Tandis qu’il enfilait au pas de course les allées de Djelad, évitant les premiers badauds, il était convaincu de retrouver les Frères en position aux portes de la ville. Ils auraient envoyé des hommes pour garder cette issue. C’était sans doute la raison pour laquelle ils n’avaient pas fait plus d’efforts pour l’arrêter. À son grand étonnement, personne ne s’interposa. Déjà à bout de souffle dans la chaleur du matin, il passa sous l’arche et alla jusqu’au marché de fortune et les écuries puantes au-delà. Même en partant dans les collines nues, il ne serait pas en sécurité. Si les moines choisissaient de le poursuivre sur des chameaux de course, ils le rattraperaient en un rien de temps. Les collines n’étaient pas exemptes de danger en elles-mêmes, surtout avec une telle blessure au bras, mais le simple fait de sortir de ces maudits murs serait un soulagement.
Les commerçants et fermiers n’avaient pas encore déballé leurs marchandises, et Anchise eut besoin de quelques instants pour retrouver l’endroit où Hubert et Xerios avaient attelé leurs cinq poneys. Il reconnut le propriétaire, un homme bouffi au visage grêlé par la petite vérole. Hubert s’était porté garant de son honnêteté — relative.
Il était là la veille au crépuscule et était déjà là ce matin. Les taches sur ses vêtements suggéraient qu’il dormait ici, seul moyen d’empêcher qu’un autre moins honnête mais plus avenant prenne ses pensionnaires. Restait à savoir si les cinq poneys attelés de rouge étaient les cinq mêmes qu’à leur arrivée, ou s’ils avaient vieilli de dix ans pendant la nuit. Les propriétaires avaient fait une marque sur chaque sabot avant droit, mais Anchise n’avait pas le temps de se préoccuper de ces détails. Il fouilla dans ses poches et sortit le reçu de trois animaux. Lepras regarda prudemment cet étranger à bout de souffle, couvert de sueur et de sang. Mais il partit dans la masse et revint rapidement avec deux montures. Elles paraissaient en effet familières. D’autres les suivirent, comme font les chevaux.
— Deux suffiront pour l’instant, dit le chevalier. Mes amis passeront sans doute prendre le leur. Je n’ai pas besoin de mon troisième aujourd’hui. Je devrais revenir avant le soir et vous paierai alors pour une nuit supplémentaire.
Il ne devais éveillé aucun soupçon. À nouveau, Lepras le regarda étrangement. Il ne dit rien jusqu’à ce qu’Anchise soit en selle, le deuxième poney attelé au premier. Puis il cracha par terre.
— Pour trois pièces d’argent, je vous dis par où est parti votre ami.
Le chevalier plongea la main dans sa poche et trouva une pièce d’or. Il la montra au commerçant.
— Dites-moi tout.
— Il courait, comme vous. Il a acheté un autre cheval, mais n’avait comme vous pas de bagage. Il est parti par là, expliqua l’obèse en indiquant l’ouest. Et Vite. Mais il n’a pas dû aller bien loin.
Anchise lui lança la pièce, que l’homme mordit avant d’empocher.
— Vous venez d’hériter de deux autres chevaux, mon ami, et de leur selle. En échange, aurai-je votre silence ?
Bien sûr, l’acquiescement de Lepras n’avait aucune valeur. Le chevalier partit vers l’ouest. Il se sentit soudain très joyeux. Pas parce qu’il était sorti vivant de la ville — la vie ne lui paraissait pour l’heure pas très précieuse — mais parce qu’il portait un devoir de vengeance et savait à présent où sa proie était partie. Il pouvait rattraper l’inquisiteur avant que les moines lui mettent la main dessus. Trois hommes avaient tué Xerios, et il était de leur nombre. Il avait voulu trop en faire, par fierté et pour ne pas finir sur un échec. Chaque homme apprenait sans doute par l’expérience les limites de ses capacités. Mais cette fois-ci, le prix était bien cher à payer. Trop cher. Xerios connaissait les siennes et avait plusieurs fois prié son maître de quitter le monastère.
Il avait bien vite saisi le danger de la magie noire et le danger que représentait le retour potentiel de Sobrom et ses demi-dragons. Il avait bien mieux analysé la situation.
Anchise avait refusé, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Il avait fait au plus juste, ne survivant que par un hasard heureux et non par talent. Aussi se comptait-il au nombre des assassins.
La seule récompense qu’il pouvait espérer serait de punir les autres. Blaydym avait payé. Il ne restait qu’une vie à prendre. Hubert ne s’attendrait pas à être suivi et ne prendrait donc aucune précaution. S’il l’avait fait, il aurait pu se révéler invincible, ayant des ressources qu’il n’avait pas dévoilées. Dans une ville bondée, ou même en forêt, il disparaîtrait sans difficulté. Mais ici, dans l’immensité ouverte de l’Ashan, ses tours d’inquisiteur lui seraient à peu près inutiles. Il ne devait pas avoir beaucoup d’avance. Après environ une demi-heure, Anchise l’aperçut au loin, menant sa deuxième monture. Pendant presque une autre demi-heure, l’inquisiteur continua d’avancer, sans savoir que la mort s’approchait de lui à pas de… loup.
Quand il se retourna, le chevalier était assez près pour s’en apercevoir. Il ne fut donc pas surpris quand le change de Hubert s’arrêta pour paître et que l’inquisiteur lui-même disparut avec sa monture. Le chevalier changea alors de destrier, pour pouvoir faire une pointe de vitesse dans la direction où se trouvait sa proie quand il l’avait vue pour la dernière fois. La rumeur avait commencé à parler de cape d’invisibilité à l’époque où il avait quitté le château de Seiros, mais on en savait peu de choses, seulement que certains artefacts avaient été offerts par le roi des elfes au grand-père du roi Emeraude. Il devait espérer qu’elle ne pourrait pas masquer un homme et son cheval, ou du moins pas en entier. Sa chance ne l’abandonna pas, cette fois encore. Il repéra bientôt un faible mouvement devant lui, un peu sur sa droite. Il se dirigea droit dessus. Parfois, on aurait dit qu’il allait seul sur les collines sèches. À d’autres moments, il apercevait une ombre ou un animal sans cavalier. Il repérait souvent de la poussière déplacée.
Une heure s’écoula à cette poursuite incessante. Il était mort de soif, épuisé, et son cheval n’allait guère mieux. Mais la situation était pire encore pour Hubert. Chaque fois que son cheval changeait de direction, le chevalier trouvait une trajectoire plus courte. Enfin, tandis qu’il descendait dans un petit creux, il vit l’inquisiteur apparaître devant lui, rejetant sa cape d’invisibilité et passant au pas. Quand il atteignit le fond, le marquis de Krestra mit pied à terre pour examiner les sabots de son animal. Penché en avant et prenant tout son temps. Anchise s’assura que Blizzard coulissait bien dans son fourreau, qu’elle n’était pas collée par le sang séché de Blaydym.
Quand il fut assez près pour que les sabots de son poney sur les pierres soient audibles, l’inquisiteur releva la tête, alarmé.
— Sieur Anchise ! Vous m’avez fait peur !
Il sourit légèrement.
— Je vous croyais perdu. Merveilleux ! Qu’est-il arrivé à Xerios ?
À trente pieds, Anchise se laissa glisser au bas de sa monture et noua ses rênes à une ronce morte. Cela ferait une assez bonne entrave si sa monture y croyait. Il s’approcha de Hubert, flanc droit vers l’adversaire, se demandant quel tour l’autre voulait lui jouer.
— Exactement ce que vous vouliez qu’il arrive.
— Je ne vous suis pas.
L’inquisiteur était couvert de sable. Il s’essuya le front de la manche.
Vingt pieds.
— Vous avez refermé la trappe. Pourquoi ? Quel but poursuivez-vous ?
— Oh non ! Certainement pas ! Ce n’était pas la façon convenue ! Si vous avez trouvé la trappe close, ce doit être du fait des reptiles ou des moines. Ils ont dû faire cela et ensuite vérifier la grille. Se justifia Krestra.
Il but une gorgée d’eau, puis secoua la tête.
— Par Eriath ! Ce soleil est impossible, n’est-ce pas ?
— Vous avez tué Xerios et vous allez le payer de votre vie. Vous êtes toujours un serpent. Dire que j’ai cru en vous.
La colère ou la peur brillèrent dans le regard de l’inquisiteur.
— Ce n’est pas vrai ! Je ne sais ce qui vous prend, Sieur Anchise. Je mentionnerai cet épisode dans mon rapport.
— Vous ne ferez aucun rapport. Lancez-moi votre épée, encore au fourreau. Et votre couteau.
— Certainement pas.
Dix pas. L’inquisiteur leva à nouveau le bras à son visage. Comment pouvait-il suer par une chaleur aussi sèche ? La poussière avalait tout. Anchise détourna la tête, mais une seconde seulement avant qu’un éclair plus brillant que le soleil lui cuise les yeux. Les deux chevaux hennirent de peur. Un tumulte de sabots secoua le monde.
Aveuglé et à demi fou de douleur, Anchise dégaina Blizzard. Il ne voyait rien, mais connaissait le style de Hubert et sa distance de prédilection. Il avait trois pas à faire. Un, deux, trois — pare ! Les lames s’entrechoquèrent. Il avait deviné juste. Si l’inquisiteur avait utilisé son estoc habituel vers le cœur, son épée était là, donc pare ! Encore, et riposte ! Il balança Blizzard comme une faux un peu au hasard et rencontra la chair. Le cri du marquis fut accompagné du bruit d’une épée qui tombait au sol, mais l’inquisiteur pouvait le tromper.
Dessinant avec Blizzard des mouvements aléatoires devant lui, pour se protéger, Anchise recula. Il n’entendit aucun pas le suivre ; un instant plus tard, il entendit un grognement de douleur à quelque distance. Alors il s’arrêta. Des feux verts flamboyaient sous ses yeux, un sort d’aveuglement, un match déloyal. Ses yeux le brûlaient, des larmes en coulaient. Son mouvement de tête l’avait sauvé à la dernière seconde. Une forme grise et indéfinie à sa gauche marquait le retour à la réalité. Lentement, les brumes vertes se levèrent jusqu’à ce qu’il aperçoive les formes floues des ronces et des rochers, et finisse par situer son adversaire, recroquevillé sur les graviers, l’épée derrière lui.
Anchise approcha lentement, prudemment. Si cette flaque noire était bien du sang — les couleurs lui semblaient encore décalées —, il avait dû blesser son adversaire gravement, voire le tuer. Il écarta l’épée de l’inquisiteur avec la sienne, puis la ramassa et la jeta loin, hors de portée.
— Dites-moi pourquoi.
L’inquisiteur gémit.
— Pourquoi avez-vous décidé de nous laisser mourir, Xerios et moi, dès que le vacarme a commencé ? Vous nous avez suivis. Vous avez sans doute tout vu et plus, mais vous aviez une cape d’invisibilité. Et quand vous êtes parti, vous nous avez condamnés à mort.
Lentement, Hubert tourna la tête. La vue du chevalier était suffisamment revenue pour qu’il se rende compte qu’il lui avait ouvert le ventre, de part en part. Il restait allongé là, se tenait les boyaux des deux mains et devait souffrir horriblement.
— Non.
Les phalanges du chevalier lui cuisaient autour de la garde de son épée tandis qu’il repoussait sa haine.
— Vous allez mourir ! reprit-il. Voulez-vous partir un mensonge aux lèvres ? Vous avez blessé le Lézard, nous l’avons entendu crier, et le sang par terre était encore frais. Vous avez laissé des empreintes de pas. Vous marchez les pieds en dedans, vermine. Dites-moi pourquoi.
Le visage de l’inquisiteur pâlit sous le bronzage et la poussière.
— Je regrette ! Oui, j’étais, enfin je devais être, juste devant vous, ou pas très loin. J’ai paniqué. C’est tout. Je ne suis pas un guerrier comme vous. J’ai perdu pied. Je ne suis qu’un bureaucrate amélioré qui n’est pas fait pour…
— Vous êtes un serpent amélioré. Vos paroles et vos actes sont du poison. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est que vous avez menti sur la cape d’invisibilité. Même si vous n’en avez qu’une, il n’y avait aucune raison pour que nous risquions tous les trois notre vie. Quelle est votre explication, Maître Inquisiteur ?
— Je suis blessé ! Je… j’ai besoin d’aide !
— Et vous n’en aurez pas. Pour le meurtre de Sieur Xerios, je vous condamne à mort. Mourez, mais lentement en souffrant. Prenez tout votre temps. Et saluez vos frères les vautours pour moi.
Anchise rengaina son épée et s’éloigna.
Trois hommes avaient tué Xerios, et tous devaient mourir. Cela paraissait fort probable et très juste tandis qu’il remontait la pente infinie, le soleil à quelques pouces de sa tête. Les yeux lui cuisaient et pleuraient tant qu’il voyait à peine, et ces larmes étaient tout ce qu’il avait à boire. Hubert avait dû savoir que son petit tour de lumière effraierait les chevaux. Soit il était assez désespéré pour prendre le risque, soit il avait un moyen de rappeler le sien. Peut-être était-ce ce qu’il avait fait en se penchant sur ses sabots. Le chevalier devrait survivre grâce à ses propres jambes. S’il tenait assez longtemps, dans cette chaleur, pour retourner à la ville, si même il la trouvait, alors il serait sans doute attrapé par les frères.
Il gravit la crête la plus haute et s’y arrêta, se frottant les yeux. Ils guériraient sans doute, s’ils en avaient le temps. Ainsi que son bras qui avait pris une couleur violacée. Mais pour l’heure, une brume de larmes cachait Djelad, qui devait pourtant se trouver à l’est. Il repérait le sud grâce à son ombre. Aucun signe de son cheval ou de celui de l’inquisiteur. Et les eut-il aperçus qu’il aurait été bien en peine d’en attraper un. Il se serait simplement épuisé en essayant. Quelqu’un venait. Au début, il ne vit pas qui. Sans doute plusieurs personnes, si décidément tournées vers lui qu’elles devaient déjà l’avoir vu. Il partit à leur rencontre. C’étaient peut-être les frères qui venaient se venger. Dans ce cas, il n’avait aucune chance de leur échapper. Il n’essaierait même pas de lutter. C’était peut-être Haguen, ayant changé d’avis. Ce ne serait plus jamais Xerios. Aussi merveilleux que soient les charmes de guérison des moines, ils ne
pourraient pas réparer une telle blessure.
Il finit par arriver à un promontoire rocheux qui n’offrait aucune ombre, mais permettrait au moins d’attendre assis. La foule approchant était faite de deux chameaux et d’un cavalier. Ils gravirent la longue pente sous le ciel énorme, jusqu’à ce que le cavalier soit assez proche pour être reconnaissable. Haguen. Il avait ôté le chapeau qui masquait sa toison blonde. Les chameaux s’agenouillèrent sur l’herbe poussiéreuse. Démontant rapidement, il rejoignit Anchise et lui tendit une gourde d’eau avant de s’asseoir. Le chevalier but avidement, et les deux hommes se regardèrent un long moment.
— Des remords ? Tu rentres avec moi ?
Haguen secoua la tête.
— Tu as menti pour Janus. D’après Hubert.
Haguen haussa les épaules.
— Seulement en disant qu’il était mort de maladie. Il a été tué dans une attaque. J’ai failli à mon devoir, car j’ai fui.
— Est-ce pour cela que tu as relevé le défi ? Pour mourir ? La culpabilité ? C’était donc vrai. Mais comment peux-tu être avec ces fanatiques ?
La culpabilité ! Sans doute… Avant de juger mes nouveaux frères, pense à l’éthique des anciens. — Qu’as-tu vu ?
— Bien assez — des animaux, des charognards, des rats affamés, des demi-dragons. Le retour de Sobrom est en route, et toi tu participes à cela.
— Tu ne sais pas ce que c’est. La magie du Cœur de la déesse a un prix. Une vie par jour. Le monde va plus mal que tu ne le penses. Sobrom est peut-être la solution. Mais sa résurrection n’est prévue que dans un siècle. Et le temps que tu préviennes le roi, nous serons partis loin. Tu ne peux rien faire. Il faut savoir l’accepter.
— Tu es juste venu pour me dire cela ?
— Je pensais que tu aurais besoin d’aide. On dirait que j’avais raison. Où sont tes chevaux ? Et qu’est-il arrivé à tes yeux ?
— J’ai eu un désaccord avec mon inquisiteur domestique. J’ai gagné aux points.
— Tu ne devrais pas t’associer à de telles racailles. Je viens aussi te dire que je regrette, pour Xerios. Il était excellent, n’est-ce pas ?
— On n’en fait pas de meilleur.
— « Vivre vite, mourir jeune ». N’est-ce pas ce que l’on nous apprend au château ? Mais ils ne savent pas pour moi. Enfin, je suis venu pour Xerios. Je t’ai rapporté son épée pour qu’elle rentre au pays pour lui !
Anchise ne savait pas si la douleur était de rage ou de chagrin, mais elle lui noua la gorge. Il hocha la tête, une seule fois. Haguen attendit un moment, le regardant, attendant peut-être quelque chose.
— On dit qu’un Chevalier ne peut reposer en paix que s’il a accompli son devoir. Lui l’a plus qu’accompli. Mon ami, tu as ma parole — il a été rendu aux éléments comme il se devait. J’ai allumé le bûcher moi-même. Son corps ne sera pas souillé.
— Merci, dit Anchise, les larmes roulant sur ses joues.
— Je t’ai apporté de l’eau et de la nourriture. Et de quoi soigner ton bras. Deux jours plein ouest, puis vise les deux pics qui ressemblent à des crocs, ils te mèneront à bon port. Les tribus sont descendues au sud en cette saison. La route devrait être sûre. Déconcerté par la boule douloureuse qui lui nouait la gorge, Anchise dit :
— Merci. Écoute… J’aimerais pouvoir te dire que je regrette, pour Blaydym. Jamais je n’avais rencontré si bon combattant. Il était bien meilleur que moi.
— Oui, reconnut tristement Haguen. C’était un brave. Il n’a pas appelé à l’aide et il avait bien plus à perdre que… Il voulait juste créer un monde meilleur. En d’autres circonstances, vous auriez pu être bons amis. Je ne t’ai pas félicité pour ta victoire. Restons-en là, veux-tu ? Le sang n’a que trop coulé.
— Oui, nous ferions aussi bien.
— Je regrette que les choses finissent ainsi. Mais dis-moi, crois tu vraiment notre confrérie vraiment plus maléfique que la tienne ? Tu ne penses pas que le projet de changer l’ordre du monde est mauvais ? Qu’en est-il de ton roi ?
Cette question ridicule estomaqua Anchise.
— Je risque ma vie volontairement pour…
— Le roi c’est ça? Nos concurrents aussi, nous as-tu vu forcé la main à qui que ce soit ?
— C’est absurde ! C’est démentiel ! Tous ces morts, tu ne peux pas cautionner cela ! Nous étions amis au château de Seiros. Nous étions presque des frères. Voir un homme en qui j’avais confiance, que j’admirais et que j’aimais, transformé en... en quoi ?
Ce visage familier abritait un étranger. Aucun argument ne ramènerait l’ancien Haguen.
— Nous avions décidé d’en rester là, non ? Je t’ai apporté un lingot, en souvenir. Jette-le si tu n’en veux pas. Mais n’oublie pas, je suis toujours le même. On a juste pris des chemins différents.
— Merci, dit le chevalier.
Ils partagèrent une outre d’eau et se dirent adieu, comme des amis qui savent qu’ils ne se reverront jamais. Ils montèrent en selle et partirent dans des directions opposées.
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Epeistes : Les Chevaliers de Seiros
FantasíaŒuvre que je dédicace à une personne cher. Helas la vie me l'as retirer un triste mois de décembre. Comme quoi le destin ne nous laisse pas forcement libre arbitre. Pour elle voici, les épéistes de Seiros, des combattants légendaires, aux aptit...