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    PARTIE 18     

Voilà 4 jours que je suis revenue chez mes parents. Le quotidien a repris, j'ai du mal à reprendre mes anciennes habitudes mais j'y parviens.
J'ai même trouvé un job sur Paris, pas très loin de chez moi.

Au début, mes parents n'étaient pas d'accord, avec toute cette histoire de kidnapping encore fraîche dans leur mémoire, mais j'ai fini par les convaincre.

Je sors du métro et arrive devant le Monoprix dans lequel je vais travailler. En attendant la rentrée, j'ai rien trouvé de mieux pour me vider la tête. Parce que oui il faut que j'oublie cette semaine loin de ma famille. Il le faut pour mon bien et celui de mes proches.

En parlant d'eux, Wahiba et mes cousins sont venus me voir à la maison il y a deux jours. Ali et Rachid ont fait de l'humour toute la journée où ils sont restés chez nous. Je leur ai fait visiter et tout, ils arrêtaient pas de faire des blagues comme d'habitude.

Wahiba, elle, s'était remise à parler hamdoullah. Elle a pleuré pendant une bonne demi-heure dans mes bras quand elle m'a vue. Même après avoir appelé le bled pour leur dire que j'étais revenue saine et sauve, elle n'a pas parlé. Juste quand elle a franchi le seuil de la maison et que son regard a croisé le mien...
Elle a crié mon nom et m'a sauté au cou avant de fondre en larmes.

On a pleuré un moment mais c'était bon.

Revenons à mon nouveau et premier travail. Le quartier est animé, calme quand il le faut, ça me plaît bien. J'avoue que la visite de mes cousins, les repas et bons moments qu'on a partagés, tout ça m'a ouvert les yeux.

Je pense moins à Farès et aux autres. Je me rends compte que ce qui m'est arrivé était juste une parenthèse que je dois mettre de côté. Après tout, je n'ai eu aucun signe d'eux depuis qu'ils m'ont laissée devant chez moi.

Je n'ai rien à espérer d'eux et ils n'ont rien à espérer de moi non plus.

***

Je vais voir le manager, celui qui est sensé me superviser et me donner les tâches à faire. Je pensais que j'allais être en caisse mais non je serai en rayons à ranger les marchandises. Moi ça me va, assise ou debout, je m'en fiche, du moment que ça me permet de penser à autre chose.

Il me conduit aux vestiaires et me donne ensuite une blouse rouge sans manches à me mettre sur le dos.

Je vous l'ai pas décrit, il s'appelle Emmanuel (d'ailleurs il déteste qu'on l'appelle Manu, il ne veut aucun surnom, dommage moi qui aime bien en donner :/), il est de taille moyenne, a les yeux vert clair. Il est français de souche, ça se voit et s'entend. Il doit avoir la trentaine mais il a une petite calvitie précoce.

Il est fier de ce qu'il fait et prend son rôle de manager très au sérieux.

Emmanuel : Tiens ton badge. Accroche-le à ta blouse pour que tout le monde le voit.

Je prends le badge et vois qu'il y a « Nabila » d'inscrit dessus.

Moi : Euh... Mais c'est pour quoi faire ça ?

Emmanuel : C'est le badge avec ton prénom.

Moi : Mais je m'appelle Sofia pas Nabila.

Emmanuel : Peu importe, les clients ne te connaissent pas, si ?

Moi : Non, mais...

Emmanuel : Donc tout va bien.

Je soupire et finis par l'accrocher sur ma blouse, à contrecœur. Franchement, il aurait pu me donner un autre prénom...

Emmanuel : Au fait, ça va mieux avec Sofiane ?

Je lève les yeux et le vois sourire comme un hmar (âne). Je croise les bras et le regarde sans sourire.

Chronique de Sofia kidnappée mon destin lié au sienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant