Chapitre 39

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J'observe le sourire éclairer le visage d'Erika alors qu'elle dépose soigneusement une couronne de métal et d'or sur le sommet de ma tête. Mes cheveux sont rassemblés en longues tresses qui tombent sur mes épaules et plusieurs fleurs ornent ma coiffure. J'effleure ces décorations fragiles et colorées avec fierté. Erika me lance un regard sévère et je stoppe mon geste.

« Je n'ai pas travaillé si dur pour que tu décoiffes tes cheveux. Ne touche pas à ces tresses, si tu ne veux pas que je fasse une syncope.

— Bon, très bien. »

Je pouffe de rire devant sa moue vexée et elle m'adresse un regard faussement outré. Une fois prête, je baisse la tête vers ma robe et tourne sur moi-même avec un sentiment de fierté. Je suis reconnaissante du cadeau d'Erika qui signifie beaucoup pour moi. Elle a remplacé la mère que je n'ai jamais eue.

On frappe à la porte et je me retourne pour l'ouvrir. Estrid, l'armurière, me sourit et son regard parcourt ma tenue avec admiration. Elle me tend l'épée qu'elle a taillée et affûtée toute la nuit, à ma demande. Je récupère l'arme tranchante et baisse mon visage en signe de remerciements.

« Ton travail est très réussi.

— J'ai utilisé le meilleur métal pour que l'épée soit la plus équilibrée possible.

— C'est parfait. Combien te dois-je ?

— Oh non, je ne demande rien. Prends cela comme un cadeau pour votre union. »

Je saisis l'arme d'une main et prends Estrid dans mes bras. Elle sourit avec sincérité et se retire finalement pour me laisser finir de me préparer. Erika hoche la tête et réajuste la taille de ma robe. Mon regard se perd dans la pièce et je murmure :

« J'ai l'impression de bafouer toutes vos règles. Je n'ai pas de robe, pas d'épée, pas de biens à transmettre...

— Arrête de te lamenter. Tu vois bien qu'il y a des personnes sur qui tu peux compter pour pallier cela. Et puis ne t'inquiète pas, Saevald ne t'épouse pas pour tes biens, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des mariages. »

J'acquiesce en silence et mon cœur accélère son rythme dans ma poitrine. Un mélange d'excitation et d'appréhension explose dans ma tête et je trépigne d'impatience. Le moment est venu. Aujourd'hui, je deviens pleinement une Jomsviking, je laisse derrière moi mon ancienne vie pour renaître aux côtés de Saevald, le chef de notre clan. 


Je sors de ma maison, suivie d'Erika, et m'avance lentement vers la place centrale. Je jette un regard vers le ciel et remarque qu'un faucon plane au loin, près des nuages. Je tire nerveusement sur ma robe, ce qui me vaut les foudres d'Erika.

« Ne te comporte pas comme une enfant. Redresse-toi et souris bon sang, on dirait que tu vas à l'abattoir. »

Les tambours résonnent au loin, marquant le début de la cérémonie. Un membre du conseil de Saevald s'approche de moi et me tend son bras, que j'accepte avec un pincement au cœur. Je pense à mon père, Váli, qui ne pourra assister à ce moment que de loin. J'avance jusqu'au camp d'entraînement des soldats et jette un regard vers la foule de villageois rassemblés dans la petite prairie à la lisière de la forêt. Je souris et mon pas se fait plus rapide, plus assuré. Saevald se tient aux côtés de son conseil, devant la petite foule. Son attitude est noble et fière, dans ses vêtements de cérémonie. J'observe que ses cheveux ont été soigneusement coiffés. Je le rejoins près de l'autel et mon regard croise ses yeux bleus brûlant d'une détermination intense.

« Toi aussi, tu as eu droit à une séance de coiffure interminable ? »

Il pouffe nerveusement en réaction à ma tentative d'humour et je suis soulagée de savoir qu'il est aussi paniqué que moi. J'inspire profondément et prends sa main pour ne pas m'évanouir. Les villageois sont rassemblés en cercle, leurs visages reflétant l'excitation et la joie. Un guerrier viking se place devant nous et échange un regard confiant avec Saevald. Il récite quelques phrases en langue ancienne, invoquant les dieux nordiques pour soutenir notre union.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant