Chapitre 33

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Je me réveille en sursaut, le corps meurtri. Une vive douleur me paralyse de nouveau et je reste allongée sur le sol humide de la prison des Berserks. Je garde une main sur mon abdomen et constate que des bandages ont été placés sur ma blessure. Surprise, je fronce les sourcils et tente de redresser la tête pour observer les environs. Une silhouette féminine est assise près de ma cellule, de l'autre côté des barreaux. Je cligne plusieurs fois des yeux, abasourdie.

« Hilda, c'est toi ?

— Ton cerveau est encore sous l'effet des antalgiques. Tu es sujette aux hallucinations de la Jusquiame Noire.

— Qui es-tu ?

— Celle qui t'a sauvé la vie. Je suis la médecin des Berserks. »

Je tourne ma tête et découvre un plant de ces fleurs mortelles, sagement installé dans un coin de ma cellule. Je tente de me lever mais la douleur devient trop forte pour que je ne fasse le moindre geste. Malgré le peu de luminosité, je parviens à voir la tache de sang sur les bandages qui s'accroît.

« Tu as eu de la chance, mais si tu continues de bouger, tu seras morte.

— À qui la faute ? C'est l'un des vôtres qui m'a infligé cette blessure.

— Que tu as amplement mérité, puisque tu as aidé un peuple à piller notre village et massacrer nos villageois.

— Alors pourquoi me soigner ?

— Car nous te bénissons, toi et ton père. Tu es à l'origine de notre force, tu es la mère des fleurs qui nous donne notre courage. »

Je soupire et lève les yeux au ciel. Je grommelle avec désapprobation et décide de me relever malgré l'interdiction de cette femme. Mon bandage se couvre de sang, mais je l'ignore, décidée à ne pas attendre mon destin comme un rat dans sa cage.

« Arrête ! »

La femme se lève et accroche les barreaux avec ses mains pour attirer mon attention. Sa voix est empreinte d'urgence, mais je l'ignore.

« Tu ne comprends pas... Tes blessures sont graves. La lame a transpercé tes muscles jusqu'à ton intestin grêle, voire peut-être ton rein droit. J'ai essayé de te soigner au mieux, mais... je n'ai pas entièrement réussi. Je ne suis que médecin, je ne suis pas magicienne. »

Je pose mon dos contre le mur et tente de calmer le tremblement de mes mains. Certes. Si ma rune de protection a été aussi puissante, alors sans doute peut-elle me guérir. Je dessine sur mon bandage avec mon index et tente de contrôler ma respiration pour canaliser le seidr. Mon pouvoir est devenu instable à cause d'une perte importante de sang, et je n'ai pas récupéré toutes mes forces. La jeune médecin m'observe en silence tandis que je tente de soigner ma blessure. Une faible lumière apparaît et je serre la mâchoire en sentant les tissus de ma peau se régénérer. La douleur semble doucement s'apaiser et je détends progressivement mes muscles, rassurée. Mais je sens que quelque chose ne va pas. Malgré mes efforts, les crampes abdominales resurgissent violemment et je me penche en avant. Je déroule avec hâte mon bandage pour observer ma peau presque entièrement cicatrisée. J'essuie le sang qui commence à sécher sur mon ventre et fronce les sourcils sans comprendre.

« Pourquoi est-ce que je ne guéris pas ?

— Oh, tu n'étais pas au courant.

— Tu m'as empoisonnée ? »

Je traverse ma cellule avec difficultés pour m'approcher de cette médecin. Je saisis sa tunique à travers les barreaux et plaque de force son corps maigre contre le métal de ma prison.

« Qu'est-ce que tu m'as fait ? »

Son menton tremble de peur et sa voix se fait tremblante.

« J'ai essayé de te sauver, mais je n'ai pas pu sauver l'enfant que tu portais. »

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant