Les dernières heures passèrent sans qu’ils en eussent conscience. Ils chevauchaient comme en plein rêve, Chiron s’efforçant de trouver le chemin. Laissant Cartoon suivre Destrier. Ces pauvres bêtes trébuchaient d’épuisement, mais ils arrivaient enfin.Les lumières étaient éteintes, bien sûr. Le minuit était dépassé. Nolaig se secoua. Il était glacé jusqu’aux os.
— Cette fenêtre. Lancez des graviers.
Il était trop faible pour se tenir droit en selle. Il souffrait l’enfer dans chaque fibre de son corps et le monde ne cessait de danser sous ses yeux. Cartoon s’arrêta, la tête basse de fatigue.
— Tu penses que je ne connais pas le dortoir des seniors ?
Chiron tomba à plat dos en démontant, et il lança la pierre. Le verre se brisa. Un instant plus tard, un visage apparut — Arthur, malheureusement, mais Beowolf fut vite à son côté.
— C’est moi, Nolaig, dit la Lame épuisée. Besoin de tout le monde. Sauver le chevalier Anchise.
Ils l’allongèrent dans le dortoir sans réveiller un seul maître, serviteur, chevalier ou même junior. Ils laissèrent Chiron l’accompagner, incrédules à l’idée que cet homme fut un des quatre combattants de légende lors des guerres du roi. Une dizaine de seniors se réunirent à la lueur des chandelles, pour la plupart à demi nus, les yeux et les membres encore lourds de fatigue. Nolaig força son cerveau à s’éveiller et raconta tout ce qu’il devait : le roi enfermé au palais de Borgia, Djelad, la mission secrète d’Anchise avant leur naissance — dont tout le monde avait entendu parler sans rien en savoir — et la mort de Xerios, la magie noire aux effets immondes, le rituel cannibale, Hubert le marquis de Kretra le maléfique, le roi transformé en monstre, la dépossession du prince, le sauvetage de l’ancien chancelier. Sa voix se faisait parfois grincement. Alors quelqu’un lui tendait un verre et il reprenait le récit.
— Il délire, dit Diamond.
— Il ne s’est pas coupé l’épaule tout seul, rétorqua Beowolf, le visage rouge et crispé.
— Parangon devait avoir une raison pour vouloir une Lame, après toutes ces années.
Tel était l’avis de Diamond, qui était à présent second.— C’est un vieil homme, suggéra Glouceter.
— Il t’a battu en duel, non ? lança la voix de Hilgor.
— Si nous faisons une chose pareille, nous serons considérés à tout jamais comme ennemis du royaume, vous en êtes tous conscients ? réprima Glouceter.
— Oubliez-vous la légende ? Ce sont les quatre saints qui ont fondé cette école. Les chevaliers de Seiros n’ont jamais été propriétés du roi d’Albaria, mais des garants de la paix et de la justice. Sur le marbre à la forge, rappelez-vous le texte : …quand les forces du mal menacent le monde… lança Beowolf.
— Faut partir, dit Nolaig en se levant.
La pièce tournoyait et refusait de se stabiliser. Venez ou pas. Je dois être là-bas à l’aube. Qui me suit ?— Je viens avec toi, annonça Diamond, pour Anchise, pour Xerios. Si quelqu’un d’autre veut venir, qu’il s’approche. Les autres, retournez au mur là-bas.
Un ou deux commencèrent à s’éloigner. Puis ils revinrent. Et tous s’approchèrent d’un pas. Les chevaliers de Seiros. Nolaig gigotait d’impatience pendant qu’ils s’habillaient, ceignaient leur épée et préparaient le vol des chevaux. Borgia était à plusieurs heures de là, et la nuit était déjà vieille.
Le carrosse du roi arriva environ une heure avant minuit pour le descendre au village. La plupart des gardes l’accompagnèrent, mais trois restèrent en arrière pour garder le seigneur Saga et Daraen, malgré leur mépris pour ce dernier. Anchise dormit pour rattraper les deux nuits sans sommeil. Le temps tourna à l’orage, faisant trembler les fenêtres et fumer la flambée. Le retour du roi parut emplir toute la loge de gens, de bruits, de rires et de plaisanteries. À l’évidence, l’apparition publique était un franc succès.
Dragon et Navarre aidèrent le monarque à remonter dans sa chambre.
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Epeistes : Les Chevaliers de Seiros
FantasyŒuvre que je dédicace à une personne cher. Helas la vie me l'as retirer un triste mois de décembre. Comme quoi le destin ne nous laisse pas forcement libre arbitre. Pour elle voici, les épéistes de Seiros, des combattants légendaires, aux aptit...