35 - Véga

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Si on m'avait claqué un oeuf sur le ventre la nuit dernière, il aurait cuit en trois secondes chrono.

Je bouillais de désir – littéralement. Virgile et moi aurions pu – aurions dû, sûrement – aller chez moi, mais ni lui ni moi n'y avons songé sur le moment.

J'étais prête à lui sauter dessus, ce qui ne me ressemble pas, mais qui n'est pas pour autant étrange. Nous sommes ensemble, nous sommes adultes, et oui, j'ai envie de lui. Mais l'Univers s'est dit qu'hier n'était pas le bon soir, semble-t-il.

Lorsque je me réveille dans ses bras ce matin, je savoure la sensation de son corps enroulé autour du mien.

Nos jambes sont emmêlées, son torse appuie sur le mien et m'empêche de respirer pleinement, mais le sentir près de moi compense mon manque d'oxygène. Je lui caresse les cheveux, qui bouclent un peu sur le dessus, savourant ce moment de quiétude.

Puis, un fracas, qui fait grogner Virgile.

Quelques jurons s'ensuivent ; Oscar semble être aux prises avec des ustensiles de cuisine. Je n'entends pas sa poule glousser ; elle doit s'être éclipsée.

Je me rappelle soudain qu'il faut que j'aille bosser – nous sommes loin du week-end. Ça m'était sorti de la tête. N'importe quoi.

En douceur, je tente de m'extirper de la prise de Virgile mais, consciemment ou non, il resserre ses bras sur moi. Je rêve de passer la journée au lit avec lui, mais ce n'est pas possible.

— Virgile, je dois il aller, je souffle, la voix un peu éraillée tant elle ma gorge est sèche.

Il grommelle, je souris.

— Je dois y aller, beau gosse. Lâche-moi.

Il frotte sa tête sur mes côtes, me tirant un frisson. À force de gesticuler, j'arrive enfin à libérer mes jambes ; mais son bras est accroché si fort que je ne parviens à le décoller.

— Virgile ! je m'exclame, me fichant cette fois de le réveiller.

— Hm ?

— Je dois aller bosser.

— Hm.

Quelle éloquence, vraiment.

Des bruits de mer, de mouettes qui piaillent, un air entrainant s'élèvent : ce doit être son réveil. Je laisse mon copain réaliser l'heure, puis s'étirer ; il ouvre des paupières lourdes, et un sourire éclaire son visage déjà rayonnant malgré l'heure matinale.

— Salut, toi, m'adresse-t-il.

Il tend la tête pour m'embrasser, et je lui concède un baiser léger, avant de sauter du lit ; je ne dois pas être en retard. Je me suis assouplie et tente de me détendre, mais il est hors de question que je me relâche sur les horaires pour autant.

— Tu prends le petit-dej avec nous ? m'interroge Virgile de sa voix craquante et craquelée.

— Si vous avez de quoi, volontiers.

— Ça marche.

Il sort de la chambre, et j'enfile mes habits de l a veille en vitesse ; je compte passer chez moi, bien sûr, mais après avoir satisfait mon estomac en furie.

— Salut Oscar, je lance à l'intéressé en entrant dans leur kitchenette.

— Sympa, la bande-son, hier soir lui envoie Virgile, affairé devant la machine à café.

— M'en parlez pas, il grogne. J'ai été trompé sur la marchandise.

Je souris derrière ma tasse de café.

À la lettre prèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant