Chapitre 24

312 22 0
                                    

Je saisis mon épée d'entraînement et me déplace lentement, comme si mes pieds étaient positionnés sur des œufs. Je brandis la lame de métal devant moi puis sur ma droite et enfin sur ma gauche. J'exécute un mouvement avec mon poignet pour faire tourner mon arme gracieusement et ferme les yeux. Le métal se met à vibrer de façon imperceptible et se teinte de la lumière du seidr.

« Varunn, cela fait une semaine que nous sommes rentrés et tu passes tes journées à te battre dans la forêt. »

Je souris en reconnaissant la voix de Saevald et me retourne vers lui. Son regard me sonde quelques instants et il hausse les sourcils, amusé. Je me positionne correctement et replace mon épée avec un air de défi :

« J'attendais ta venue. »

Le soldat me rend mon sourire et sort son arme de son fourreau. Il hoche la tête pour me saluer et s'avance vers moi pour m'attaquer. Je pare son geste et développe mes sens grâce à la magie. À présent, je suis en mesure d'anticiper ses mouvements et de le déstabiliser. Saevald tourne autour de moi à la recherche d'une faille. Nos épées se croisent et il décide de changer de stratégie d'attaque. Le combat est serré mais je me laisse distraire une seconde. Le chef des armées balaie mes pieds pour me faire tomber et je brandis mon arme pour contrer ses coups. Je ne peux supporter plus longtemps sa force et il rapproche encore plus son visage du mien. Les lèvres de Saevald frôlent les miennes avec insolence mais ne les touchent pas. Au lieu de cela, le guerrier se redresse et ramasse son épée. Je soupire avec frustration face à ce comportement. Il me tend son bras mais je préfère me lever seule.

« Ta technique de combat est presque parfaite. Il est évident que tu es une guerrière Jomsviking à présent. »

Flattée par ce compliment, je hoche la tête avec reconnaissance et essuie la terre de mes vêtements.

« As-tu trouvé ce que je t'ai demandé ?

— En partie. Mon père dispose de nombreux parchemins de rapports de guerre qui abordent le seidr. Cela ne te permettra pas d'apprendre à le maîtriser, mais au moins à le comprendre. »

Saevald me montre les papiers regroupés sur le sol, qu'il a volontairement posés avant de m'affronter en duel. J'en saisis un au hasard et parcours rapidement les lignes manuscrites.

« Merci. Cette aide est très précieuse pour moi. »

Le guerrier sourit poliment mais ne cesse de me dévisager. Il fronce légèrement les sourcils et croise les bras sur sa poitrine :

« Varunn... Combien d'heures as-tu dormi cette nuit ?

— Je... Je ne sais pas, assez pour pouvoir m'entraîner.

— L'utilisation de la magie te fatigue, ça se voit. Tu as une mine affreuse.

— Ne sois pas aussi dur.

— Non, sérieusement. Tu t'épuises à vue d'œil. »

Je saisis la totalité des parchemins et esquisse une moue désapprobatrice.

« Bien. En tout cas, ces prochains jours seront réservés à la lecture de ce que tu m'as apporté. Je réduirai mon entraînement à une heure quotidienne si tu le souhaites. »

Je sais que ces paroles ne suffiront pas à rassurer Saevald, mais au moins me laissera-t-il tranquille. Sans un mot de plus, le soldat saisit mon épée et la sienne et me suit jusqu'au village.

« Comment va ta blessure ? »

Je baisse machinalement la tête pour jeter un regard sur le bandeau toujours placé sur ma poitrine et hausse les épaules :

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant