Chapitre 30

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Ma tête roule sur mes épaules et je relâche mes muscles épuisés. Je lutte contre le sommeil de peur que quelqu'un ne m'attaque en pleine nuit. L'humidité ruisselle sur les pierres de ma cellule et forme des gouttes qui tombent à allure régulière. Je me concentre pour ne pas penser à l'eau qui résonne sur le sol et risque de me faire sombrer dans la folie. J'entends le bruit lointain des soldats qui préparent leurs chevaux pour entrer officiellement en guerre contre les Berserks. Le jour va bientôt se lever. La panique me submerge lorsque des pas se font entendre dans le couloir. C'est l'heure. On vient m'exécuter. Je me débats avec mes chaînes avec l'énergie du désespoir et fais saigner mes poignets à force de les frotter contre le métal. Je ne veux pas mourir. Pas maintenant. Les larmes me montent aux yeux et je geins avec la voix d'un chat qui s'est coincé la patte.

« Pathétique. »

Je redresse la tête et peine à voir mon visiteur qui garde la tête dans l'ombre de sa longue cape. Je stoppe immédiatement mes mouvements lorsque cet inconnu redresse sa main devant le verrou de ma cellule. Le déclic résonne avec un chant sinistre et un frisson me parcourt de la nuque jusqu'au bas du dos.

« Varunn. La seule et unique fille de Váli, lui-même fils d'Odin. Tu leur ferais honte. »

Je fronce les sourcils et secoue la tête, comme pour m'assurer que je ne délire pas.

« Qui me parle de honte alors qu'il ne montre même pas son visage ? »

Je crache avec dédain sur le sol et secoue davantage mes chaînes qui s'entrechoquent dans un vacarme assourdissant. Face à ma réaction, l'intrus – qui se trouve être une femme – ôte sa large capuche. Je contemple avec une surprise non contenue le visage d'Erika devant moi.

« Qu'est-ce que...

— Rassure-toi, je ne suis pas ton amie. J'ai pris son apparence pour duper les gardes qui surveillent l'entrée. »

Je feins de l'avoir deviné en roulant les yeux vers le ciel :

« Permets-moi de te dire que tu te renseignes très mal sur tes modèles. Erika ne peut plus marcher sans sa canne, et tu n'en as pas. »

La femme fronce les sourcils et s'approche de moi lentement. Je recule légèrement ma tête lorsque ses doigts frêles touchent mon visage.

« Toi, qui es-tu ?

— Je m'appelle Hilda. C'est ton père qui m'envoie te chercher, pour que tu puisses accomplir le destin qui t'a été donné. »

Son apparence se change progressivement pour prendre mes traits et je retiens un haut-le-cœur. J'ai l'impression d'être face à mon propre reflet. Je détourne le regard et esquisse une moue :

« Tu veux parler du destin que Loki a provoqué ? Figure-toi qu'il est venu me voir, au moins. Mon cher paternel ne l'a toujours pas fait.

— Et pourtant si. La rune de protection que tu portes sur la peau était de lui. Elle t'a toujours protégée, et ce, depuis ton arrivée dans ce village. C'est le réveil du seidr qui l'a rendue visible. »

Je refuse d'entendre davantage de ces histoires futiles et agite mes poignets pour que cette polymorphe me libère enfin. Mais elle m'ignore complètement.

« Tu n'appartiens pas à ce monde, Varunn. La moitié de tes gènes est humaine et l'autre est divine. Tu as hérité le seidr d'Odin lui-même.

— Je n'ai que faire de ces belles paroles. Tu me flattes comme si tu attendais quelque chose en retour.

— Car c'est le cas. Je veux que tu détruises tes runes mentales. Pour que tu retrouves la mémoire et le plein contrôle sur tes pouvoirs.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant