La mort est une menace constante au château. Très tôt, il était expliqué aux aspirants épéistes que la formation ou le rituel, bien que rarement exercé, pouvait tuer. Le druide mettait ces échecs sur le compte d’une erreur lors du rituel. Mais Saga était persuadé que celui-ci n’y était pour rien cette fois. Le problème était la volonté.
Le vicomte n’avait pas pris le rituel au sérieux, et n’avait pas eu envie de Dimitri comme Epéiste. Quant à son ami défunt, il s’était condamné lui-même en parjurant lors de la cérémonie. Car il n’avait clairement pas envie d’être le protecteur de Monte Pierres ni le moindre respect pour lui, mais plutôt un sentiment proche de la haine. Deux âmes sans enthousiasme ni respect l’un pour l’autre, la recette du désastre. Le druide et les autres le savaient, ils avaient laissé son ami mourir. L’Ordre l’avait condamné.
Le nobliau était assis contre le mur, en larmes. Le maître des runes et le grand-maître face à lui essayaient de lui faire comprendre que ce genre de chose pouvait se produire.
— Excusez-moi ! dit Saga, écartant ses supérieurs pour passer. C’est mon problème, désormais. Car je vais faire le rituel.
Le jeune aspirant Epéistes saisit le vicomte par les épaules et le releva de force.
— Non, non ! pleura Monte Pierres. Je ne referai pas le rituel. Je ne veux pas vous tuer, je ne voulais pas qu’il meure.
— Si vous ne voulez pas mourir, vous allez devoir le faire avec moi, trancha Saga.
— Comment ? hoqueta le vicomte.
— Vous êtes responsable de la mort du chef des Lions bleus, croyez-vous quitter ce lieu en vie ?
Le grand-maître ouvrit la bouche pour protester, mais le jeune épéiste lui fit un signe discret pour lui faire comprendre qu’il savait ce qu’il faisait. Le vieux chevalier était rude, mais il avait foi en ses pupilles.
— Hier vous vouliez un épéiste, comme l’enfant réclame un chien à ses parents. Ce soir, un protecteur vous est réellement nécessaire. Sans cela, vous ne sortirez pas d’ici vivant.
Le grand-maître avait compris, et cela l’amusait. Le druide lui, se questionnait, cela n’était pas dans les traditions.
— Pitié, gémit Monte Pierres, je veux vivre.
— Alors venez, Monseigneur.
Saga le poussa à travers la foule, qui le fixait d’un air sinistre. Jusqu’au bassin d’eau froide.
— Rafraîchissez- vous. Et reprenez-vous.
Le vicomte se rafraîchit le visage et but plusieurs gorgées d’eau. Puis il regarda l’épéiste.
— Je suis désolé, pour votre ami. Jamais je n’aurais imaginé...
— Il suffit, Monseigneur. Le roi en personne veut que vous repartiez avec un garde personnel. Je dois vous avouer que j’ai l’envie de venger mon frère d’armes, mais si vous mourez ici ce soir, alors Dimitri aura donné sa vie pour rien. Normalement, vous n’avez pas le droit à une autre tentative. Mais en tant que nouveau maître des Lions, je vais demander ce droit de Dioscur qui me permet de faire le même rituel à la suite de mon défunt compagnon d’armes.
— Pourquoi faire cela pour moi ? demanda monte Pierres
— Ce n’est pas pour vous que je le fais. Mais en mémoire de Dimitri. Il était mon meilleur ami.
— Que s’est-il passé ? Pourquoi est-il mort ?
— Vous n’étiez pas prêt, ni l’un ni l’autre. Un serment d’âme est un sort rare et différent. Vous n’étiez pas assez impliqué, et lui a manqué de volonté.
Le vicomte tremblait comme une feuille. Sa couardise était affligeante pensais le jeune homme. Il fallait que les prochaines paroles soient décisives.
— Tout à l’heure, quand je vais faire la cérémonie, je veux que vous pensiez à ma survie, que vous me désiriez comme protecteur. À cet instant, désirez-moi comme vous n’avez jamais rien autant désiré. Quand vous prendrez mon sang et moi le vôtre, pensez que vous luttez pour votre vie.
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La demande exceptionnelle de Saga fut acceptée. Le rituel allait donc recommencer.
Le maître des runes demanda à nouveau le nom de la future épée.
— Je la nommerai Blizzard, tranchante comme le froid, et froide comme la mort.
Le nain sourit, le nom lui parlait bien. Les forges reprirent le travail. La lame fut présentée, courbée, l’acier noir comme le ramage du corbeau et aux gravures blanches et pures comme la neige.
Puis ce fut au tour de Saga de se retrouver nu devant Monte Pierres. Et quand le druide lui demanda son futur nom, l’épéiste répondit Anchise.
Puis la corne de bouc à la mixture peu ragoûtante lui fut présentée. Alors lui aussi eut le doute, pourrait-il servir ce raté toute sa vie ? n’être que l’ornement d’un petit noble ?
Oui, par Eriath, pensa-t-il. Par ma volonté, je ferai évoluer Monte Pierres. Ou mieux, une guerre éclatera, le vicomte devra lever une armée, et alors je pourrai m’illustrer sur les champs de bataille.
Le moment était venu, il regarda l’épée, son épée. La lumière bleutée des étoiles dansait sur l’acier noir.
— Ô, Lune d’argent, ma confidente, ma maîtresse, toi qui connais mon cœur, et vous, Étoiles, mes sœurs, ce soir j’ai besoin que vous me donniez vos forces.
Puis il ingurgita le breuvage d’une traite. Il ne se mit pas à convulser comme ce pauvre Dimitri l’avait fait. Mais il frissonna en sentant monter le pouvoir, la fierté et l’excitation. Ce fut alors que les hourras et applaudissements retentirent. Saga n’était plus aspirant épéiste. Il était Anchise, sieur Anchise, épéiste du roi et du royaume. Lame personnelle du vicomte de Monte Pierres.
Justement, Anchise chercha du regard le nobliau. Étrangement, le rituel n’avait pas changé la pensée de l’épéiste, le vicomte lui semblait toujours aussi pathétique. La différence était plus subtile, plus profonde. Il s’approcha, sentant en lui une dévotion nouvelle.
— Je suis à votre service, Monseigneur. Quels sont vos ordres ? lança respectueusement Anchise.
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Epeistes : Les Chevaliers de Seiros
FantezieŒuvre que je dédicace à une personne cher. Helas la vie me l'as retirer un triste mois de décembre. Comme quoi le destin ne nous laisse pas forcement libre arbitre. Pour elle voici, les épéistes de Seiros, des combattants légendaires, aux aptit...