Chapitre 11

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Mes pieds parcourent le couloir froid de la maison de Saevald. Doucement, je longe les murs en silence et me glisse dans la cuisine pour y trouver des vivres. Héla est partie au marché ce matin, me laissant seule dans la vaste demeure. J'explore la cuisine avec l'eau à la bouche et penche mon visage au-dessus des multiples plats froids. Curieuse, je renifle l'odeur délicieuse de la viande et des légumes et cherche avec appétit une cuillère pour me servir. J'attrape une tranche de pain frais pour la garnir généreusement de nourriture. Ne sachant pas comment réchauffer mon plat, je croque dans le pain et ferme les yeux, ravie. Je dévisage le cercle de bois où s'entassent les cendres, témoins d'un ancien feu désormais éteint. Tant pis, manger froid n'est pas si mal. Je termine rapidement ma tranche de pain garnie et lèche mes doigts avec gourmandise. Par précaution, je fourre deux autres tranches sèches dans les poches de ma tunique sale, si la faim me prend avant l'heure. Je plonge mes mains en coupe dans une bassine d'eau et avale cinq gorgées pour étancher ma soif. Rassasiée et revigorée, je souris et me redresse pour retourner dans le salon. Je réajuste ma tunique et hésite un instant, la chambre de Saevald et Héla juste derrière moi. Je cède finalement à la tentation et m'introduis dans leurs quartiers. J'observe le lit de paille et de tissus souples couvert de peaux et couvertures diverses. Près des murs, des habits de guerrier et tenues traditionnelles s'entassent, toutes appartenant à Saevald. Je ne repère aucune affaire de Héla dans cette pièce, mais plutôt dans une autre petite salle réservée similaire à ma chambre. Je hausse les sourcils et compare silencieusement les deux chambres. Héla ne dort pas avec Saevald. Elle a emprunté sa chambre en son absence, mais leurs couchages sont bien séparés.

Une once de fierté traverse mon cœur et je tourne les talons pour terminer ma visite de la maison. Je passe devant la salle dans laquelle se tiennent le bassin de toilette et les sanitaires pour continuer vers le bout du petit couloir. Cette partie est davantage sombre car l'éclairage n'atteint pas la porte de bois discrète. Je pose lentement ma paume contre le matériau lourd et pousse énergiquement afin d'ouvrir l'issue. De la poussière s'envole, balayée par le léger courant d'air. J'attrape une bougie dans une des chambres et me hâte de descendre les quelques marches de pierre. Mes orteils embrassent l'humidité du sol et je frissonne de froid. J'effectue un mouvement circulaire avec la petite flamme pour éclairer le plus possible cette pièce étrange. Le long de chaque mur se tient une rangée de matériel militaire, allant du bouclier à l'épée en passant par la lance et l'arc. J'observe avec fascination les métaux scintiller au passage de la lumière et je souris. Je frôle de mes doigts la pointe d'une épée et le métal s'éclaire légèrement à ce contact.

« Magnifique. »

Je continue mon exploration avec joie et admiration pour les artisans forgerons qui ont travaillé de telles merveilles mortelles. Au centre de la pièce trône fièrement une immense table recouverte de parchemins, traduisant des stratégies militaires à l'aide de symboles que je n'arrive pas à déchiffrer. Je saisis l'un de ces plans et plisse les paupières pour tenter de lire ces runes inconnues, sans succès.

« Varunn ? »

Je sursaute violemment et lâche ma bougie sous l'effet de la surprise. Je retiens un cri en constatant que la flamme s'approche dangereusement des parchemins. La voix de Héla dans le salon résonne et je tente de récupérer un maximum de papier pour les sauver. Malheureusement, la bougie a coulé sur la majorité d'entre eux, enflammant tous les écrits. Je constate le désastre avec effroi, impuissante.

« Oh non, non, non... »

J'arrache un tissu épais qui était accroché au mur et recouvre la table avec, en tapant de mes mains pour étouffer les flammes. La fumée m'étouffe et je tousse plusieurs fois avant d'arriver à éteindre le petit incendie. Je rassemble les cendres sur le sol et les écrase avec mon talon, tachant au passage ma tunique sale.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant