CHAPITRE VIII : Le voleur de mérite

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- 1er décembre 2028 - Pennsylvanie – Allegheny National Forest

Trois mois. Cela faisait trois mois que Raphaël et Brook avait intégré Veritas. On entamait la belle saison de Noël et déjà, la neige embrumait le ciel de ce mardi premier décembre. Les nuages cotonneux moutonnaient et lâchaient des milliers de flocons cristallins. La poudreuse gelée s'amassait sur les majestueuses toitures de Veritas, habillait les branches nues des arbres et transformait les jardins en étendues immaculées. Des affiches « Décembre est là, gare aux krampus ! », avaient été placardées dans toute l'école, mentionnant les règles de sécurité à respecter pour éviter une rencontre inopportune avec l'un de ces démons cornus. À l'approche des fêtes, le personnel de Veritas accrochait des guirlandes de lampes astrales le longs des gouttières, des rives des toitures et des coins des murs, si bien qu'elles encadraient les façades. Le tout s'illuminait à la nuit tombée, comme un millier de lucioles. Des couronnes de houx ornaient toutes les portes, des vases pleins de poinsettias décoraient les tables du réfectoire et enfin, un sapin de dix mètres surchargé de parures trônait en plein centre de la cour principale. La tradition voulait que chaque élève y apporte quelque chose. Ce matin-là, Raphaël trouva Arabella et Gail au pied du majestueux conifère, cherchant une place où poser leurs petits anges de Noël.

Sicut pluma levitate ! dit Gail en pointant son amie du doigt.

Arabella s'éleva dans les airs, mais retomba presque aussitôt sur les fesses dans un « PAF ! » sonore, amorti par la neige. Elle se releva en s'époussetant. Visiblement, elle tentait d'atteindre les branches les plus hautes, car les plus basses étaient déjà trop encombrées.

— On réessaye ! lança-t-elle.

Ni une, ni deux, Raphaël débarqua par derrière, la saisit à la taille et la porta à bout de bras. Elle sursauta, jeta un œil par-dessus son épaule et sourit.

— Merci Raphaël !

Elle accrocha son petit ange au bout d'une branche, les mains emmitouflées dans ses mitaines en laine, puis son ami la reposa au sol.

— Qu'est-ce que tu as ramené, toi ?

Il sortit une boule de noël de sa poche. Elle était transparente et à l'intérieur se trouvait un minuscule âtre lumineux, autour duquel deux enfants déballaient leurs cadeaux.

— Ouah ! s'exclama Gail en élargissant les yeux. T'as enfermé une illusion là-dedans ?

— C'est une capsule temporelle, expliqua Raphaël, elle s'y rejoue à l'infini sans puiser dans ma mana.

Sur ce, il se hissa sur la pointe des pieds et accrocha sa décoration à l'une des branches. En arrivant en cours, Raphaël aperçut Garry et marcha dans sa direction.

— Je peux ? demanda-t-il en désignant la place libre.

— Comme tu veux, répondit précipitamment le jeune homme.

Il s'assit près de lui, rapidement rejoints par le reste de ses amis. Leur petit groupe s'était solidement soudé, au cours des deux derniers mois, éloignant Raphaël des foudres du fils Valdez, qui persistait tout de même à le guetter d'un mauvais œil. Ce matin-là, il avait cours d'élixirologie.

Un terme alambiqué pour dire qu'ils allaient préparer des potions.

Raymond Craig, leur professeur, arriva avec deux minutes de retard en courant comme un forcené.

— Bien, dit-il en claquant la porte, désolé pour le retard ! Sortez vos manuels de guérison page deux-cent-cinquante-quatre. On a du pain sur la planche, continua-t-il en réajustant son col, nous allons étudier le Nisivita utlimum.

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