30 - Virgile

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— Magne-ton cul, Oscar, je râle.

— Oh, ça va, oui ? il rétorque depuis la salle de bain. on peut même peu se faire propre, ici ? marmonne -t-il entre ses dents.

Il a décidé hier matin d'arrêter de se raser, pour avoir l'air plus mature ; du coup, il se traine une barbichette de deux jours qu'il s'entête à tailler ce soir. Puisqu'on sort avec les collèges de Véga, Monsieur veut se faire beau pur tenter d'en séduire une – voire même deux, connaissant l'oiseau.

— Grouille-toi ! je le presse, sachant que ma copine va arriver d'u instant à l'autre.

Ma copine, oui. J'adore l'appeler comme ça. Dans ma tête, du moins. Ça sonne complètement irréaliste, mais c'est pourtant vrai. Et j'en suis ravi. Plus que ravi.

On toque ; j'ouvre aussitôt.

— Salut, me sourit Véga, dévoilant ses dents parfaites.

— Bonsoir, je la salue, avant de l'embrasser.

Elle accroche sa main derrière ma nuque et se presse contre moi. Malgré le temps qui se réchauffe un peu, elle tient à conserver son immense manteau, ce dont je ne manque pas de la charrier.

— Peur qu'il neige ?

— On ne sait jamais, figure-toi, me tacle-t-elle. On est en mars, pas en juillet. Et puis même, en juillet, ça arrive qu'il neige, surtout ici. Quand j'étais petite, pendant l'été, il a fait un de ces temps, je n'en revenais pas ! Avec ma sœur, on...

Sa voix s'affaiblit soudain, s'efface, se perd. Je fronce elle s'écarte de moi, les sourcils.

Oscar est enfin prêt, une ombre brune lui caressant les joues. Ça lui va bien ; j'ai hâte de voir ce que ça donnera dans quelques jours.

Véga s'anime d'un coup.

— Oh, salut Oscar. Tu t'es fait pousser la barbe ? demande-t-elle d'une petite voix.

— Et oui ! Jaloux,Virgile ? il me tance. T'as vu un peu le travail ?

— Un chef d'œuvre, vraiment, je le raille d'un ton sarcastique. On y va, c'est bon ? La diva est prête ?

— Plus prêt que prêt. Véga, j'espère que tes collègues sont sympas, parce que j'ai l'intention de leur montrer mes talents de séducteur ! lance-t-il sans gêne.

Elle ne réagit pas, ce qui m'inquiète. Oscar s'en va prendre son veste, et je chuchote à Véga :

— Tout va bien ?

Elle tourne sa tête vivement vers moi, marquant de se faire cogner nos nez tant j'étais près.

— Oui oui, s'empresse-t-elle de me rassurer, tout va bien ! Je n'ai juste, pas l'habitude de prendre un verre avec mes collègues, c'est tout.

— Tu n'as jamais trainé avec eux ?

Elle secoue la tête.

— Ça va bien se passer, je la rassure. S'ils t'ont invités, c'est qu'ils sont sympas. Et puis, Oscar et moi sommes là, Maya aussi : on va s'éclater !

Je ne suis pas non plus le type le plus sociable de la Terre, mais je me dis qu'une soirée comme ça ne peut être désagréable.

— C'est parti mon kiki ! s'écrie mon coloc.

À la lettre prèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant