13- Tournois

242 164 2
                                    


Les lumières brillaient sur la tenue des spectateurs dans les gradins. Le vent faisait claquer les tentures et les fanions colorés. Les tentes rayées ondulaient au rythme de son souffle. Toute la cour était rassemblée. Les émissaires des autres royaumes, les nains de Dragomor, les elfes d’Epheurei, les fées d’Audria, les Nordiques du Jensor, sans oublier les centaures de faune et autres peuples venus de contrées lointaines étaient présents en ce jour de fête.

Anchise s’avança dans l’herbe verte, vêtu de son armure dorée où au niveau du cœur resplendissait l’insigne des Lions bleus. Blizzard, son épée à la lame noire brillait, baigné dans la lumière du jour. Il attendait son adversaire, Marchap, champion du peuple nain. Des combattants redoutables. Leurs armures étaient très lourdes et très épaisses, inspirées des tortues. Un combat contre un champion de Dragomor se résumait à cogner comme des brutes jusqu’à ce que l’un soit à terre. Et c’était rarement le nain.

Le roi était passionné de combats et de duels et organisait une fois par an un grand tournoi de chevalerie. La récompense était une coupe en or sertie d’émeraudes d’une grande valeur. De quoi attirer de nombreux participants. C’était déjà la huitième édition de ce fameux tournoi. La dernière coupe en date avait été remportée par Auxence. Mais cette année, à la surprise générale, le commandant de la garde avait perdu en demi-finale contre Nuronelle, un danseur de lames elfes.

Cela faisait maintenant trois ans qu’Anchise était arrivé à la cour, et c’était sa deuxième participation à cette prestigieuse compétition. L’an passé, ses espoirs s’étaient éteints en quart de finale. Cette année, il avait réussi à atteindre les demi-finales, aujourd’hui, le nain ou lui rejoindrait le danse lame en finale.

Marchap s’approcha à son tour, il était le fils de Orgonite, un influent seigneur nain. Petit par la taille de son peuple, mais aussi musculeux qu’un taureau et extrêmement rapide. Anchise avait déjà affronté le personnage et avait perdu. Cette fois, ce serait différent, espérait-il.

Le combat s’engagea, attaques vers l’avant, replis vers l’arrière. Esquives de côté, parades, frappes. Chaque action était un effort. L’après-midi était déjà bien avancé et il régnait une chaleur étouffante. Le Nain bloquait chaque coup en se repliant dans son impressionnante carapace d’acier. Et contre-attaquait par des frappes lourdes. Le chevalier de Seiros se servit de son seul avantage tactique, sa grandeur, et étira sa jambe gauche pour entraver son adversaire qui tomba bruyamment sur le dos.

À cet instant, l’un des huissiers, vêtu de gueule et d’or fit irruption et stoppa le combat. Anchise se tourna vers la tribune du roi et remarqua la présence de la reine. Elle attendait, disait-on, son deuxième enfant alors que le prince Ephraim n’avait que tout juste passé son premier anniversaire. La belle comtesse Laurianna et maîtresse du roi ne paraissait presque plus à la cour. Des murmures anonymes avançaient qu’elle serait bientôt bannie.

Une trompette imposa le silence à la foule. Les champions des différents royaumes levèrent leurs épées en signe de salutation. La reine prit place aux côtés de son époux. Anchise se tourna à nouveau vers son adversaire qui arborait un sourire de confiance et de défi.

— Mes seigneurs, parez-vous ! cria l’huissier.

Le nain referma sa visière et fit jouer son épaisse lame entre ses mains.

— Qu’Eriath dans sa grandeur préserve le meilleur. Maintenant, combattez ! reprit l’huissier avant de s’écarter.

Les concurrents s’avancèrent l’un vers l’autre. Anchise pointa son épée comme une lance et se mit à courir. Le nain l’imita aussitôt, espérant le percuter à la taille et le renverser. Anchise se jeta à plat ventre au sol. Le nain n’eut pas le temps de s’arrêter et son armure lourde rendait tout saut impossible. Il bascula donc par-dessus son adversaire. Heurtant violemment le sol. Le chevalier de Seiros s’était déjà relevé et bloquait son adversaire au sol en lui posant le pied sur le dos et la pointe de la lame sur la nuque.

— Abandonne, nain, ou tu es perdu ! lança-t-il d’une voix de ténor.

Le nain furieux partit dans une série d’insultes, cria au jeu déloyal et à la tricherie. Anchise pressa un peu plus fort. Marchap, résolu, frappa trois fois du poing au sol. L’huissier leva le drapeau synonyme de victoire. La foule sombra dans la liesse et les hourras. Anchise était en finale.

Epeistes : Les Chevaliers de SeirosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant