Le cliquetis du marteau des maçons et la forte odeur de peinture rappelaient à tous que l’aile ouest était encore en construction. Mais Chiron savait où il allait et mena Anchise à une grande salle vide, sans doute une future salle de réception. La pièce était éclairée d’un côté par d’immenses fenêtres. En face, les plâtriers travaillaient sur un haut échafaudage arachnéen et rampaient au sol comme des fourmis pour créer des tourbillons de couleurs. Ils traversèrent le tout, allant vers un groupe situé à l’opposé.
— Si vous pensez que c’est grand, vous devriez voir…
— Halte !
Un groupe de quatre gardes leur barra la route, et le plus avancé avait son épée en main.
— Okuri ! rugit Chiron.
— Désolé, Commandant. Ce sont les ordres.
Navarre tentait tant bien que mal de dissimuler son amusement devant cette occasion de défier son supérieur. Il était nouveau au départ de Anchise et portait à présent un uniforme d’officier.
Ni la maturité ni la volumineuse livrée qu’il portait ne pouvait lui donner le charisme qu’il espérait. Il était toujours fin comme une rapière.— Les sœurs ont des réserves sur votre compag… Sieur Anchise ! Vous êtes revenu ! Vous êtes en vie !
— Attends ! dit le chevalier avant que Chiron prononce des paroles qu’il lui faudrait retirer.
Deux Sœurs Silencieuses se tenaient un peu en retrait. Toutes deux d’âge mûr et paraissant compétentes. L’une paraissait proche de la nausée, et l’autre guère plus en forme. La cause de tout cela ne pouvait être que le lourd sac qu’il portait à sa main gauche.— Je comptais présenter ce paquet à Sa Majesté. C’est bien une magie occulte, mais je ne la croyais plus active.
Les trois gardes les plus jeunes étaient encore en train de s’habituer à la présence du célèbre sieur Anchise. Mais Navarre, et surtout Chiron, étaient passés à l’étape suivante. Leur visage s’était durci, remplacé par le doute et le soupçon. Un homme revient d’entre les morts, se dirige droit sur le roi et déclenche l’alarme chez les magiciennes.Quoi ou qui était-il ?
— Tu ferais mieux de le laisser ici, Frère, dit Chiron d’un ton méfiant.
— Il est tout à fait précieux, et je pense que les sœurs apprécieraient qu’on l’écarte d’elles.
Anchise les regarda, pour faire de cette remarque une question.— Quoi que soit cet enchantement, il est infâme. Dit une magicienne.
— Vous dites plus vrai que vous le pensez. Répliqua le chevalier la mine grave. Eh bien, emmenons-le en lieu sûr.
Anchise posa le sac et récupéra dans sa poche les os d’or. Il les fit passer dans le sac sans – espérait-il — que quiconque aperçoive les phalanges ou le lingot.
— Chef, voudriez-vous faire porter ceci à votre bureau ? Sans que quiconque regarde à l’intérieur ? Et donnez l’ordre qu’on le garde à l’abri et au secret. Ordonna Chiron qui parut rassuré, mais pas totalement convaincu.
— Bien sûr. Okuri, je vous en charge. Emmenez ceci dans mon bureau, restez-y et gardez-le jusqu’à mon retour.
Le jeune homme en question était blond et pâle, son visage évoquant plus la gentillesse que l’intelligence.
Les hommes regardèrent tous les sœurs qui échangeaient des regards inquiets. Elles ne paraissaient pas rassurées. Par les dieux ! Anchise fouilla ses poches pour s’assurer qu’il n’avait pas raté une phalange. Non.
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Epeistes : Les Chevaliers de Seiros
FantasíaŒuvre que je dédicace à une personne cher. Helas la vie me l'as retirer un triste mois de décembre. Comme quoi le destin ne nous laisse pas forcement libre arbitre. Pour elle voici, les épéistes de Seiros, des combattants légendaires, aux aptit...