chapitre vingt-huit : pétales de roses
𝐌𝐞𝐥𝐨𝐝𝐲 𝐉𝐨𝐲 𝐁𝐚𝐫𝐧𝐞𝐭𝐭
Deux ans et demi auparavant.
Portland, Maine.
Installée sur le lit, je regardais par la fenêtre. Il faisait jour, l'ambiance du Portland Night's n'avait plus rien à voir avec celle de la nuit. On toqua à la porte de ma chambre mais je ne réagis pas. Je m'en foutais, très honnêtement.
La porte s'ouvrit et rapidement Kyle arriva devant moi. Il avait les traits durs et fatigués.
On est tous fatigués.
— Montre ! Dit-il froidement.
Je ne bougeai pas. L'énervant encore plus. Très honnêtement la perspective qu'il finisse par me tuer de nerfs m'enchantait grandement. J'étais persuadée que cela adoucirait mon coeur. S'il me tuait, il me libérait. Je n'attendais que cela d'être enfin libre.
Libre de payer pour le mal que j'ai fait.
— Melody, dit-il en se radoucissant et en se baissant devant moi. Montre.
Toujours aucune réponse. Les mots était bloqués au fin fonds de ma gorge. J'avais l'impression de ne plus savoir parler. Comme chaque fois que je vivais un truc suffisamment douloureux, je me murai dans le silence.
Je repensai à cette première fois de ma vie où les mots m'avaient manqué. Je n'avais jamais vécu ce genre de moment avant. Jamais de ma vie j'avais peiné à formuler mes phrases à ce point.
« Aucuns mots ne sortirent de ma bouche. Maman me crierait dessus si elle me voyait ne pas répondre. Papa lui dirait que j'étais timide, il me prendrait dans ses bras et embrasserait tendrement mon front en me disant qu'un jour, je parlerais tellement qu'on me demanderait de me taire. »
Cette mère était l'être que je haïssais de tout mon coeur. Si elle n'avait pas tué mon père, je n'aurais pas eu toute cette vie. Je n'aurais pas dû fuir Portland, je n'aurais pas rencontré Ben. Je n'aurais pas découvert l'amour et je ne l'aurais surtout pas brisé. Je m'en voulais comme jamais je m'en étais voulue dans ma vie, il ne méritait pas cela. Pas une seule seconde.
— Melody, fit Kyle pour me ramener sur terre.
— Je vais bien. Murmurai-je.
— Montre-les.
Un sanglot s'échappa de mes lèvres et le rempart céda laissant place aux larmes qui me brulaient de l'intérieure. C'était trop dur, trop fort, trop douloureux. J'avais l'impression de me consumer. J'avais l'impression qu'on me broyait de l'intérieur comme jamais.
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LÀ OÙ LES CŒURS S'ÉTEIGNENT - TOME DEUX
RomanceLà où les coeurs s'éteignent - tome deux : sombrer. « tu tomberas Melody, quoi qu'il arrive » Un an. Douze mois. Cinquante-deux semaines. Trois cents soixante-cinq jours. Une année sans réponse, sans pouvoir comprendre ce qu'il se passait. La noirc...