Chapitre 19

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Mes yeux s'ouvrent lentement et je me réveille avec une sensation pâteuse dans la bouche. Ma gorge est sèche et ma langue touche nerveusement mes dents à la recherche de salive. Une étrange sensation de déjà-vu me parcourt et je frissonne avec horreur. Je réalise que j'ai oublié une partie des événements de la journée d'hier. Oh non. Pitié, faites que mon amnésie ne recommence pas. Je ne veux pas oublier qui je suis. Je ne veux pas oublier Erika ni Saevald. Je ne veux pas. Paniquée, ma poitrine se soulève en sursauts et mes poumons cherchent de l'air en vain. Non, non, non. Je tente de me relever sur le lit de l'infirmerie afin d'apercevoir un visage familier.

Soudain, des bras attrapent mes épaules et m'immobilisent avec assurance. Je hurle de frayeur jusqu'à ce que le visage d'Erika entre dans mon champ de vision.

« Varunn, c'est moi. Tout va bien, tu t'es juste évanouie. »

Mes mains tremblent violemment et je dévisage mon amie avec intensité. Elle fronce les sourcils et recule légèrement face à mon regard perdu.

« Qui suis-je ? Tu le sais ? Qui suis-je ? »

Je répète plusieurs fois cette question en balançant ma tête d'avant en arrière. Assise sur mon lit de paille, je fixe mes genoux, torturée par le doute. Erika s'agenouille devant moi pour être à ma hauteur et saisit mes mains pour tenter de calmer mes spasmes.

« Tu t'appelles Varunn. Tu as été retrouvée dans le désert il y a quelques mois et ramenée ici. Depuis, tu es devenue citoyenne du village des Jomsvikings. Tu t'es battue contre le fils du village, Saevald, pour prouver ta force et intégrer l'armée. Tu as réussi, tu as gagné ce duel. Après ça, tu étais tellement épuisée que tu t'es évanouie. Je t'ai amenée à l'infirmerie pour te soigner. »

À mesure que mon amie me compte ces détails de mon passé, je recolle les morceaux de ma courte mémoire pour refaire le lien entre les événements. Je me souviens. La chaleur du métal lors du combat, cette énergie étrange qui m'a envahie. La défaite de Saevald et les cris de la foule. Je n'ai pas rêvé, c'était bien réel. Mon corps se calme peu à peu et Erika me tend un verre d'eau que j'avale d'une traite. Je la remercie et saisis un morceau de linge propre et humide qui se trouve près de mon chevet. Je le pose délicatement sur mon front puis sur ma nuque pour apaiser l'anxiété qui redescend lentement dans ma poitrine. J'en profite pour laver mon visage et essuyer la sueur qui perlait sur mes tempes.

« Comment te sens-tu ?

— Mieux, merci.

— Bien. C'est normal d'être un peu perdue après un malaise, parfois les idées sont floues au réveil. Mais ne t'en fais pas, tu es en sécurité ici. »

J'acquiesce avec une profonde gratitude. Mon ancien mentor me sourit en retour et se redresse à l'aide de sa canne solide. En quelques minutes, j'ai entièrement repris mes esprits. Erika me laisse seule après s'être assurée que ma forme soit optimale. Je me redresse dans la tente presque vide et décide à mon tour de sortir pour rejoindre la lumière du soleil. À en juger par l'euphorie toujours présente au centre du village, j'en déduis que je n'ai comaté que quelques minutes. Le dernier duel de recrues vient à peine de commencer. Je m'éloigne une fois de plus de cette agitation bruyante pour rejoindre la maison de Saevald. N'ayant pas d'autre endroit où aller, je pousse la grande porte de bois et franchis le pas jusqu'au salon. Des pensées plein la tête, je me dirige vers ma chambre sans bruit. Ma main se tend vers la poignée, mais la voix de Saevald dans l'entrée me tire de mes réflexions.

« Te voilà, je te cherchais partout. Où étais-tu ? »

Je me retourne et rebrousse chemin pour rejoindre le maître de maison qui est assis au milieu du séjour.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant