Chapitre 22

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Je replace mon manteau sur mes épaules et couvre mon visage avec une capuche large pour ne pas être reconnue. Je tente de rassembler mes cheveux épais en une longue tresse blonde dont certaines mèches s'échappent pour tomber devant mes yeux. Saevald est déjà prêt à partir, il vient de sortir de la maison. Avec une précaution infinie, je sors de ma chambre et ouvre la porte d'entrée pour le rejoindre discrètement. Le jour touche à sa fin et la lune pointe le bout de son nez dans le ciel. Le village commence à s'endormir et est bientôt plongé dans le silence. Je déambule dans les rues telle une ombre jusqu'à atteindre le camp d'entraînement, près duquel les chevaux des soldats sont attachés. Saevald caresse tendrement une des montures gracieuses à la robe noire.

« Où est Aaskell ? »

Le chef des armées remarque alors ma présence et esquisse une moue en saisissant son épée pour la ranger dans son fourreau.

« Le sbire de mon père l'a enfermé dans sa chambre pour qu'il ne se joigne pas à nous ce soir. Toutefois, je me suis assuré qu'il ne parle à personne de notre absence.

— Que t'a-t-il demandé en échange de ce silence ?

— Je lui ai donné l'une de mes plus belles épées. Mais cela ne fait rien, car je n'en utilise qu'une lorsque je me bats. »

Le soldat place ce qui s'apparente à un filet composé de cordes autour de l'encolure de l'animal ainsi qu'un tapis et une selle de cuir sur son dos. Il me présente son cheval avec une once de fierté dans sa voix :

« Il s'appelle Sleipnir.

— Comme le cheval d'Odin ?

— Oui, sauf que celui-là n'a que quatre membres. »

Saevald sourit et gratte amicalement le toupet du puissant destrier. Je me moque :

« N'est-ce pas prétentieux de nommer son cheval comme celui d'un dieu ?

— Je ne le pense pas ainsi. Au contraire, j'honore ma monture en lui donnant un tel nom. »

J'acquiesce et tends la main pour toucher les naseaux frémissants du cheval. Pendant ce temps, Saevald place une besace remplie de quelques vivres devant la selle.

« Les chevaux sont des animaux passionnants. Ils ressentent ta peur, ta joie ou ta colère. Ce sont de fidèles compagnons, notamment pour la guerre. »

Je croise le regard de Sleipnir et souris en silence, convaincue par la gentillesse de cet animal. Saevald rabat sa capuche sur sa tête et détache son cheval. Il prend appui sur l'encolure et saute pour s'asseoir dans la selle. Une fois en place, le soldat me tend son bras pour m'aider à monter derrière lui. D'abord hésitante, je caresse la croupe du destrier et prends appui sur Saevald. Une fois à califourchon, je place mes bras autour de la taille du chef des armées pour me maintenir en place. Il frissonne à ce contact et bouge deux fois ses talons pour faire trottiner son cheval. Nous nous éloignons rapidement du village et je ne peux m'empêcher de suivre des yeux les maisons qui se rapetissent à l'horizon.

« Combien de temps avons-nous jusqu'à notre destination ?

— Il faut environ quatre heures pour atteindre l'ouest du désert. Mais puisque nous contournons par le sud, je dirai plutôt cinq ou six heures à bonne allure. »

J'acquiesce en silence et replace ma capuche autour de mon cou pour me protéger du froid. Le cheval part au galop, guidé par Saevald. Je m'accroche fermement à la tunique chaude du soldat et ferme les yeux pour me laisser porter par le rythme régulier des sabots contre le sol.

La nuit s'obscurcit davantage et notre monture ralentit pour repasser au pas. Je redresse la tête avec curiosité, alertée par cet arrêt soudain. Saevald perçoit ma peur et descend calmement du cheval.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant