12- Trahison part 2

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— Très bien ! lâcha Hubert. Mais vous resterez à résidence jusqu’à ce que je vous fasse appeler.

— Sieur Nolaig, veuillez ranger votre épée, ordonna Saga en s’interposant entre les deux hommes.


L’elfe dévisagea le marquis, ou plutôt le nouveau chancelier désormais. La rage bouillonnait en lui. Cet homme était une menace qu’il aurait pu faire disparaître d’un geste. Mais il se força à obéir à l’ordre donné et remit sa lame au fourreau.

— Bien, Seigneur, finit-il par articuler en lançant un regard froid et hautain à Hubert.

Saga poussa un soupir de soulagement, puis se dirigea vers la porte. Évidemment, l’elfe l’avait précédé et entrouvert la porte pour vérifier qu’aucun danger ne menaçait l’homme sous sa protection.

— Allons, Sieur Nolaig, ouvrez donc cette porte. Rappelez-vous ce que dit le vieux chevalier de Seiros : « Un homme noble de cœur ne se cache pas de ses adversaires ou de la mort, il accepte. »

Le protecteur ouvrit donc la porte en grand en lançant un sourire au chancelier destitué.

Hubert était arrivé à la cour, puis avait filé directement dans le bureau du chancelier. Et enfin, le seigneur Saga ressortait sans l’insigne de son office qu’il arborait depuis vingt ans. La conclusion de la nuit n’était pas difficile.

Dans le couloir, les douze gardiens étaient alignés. Des chevaliers d’élite spécialisés dans les missions à risque ou la protection du roi. À première vue, Hubert ne leur avait donné aucun ordre, car ils se mirent au garde-à-vous à la vue de Saga. À aucun moment ils ne firent un geste pour l’arrêter. Douze gardiens, même Nolaig aurait eu du mal face à eux. Même si bien sûr, il l’aurait aidé dans le combat. L’ancien chancelier fut fier de voir qu’Hubert ait cru qu’il faudrait l’élite de la garde pour arrêter un homme de son âge.

L’épreuve la plus désagréable fut de traverser l’antichambre, pleine d’hommes et de femmes venus pour lui parler. Mais à présent, plus personne ici n’avait de raison de lui adresser la parole. La plupart d’entre eux gardaient même leurs distances et détournaient le regard. Par dégoût ou plutôt par crainte que la disgrâce soit contagieuse, comme cela était souvent le cas dans pareilles circonstances.

La nouvelle de sa chute se propagea sous ses yeux. Des murmures parcoururent la pièce, puis des hoquets de surprise, des grimaces, des regards calculateurs et des expressions de dégoût. Saga voyait tout cela. Mais quelle importance, le fait est qu’il n’avait plus un seul ami à la cour. Rien que des ennemis.

— J’ai entendu dire que Brann Magelus serait favori pour le tournoi des sept royaumes, commença Nolaig avec le sourire et à voix haute, comme si de rien n’était.

Saga sourit, par les Dieux, il lui restait un ami, et celui-ci valait bien cent autres.

— Il est trop tôt pour lancer des paris, mais j’ai ouï-dire que Runel d’Epheurei allait participer. Et on le dit aussi insaisissable que le vent.

— Oui, de plus il maîtrise la magie de l’air. En parlant de magie, il faut prendre en compte Xekio des Élémentaristes.


— Oui, son père Synt était un très grand combattant, je l’ai affronté il y a des années, poursuivit Saga.

— Oh, mais j’ai entendu parler de ce duel dans la vallée du canyon rouge. Ça fait partie des légendes de Seiros. Tout comme le fait que vous ayez déjà remporté sept fois ce prestigieux tournoi, continua Nolaig, l’air détendu et innocent. Les gens regardaient ou écoutaient, mais nul ne fit le moindre bruit. Le chancelier destitué passa dans ses appartements récupérer ses affaires personnelles. Puis emprunta le grand escalier pour se rendre aux écuries. Il rentrerait ensuite chez lui accompagné de son garde du corps. Et à partir de là, attendrait patiemment son sort.

Epeistes : Les Chevaliers de SeirosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant