Chapitre 8

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Je reste plantée au milieu du couloir d'entrée, complètement déboussolée. Saevald observe mon comportement avec un regard à la fois curieux et décontenancé. Lui-même ne sait pas comment agir et ses mains traduisent sa nervosité.

« Prends place, fais ce que tu veux. Tu souhaites peut-être manger quelque chose ? »

Ses yeux se posent sur ma tunique sale et il hausse les sourcils :

« Ou peut-être préférerais-tu te laver d'abord ? »

Je hausse les épaules et contemple ma tenue décalée en comparaison du sol propre et de la pièce impeccable autour de moi. J'ai l'air d'un animal sauvage et complètement apeuré, dans un palace lumineux et inconnu. J'acquiesce avec enthousiasme à l'idée de sentir mon corps propre et ma peau soulagée de la sueur qui la recouvre. Alors, Saevald acquiesce et se retourne pour me désigner une pièce qui donne vers l'extérieur, éclairée par la lumière du soleil qui se couche. Intriguée, je le remercie et pénètre ce lieu curieux. Devant moi, une petite fosse a été creusée et les parois sont consolidées par une texture étanche solide dont j'ignore le nom. Je m'accroupis devant le petit lac artificiel et trempe mes pieds lentement dans l'eau tiède. Cette sensation agréable me submerge et je me hâte de me déshabiller entièrement. Désormais nue, je m'assois dans la fosse et ma paume frôle la surface du liquide transparent. Je crée des légers remous autour de moi et souris à l'idée d'être enfin en sécurité. Je penche ma tête en arrière et l'eau caresse mes cheveux détachés jusqu'à toucher leurs racines sur mon crâne. Je m'allonge entièrement et trempe ma peau tout entière, bercée par un sentiment de plénitude. La fatigue m'envahit soudainement et je ferme les yeux dans mon bain. Après de longues minutes immobiles, je me redresse et saisis avec curiosité un petit sceau près de moi. Je plonge ma main à l'intérieur et y découvre des cendres de bois. Ravie, je me hâte de frotter les cendres sur ma peau mouillée pour éliminer la saleté. Mon corps se couvre rapidement de ce mélange sombre et rêche, jusqu'à se confondre avec la terre que je m'efforce d'ôter. Ceci fait, je plonge une dernière fois dans l'eau devenue noire pour me rincer. Mes doigts caressent mes épaules et mon abdomen pour descendre sur mes jambes et je savoure cette sensation de douceur. Je souris et me redresse pour sortir du bain. Je constate avec étonnement que du linge propre a été mis à ma disposition sur le seuil de la porte pendant que je me lavais. La nouvelle robe semble trop grande pour moi, mais je contemple les broderies fines et nobles qui la recouvrent. En comparaison de ma tunique sale, cette tenue vaut de l'or. Je ne serais même pas surprise qu'elle vaille effectivement très cher, puisqu'elle provient de la maison du chef de l'armée, fils du souverain du village.

Une fois habillée et prête, je sors de la pièce pour rejoindre la pièce de vie où Saevald m'avait accueillie. Mes pieds nus touchent le sol froid et je frémis à ce contact. Je pose ma main contre le mur et balaye du regard le séjour. J'aperçois Saevald assis sur une grande chaise, les coudes posés sur une table de bois polie. Il remarque ma présence, sourit gentiment et se dépêche de ranger la petite sculpture qu'il était en train de façonner.

« Tu es ravissante, Varunn. »

Je hoche la tête, plie mes genoux timidement en signe de révérence et accepte son compliment avec joie. Quelque peu intimidée, je rougis et passe rapidement ma main sur mes joues écarlates. Il m'invite d'un geste à le rejoindre à table et je tire une chaise vers moi. Les pieds du meuble raclent le sol et brisent le silence. Je m'assois calmement, le dos bien droit et les paumes à plat contre mes cuisses. Ne sachant que faire ni comment me comporter, je fais frétiller nerveusement ma cheville gauche, qui fait trembler mon genou. Saevald le remarque et ses yeux se posent sur ma cuisse.

« Je suis curieux à ton sujet. Tu affirmes... N'avoir aucun souvenir, c'est exact ? »

Je redresse mon visage et croise son regard de braise. Il fallait que je m'y attende, car bien qu'il m'ait défendue devant son père et les villageois, il désire autant qu'eux connaître la raison de ma venue parmi eux. Je prends une grande inspiration et m'exprime d'une voix claire :

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant