Chapitre 27

103 5 0
                                    

L'aube s'est à peine levée que je me hâte de saisir ma tunique pour l'enfiler. Les sens aux aguets, je m'introduis dans la réserve de Saevald et allume une torche pour observer les armes métalliques suspendues sur les murs. Sans réveiller Héla, je sélectionne une épée légère et souris en constatant que sa taille est plus courte que ses sœurs. Ma mission effectuée, je sors discrètement de la maison et longe les bâtisses silencieuses du village. Mes pieds nus glissent en silence sur les pavés mouillés et je traverse les ruelles encore endormies. Profitant de ce sentiment de liberté, j'inspire à pleins poumons l'air frais de la bise matinale.

Ma défaite écrasante de la veille m'arrache un haut-le-cœur lorsque j'arrive près du camp d'entraînement mais je continue mon chemin jusqu'à la lisière de la forêt. Ces stupides soldats ont raison sur un point : je ne peux défendre personne, pas même moi-même, si je suis faible.

Les premiers rayons du soleil percent déjà à travers le feuillage dense lorsque je commence mon entraînement quotidien. Mon épée danse dans l'air, une extension naturelle de mon bras, comme me l'a enseigné Erika. Chaque mouvement est calculé, chaque coup est porté avec précision. Mon esprit est concentré, focalisé sur mon environnement. J'observe les fougères autour de moi et décoche rapidement un coup qui en tranche une poignée. Les plantes glissent sur le sol, leur chute ralentie par le vent. Je souris pour me féliciter et tourne sur moi-même à la recherche d'une autre plante à prendre pour cible. Ce geste brusque m'arrache une grimace et je passe ma main sur mes côtes encore douloureuses d'hier soir. Il faut que je sois plus forte que ça. Je repère un arbre au tronc robuste et l'examine quelques instants. Bien motivée à affiner mes attaques, je plie légèrement les genoux et ancre mes pieds dans le sol pour parfaire mon équilibre. Mon épée fend l'air sans bruit, tranchant proprement vers le tronc de l'arbre. Le métal rencontre l'écorce en un bruit sec, vibrant à travers mon bras jusqu'à mon épaule. Des éclats d'écorce volent autour de moi, tandis que l'impact résonne dans la clairière, faisant fuir les oiseaux à proximité. Je retire mon épée, laissant voir une entaille nette à la place de ma lame.

Le vent fait danser les herbes sur le sol et je contemple ce spectacle silencieux. Alors que je redresse mon épée, un frisson me glace. Une présence, insidieuse et observatrice, semble planer autour de moi. Ma main se crispe sur le pommeau de mon arme et je me retourne, inquiète. Seraient-ce les soldats insolents qui sont revenus me sermonner ? Non, car ils sont bien trop bruyants pour se camoufler dans la forêt. Ma lame se teinte légèrement de bleu au contact du seidr et une sueur froide coule le long de mon échine. Cette magie n'est pas la mienne. Elle est beaucoup plus puissante, beaucoup plus dévastatrice. Mon cœur est si bruyant et rapide dans ma poitrine que je n'entends bientôt plus que le sang frapper mes tempes.

« Qui est là ? »

Une impression de déjà-vu me submerge lorsque j'observe la silhouette d'un homme sortir de l'ombre. Il s'avance lentement jusqu'à révéler son identité à la lumière du jour. Je brandis mon épée vers lui avec un cri de rage lorsque je reconnais l'ancien esclave qui m'a vendue à la maison close. « Toi. Je vais te tuer. »

Je serre la mâchoire et reste sur mes gardes en attendant la réponse du nouveau venu. À ma grande surprise, il ne répond rien et se contente de me fixer de ses yeux vides. Je fronce les sourcils et avance à pas de loup vers lui. Soudain, une lame transperce son thorax par derrière et perfore au passage ses organes internes. Choquée, je sursaute et recule vivement en observant l'homme s'affaisser sur le sol avec un bruit mat. Derrière lui, l'assassin sourit avec malice. Ses cheveux flamboyants semblent danser comme des flammes réelles, et son visage est illuminé par des yeux d'un vert étincelant. Sa présence est à la fois séduisante et terrifiante, accentuée par une aura de puissance et de danger latent.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant