elle me dévore le ventre, mais j'adore cette sensation.

Habiter dans cet appartement nous convient. Je garde l'espoir d'un jour construire et habiter dans la maison que je lui ai fabriquée en miniature, mais rien ne presse.

— On passe par le jardin Vauban ? je lui propose.

— Ça me va.

Main dans la main, nous nous baladons dans cette ville qui nous est si chère à tous les deux, plus amoureux que jamais.

Il est vingt-deux heures, mais il fait encore jour, bien que des nuages s'amoncellent dans le ciel.

L'atmosphère est lourde, et moite, ce que je déteste. Malgré ma chemise à manches courtes légère, j'étouffe.

Véga, dans sa sublime robe cerise, ne semble en revanche pas du tout gênée.

— Tu es belle, je lui dis.

Elle m'offre un sourire rayonnant. J'aime la complimenter, juste comme ça.

Nous passons devant des terrasses encore à moitié pleines, rions aux blagues de l'autre, parlons de jeux vidéos, ou gardons le silence et savourons l'instant. Nous traversons le jardin Vauban, notre favori, en ressortons.

Soudain, une goutte. Puis deux.

— Il pleut, s'étonne Véga.

— Peut-être bien, je constate en sentant de nouvelles gouttes tomber sur mes bras nus.

— Merde, l'appart est encore loin !

Comme pour la narguer davantage, le ciel se couvre encore plus, et ce sont des centaines, puis des milliers de gouttes épaisses qui s'écrasent sur nous.

Les gens courent à l'intérieur, affolés ; Véga me tire par le bras, souhaitant rentrer au plus tôt. Je la suis d'un bon pas, et nous finissons par courir.

La pluie nous trempe nous deux, infiltre nos vêtements, mais je ne grelotte pas. C'est si bon.

Cette averse est inattendue, mais vraiment bienvenue. Elle me replonge des mois en arrière, et un sourire s'épanouit sur mon visage

— Quoi ? s'exclame Véga en me constatant ralentir. Virgile, tu fais quoi ? elle s'écrie par-dessus la pluie.

Je me suis arrêté en plein milieu de la rue piétonne.

— Tu te souviens du jour où on a couru ensemble sous la pluie ? Pour la première fois ? Le jour de la Saint-Valentin ?

Je vois ses lèvres s'étirer malgré l'averse qui se déchaîne.

À la lettre prèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant