Chapitre 21

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Mon épée de bois entre les mains, je m'entraîne au combat avec les autres recrues de l'armée des Jomsvikings. J'entends le son des armes factices qui s'entrechoquent tout autour de moi alors que les élèves appliquent scrupuleusement les conseils des soldats expérimentés. Cela fait un mois que je suis cette formation, qui a pour objectif de nous enseigner les stratégies de combat en groupe. Le conseil a besoin de soldats opérationnels le plus tôt possible pour défendre le village en cas d'attaque ennemie. Malheureusement, les guerriers actuels n'ont jamais participé à une guerre, car la dernière remonte à la tuerie de masse qui a emporté le fils du chef. Cette nouvelle génération a appris à vivre en paix, pas dans la peur de l'invasion ennemie.

Mon regard croise celui de Sven, qui observe d'un œil dominant la troupe de novices s'entraîner. À mon grand regret, je suis encore sous tutelle et donc incapable de prendre mes propres décisions. Le chef du village exige une surveillance accrue de mes mouvements pour tenter d'influencer à son avantage cette prophétie qu'il redoute tant. Je le sais : sa plus grande peur serait de perdre son deuxième fils lors de cette guerre.

« Tu apprends vite, c'est bien. Cela ne m'étonne pas. »

Je sursaute en reconnaissant la voix de Saevald derrière mon épaule. Je lâche mon épée de bois et salue mon adversaire poliment avant de me retourner vers le chef de l'armée.

« Cela fait des semaines que je ne te vois plus et tu oses interrompre mon entraînement sans t'excuser ? »

Je souris et le taquine d'un air moqueur. Saevald me rend mon sourire mais se fait plus discret quant à sa joie de me revoir. Il balaie du regard les autres recrues et baisse finalement son regard vers moi :

« J'ai eu de nombreuses réunions militaires et tu le sais. D'ailleurs, je suis venu t'annoncer que je repars en mission dès demain. »

Frustrée de perdre un allié stratégique, je soupire et ne cache pas ma déception sur mon visage. Je contourne Saevald pour aller troquer mon épée de bois contre un arc et trois flèches.

« Varunn...

— Ne me parle pas. Tu sais très bien qu'en ton absence, je serai à la merci de ton père et du conseil.

— Je le sais. Écoute-moi ! »

Alors que je me dirige vers la forêt à la recherche d'un tronc d'arbre pour cible, je m'arrête subitement et tourne les talons vers ce guerrier qui me supplie.

« Je suis venu te parler car j'aimerais te proposer de venir avec moi. Nous allons patrouiller dans le désert où Aaskell t'a retrouvée. Je pensais que te faire revenir sur les traces de ton passé pourrait raviver tes souvenirs. »

Je hausse les sourcils et lève les yeux au ciel en reprenant ma route vers la lisière des bois :

« Tu aurais pu trouver une meilleure excuse.

— Je suis sérieux ! Aaskell souhaite nous accompagner, il est d'accord pour la mission.

— Laisse cet enfant tranquille, il est beaucoup trop jeune.

— Certes, mais je serai là pour le surveiller. »

Debout devant un arbre massif, je prépare ma flèche et place mes doigts sur mon arc et la corde en tension. Je calme ma respiration et tente de ralentir les battements de mon cœur pour me concentrer. Je ferme un œil et lâche la corde. La flèche se plante directement dans le tronc, mais à environ vingt centimètres de mon objectif. Je soupire.

« Saevald, tu sais que ce territoire n'est pas sûr. Il n'est pas sur le territoire des Jomsvikings.

— Ne me prend pas pour un idiot, Varunn. Je te signale que j'ai plus d'expérience que toi. Je connais mieux que quiconque les frontières de notre territoire.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant