Chapitre 18

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Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit-là. Je ne suis plus qu'à quelques heures de la sélection des futures recrues et l'idée de participer à mon premier combat à l'épée m'impressionne. Afin de me préparer à porter le métal lourd, j'avais pour projet d'essayer l'une des armes privées de Saevald qu'il garde jalousement dans sa maison. Mais la porte a été solidement verrouillée depuis ma dernière visite durant laquelle j'ai réduit involontairement en cendres les parchemins de guerre, ce qui ne m'a pas permis d'admirer une seconde fois ces lames aiguisées et mortelles.

« Tiens, mange à ta faim. Tu dois prendre des forces pour le duel. »

Je remercie Erika qui dépose quatre pièces de styca sur le comptoir de l'auberge du village pour payer mon repas chaud.

« Où as-tu eu cet argent ?

— Je travaille pour la famille qui m'héberge. Je vais tous les jours vendre leur viande au marché, en échange de quoi ils me fournissent quelques pièces. »

Je hoche la tête silencieusement et m'empresse d'avaler le contenu de mon bol. Le stress et l'impatience me creusent l'appétit et je commence à trépigner sur place. Erika baisse son regard vers mon pied qui bouge nerveusement sous ma chaise et elle pose avec calme sa main sur mon genou pour faire cesser le bruit.

« Comment te sens-tu ?

— Bien. Très bien, même. J'ai hâte.

— Ne te précipite pas, le temps vient bien assez tôt. As-tu réussi à dormir cette nuit ?

— Pas vraiment. Mais je ne me sens pas fatiguée.

— C'est l'effet de l'adrénaline. Tant mieux, c'est une bonne chose. »

Je ne relève pas et termine mon bol avec appétit. Erika me donne un léger coup de coude et je tourne la tête, curieuse. Les villageois commencent à se regrouper petit à petit vers la place centrale près de la fontaine. Attirée par le bruit des pas, je me redresse sur ma chaise et tente de me grandir pour voir au loin la place s'obscurcir de monde.

« Ça y est. C'est maintenant. »

Je souris et prends la main de mon mentor pour l'entraîner avec énergie vers la foule de curieux. Je joue des coudes pour me rapprocher au maximum du centre et m'arrête net lorsque je reconnais la voix de Sven.

« Bonjour à tous, chers concitoyens. Si je vous ai fait lever de si bon matin, c'est pour vous annoncer le début des duels de sélection pour intégrer notre si fière armée. Devant vous se dérouleront des combats singuliers qui opposeront les recrues selon la tradition des Jomsvikings. Comme vous le savez sans doute, il y a eu des modifications avec l'ajout d'une femme, Varunn, sur la liste des recrues. Puisque leur nombre est impair, elle affrontera mon fils lors de ce duel. »

Quelques exclamations et murmures se font entendre, mais sont rapidement tus par le chef du village qui lève la main pour apaiser la foule.

« Commençons avec le premier duo. »

Sven appelle les deux prénoms des premières recrues mais mon cœur martèle si fort dans mes tempes que je n'entends pas les nommés. Je balaie la foule du regard pour connaître l'identité des combattants et aperçois un jeune homme mince s'avancer dans le cercle. Son adversaire le rejoint rapidement et les deux se saluent avec respect. Tout comme Erika me l'avait expliqué, ils prennent chacun une épée de métal et reculent de trois pas. Leurs regards se croisent et ils se mettent en position pour attaquer. Le bruit du fer qui s'entrechoque résonne parmi le silence de la foule. Certains villageois tiennent des paris quant au gagnant et les mises gonflent à mesure que le combat dure. L'un des jeunes a clairement le dessus au niveau tactique, mais l'autre est plus rapide et l'essouffle. Ils perdent leurs épées et le plus mince des garçons pose son pied sur le poignet de son adversaire pour l'empêcher de récupérer son arme. Alors que le malheureux est bloqué au sol, le vainqueur saisit l'épée allongée et tend la pointe de la lame contre le cou du perdant. La foule applaudit les deux recrues et Sven félicite celui qui vient de gagner sa place dans l'armée.

VarunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant