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Partie 33

Maeva démarre et, à un feu rouge, elle en peut plus de mon silence.
Maeva : Bon, il s'est passé quoi ? Et n'essaie même pas d'esquiver parce que je lâcherai pas l'affaire et tu sais à quel point je peux être chiante avec ça.
Elle reprend la route vu que le feu est vert maintenant. Je soupire et essuie mes larmes d'un violent revers de la main.
Moi : Il est avec une autre, ok ?! Il est revenu d'Espagne avec une belle bimbo latina et je les ai vus s'embrasser !
Là je me tiens direct à la portière, elle est train de faire un putain de dérapage. Je regarde à travers le pare-brise et vois qu'elle fait demi-tour en plein milieu de la route.
Moi : Maev' ! Mais t'es dingue ?! Tu fous quoi là ?
Je la vois passer une vitesse avec les yeux fixés sur la route comme si elle était prête pour un massacre.
Maeva : Je vais aller buter cette salope et broyer les couilles de ce petit con.
Elle dit ça d'un air tranquille mais je sens bien la haine dans sa voix.
Moi : Non, arrête, je veux pas y retourner.
Maeva : T'inquiète, tu restes ici. Moi je me charge de les dégommer.
Moi : Maev', arrête, fais demi-tour stp. On rentre chez Jalil.
Elle me regarde une seconde en fronçant les sourcils puis arrête la voiture sur le côté.
Maeva : Sofia, tu crois que je vais le laisser te faire souffrir comme ça ? Tout tourne enfin bien, tu te rends enfin comptes que c'est Farès que tu veux et pas un autre et voilà que les nuages viennent encore merder avec votre beau ciel bleu ? Non, je suis désolée, ça va pas se passer comme ça.
Moi : Non Maev'. Stp, ne fais rien. Ça va tout compliquer.
Maeva : Comme si c'était déjà pas compliqué!
Moi : Mais justement, raison de plus pour pas empirer les choses. T'inquiète pas, je vais bien
Maeva : Menteuse.
Je lui souris tristement.
Moi : Stp.
Elle soupire et redémarre la voiture.
Maeva : Bon, d'accord, mais c'est pour toi que je le fais.
Je la vois faire demi-tour et je me sens soulagée, une confrontation en plus de ce dont je viens juste d'être témoin pourrait m'achever à vie.
Moi : Merci.
Voilà deux heures qu'on est rentrées, deux heures que je suis dans ce lit à regarder dans le vide comme une déprimée... La scène de l'aéroport repasse en boucle dans ma tête, y'a pas de bouton stop pour arrêter, ça continue de tourner et de tourner...
Le sourire qu'ils ont, leur baiser, la façon dont il la tient par les épaules comme pour la protéger de tout ce qui pourrait lui faire du mal..
Mes larmes coulent sans arrêt. Et quand je pense avoir vidé mes glandes lacrymales, eh bien d'autres larmes tombent, comme un puits de chagrin inépuisable.

A un moment, je décide de me lever. La tristesse laisse place à la colère. Je commence à foutre les oreillers parterre, la couette, la couverture. Je commence à tout balancer, à crier, je peux plus rien contrôler. Comme si j'étais possédée.
Je prends le drap et le déchire, je continue de hurler, j'arrive pas à m'arrêter. J'ai besoin de tout saccager, de tout détruire, j'ai besoin de savoir que y'a pas que mon cœur qui est en morceaux mais que tout autour de moi l'est aussi. Pourquoi je serais la seule à souffrir hein ? Pourquoi je serais la seule ?
Maeva : Sofia arrête !
J'entends Maeva mais je la vois pas, je suis trop occupée à déchirer les coussins en me tuant la gorge à force de pousser ces cris horribles. Je reconnais même pas ma voix.
?: Oh qu'est-ce qui se passe ?
Je reconnais la voix de Jalil.
Maeva : Ah, t'es rentré ! C'est Sofia, je sais pas ce qu'elle a.
Jalil : Tu lui as fait quoi ?
Maeva : Moi ? Mais rien ! Va plutôt demander à Farès !
Jalil : Sofia, Sofia calme-toi.
Je sens des bras qui essaient de m'entourer mais je me débats. Je veux qu'on me laisse, je veux continuer de crier, je veux continuer de sentir les battements de mon cœur emplis de rage qui accélèrent. Je veux continuer de détruire, de détruire comme il m'a détruite.
Jalil : Sofia, arrête.
Il ne me crie pas dessus, son ton est posé et affectueux.
Moi : Laisse-moi ! Laissez-moi !

Il vient par derrière et me prend les bras pour les plaquer contre ma poitrine à l'aide des siens.
Moi : Je t'en prie... Jalil..
Je m'arrête de crier et commence à pleurer. Je tombe à genoux et je sens qu'il est toujours derrière moi, à me tenir serrée contre lui. Mon dernier rempart face à la folie.
Je pleure, je lâche tout. Maintenant je comprends ce que Farès a pu ressentir quand je le rejetais, quand j'ai emménagé avec Jalil... Je n'ai que la monnaie de ma pièce.
Tout est karma, comme on dit.
Moi : Il... il peut pas me faire ça..
Je vois Maeva s'agenouiller en face de moi, les larmes aux yeux. Elle me remet des mèches de cheveux en place avec tendresse.
Maeva : Ça va aller. On est là. On te laissera pas.
Moi : Je... j'arrive... j'arrive pas à respirer...
La peine, la douleur intense me bloque partout, complètement. Je me remets à pleurer en me laissant aller contre Jalil derrière moi.
Jalil : Chut, chut.
Son attitude empreinte de calme m'apaise et quelques minutes plus tard, mes pleurs stoppent et mes larmes cessent de couler.
Jalil : Tu connais un endroit qui pourrait la garder calme ou lui permettre de se défouler dans le bon sens du terme?
Maeva réfléchit un instant avant de hocher la tête.
Maeva : Oui, je crois que j'ai trouvé.

Chronique de Sofia kidnappée mon destin lié au sienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant