Varunn

Prologue

Le vent souffle sur la dune de sable dorée, en cette journée ensoleillée. Au milieu du désert, des enfants jouent bruyamment. Vêtus de tenues lourdes, leur dos est entièrement recouvert d'une peau sombre d'animal. Les petits garçons ont une dizaine d'années et s'entraînent déjà à chasser avec les hommes du village. Dans leurs veines coule le sang de guerrier, celui même qui fait la fierté de leur famille entière. Plus éloigné de la petite troupe, un des enfants trébuche sur le sable et se redresse rapidement. Un oiseau noir survole sa tête et il frissonne, la panique engourdissant ses jambes. Le petit soldat se retourne et une ombre attire son attention. Sur le sable pur se dessine la silhouette trapue d'un objet. L'enfant secoue ses poches avec la peur d'avoir égaré un de ses couteaux de chasse. Il s'approche de cette forme, les paupières plissées à cause du vent qui hurle. Il n'a même pas le temps d'esquisser le moindre mouvement que le responsable de la troupe vient le chercher :

« Aaskell, que fais-tu ? La tempête se lève, il faut rentrer au village. »

Le cheval du chasseur abat nerveusement ses sabots contre le sable, dont les grains remuent et s'envolent rapidement. Le petit garçon s'accroupit au-dessus de sa découverte et pointe du doigt les vêtements ensevelis avec énergie :

« Il y a quelqu'un sous le sable ! Il faut l'aider ! »

Aaskell observe silencieusement le visage à la surface, dont les yeux sont fermés. Le vent a découvert le cou et les épaules de cette inconnue, jusqu'au haut de son torse. Intrigué, le vice-chef de meute descend de son cheval pour regarder à son tour cette femme endormie. Sa tête se tourne vers les nuages menaçants dans le ciel et le chasseur peine à maintenir son destrier tranquille. Une seule pensée occupe alors son esprit : il faut rentrer.

Il fait signe au jeune de monter sur le cheval d'un autre chasseur, et jette un regard à cette femme immobile sous le sable. Il secoue la tête et grommelle en s'approchant de l'inconnue ensevelie. Dans un dernier effort, le soldat redresse le corps inerte et le porte jusqu'à son cheval. L'animal observe son écuyer avec anxiété et le chasseur saute sur la selle, la jeune femme allongée entre lui et l'encolure musclée de l'équidé. D'un signal, le cheval part au grand galop sur un chemin qu'il connaît bien, pour rentrer au village. Ses sabots lourds martèlent le sable en faisant voler la poussière autour de lui.