CHAPITRE XVIII : Proximité et maladresse

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- 13 janvier 2029 - Pennsylvanie – Allegheny National Forest

Raphaël avait aperçu la silhouette de son amant entre deux étagères, au détour d'un couloir, où les puits lumineux des lampes astrales éventraient par intermittence les longues allées obscures. Son t-shirt kaki rentré dans son jean marquait l'étroitesse de sa taille, dont l'illusionniste se remémorait sans mal le tracé souple et musclé. Il ressentit l'envie irrépressible de le serrer contre lui et aussitôt, s'élança dans sa direction. Zachary, aussi joyeux qu'un vegan dans une boucherie, était si bien concentré à sa tâche qu'il ne sembla pas l'entendre venir. Il sursauta entre ses bras, puis se détendit, reconnaissant sans mal l'odeur saccharine de son colocataire. Il demeura légèrement tendu, peu habitué à une telle proximité masculine, puis jeta un œil à droite et à gauche.

— Raphaël, chuchota-t-il, on peut nous voir.

— Il n'y a personne, répondit l'autre en pressant un baiser contre sa nuque.

Zachary frissonna, son corps entier s'alanguit.

— Tu t'entraines ce soir ?

Il parlait de se rendre à la salle de sport de Veritas.

— Quand j'aurais fini, répondit le fils Valdez.

— Tu veux de l'aide ?

— Je n'ai pas le droit. Ce n'est pas que j'en ai quelque chose à foutre, mais je n'ai pas envie que t'aies encore des emmerdes.

— J'ai l'habitude avec toi, gloussa l'illusionniste.

Zachary soupira. Que pouvait-il répondre ? Il avait raison, après tout. Le ventre plein de désir, il se retourna tout contre lui puis attaqua ses lèvres d'un baiser avide. Tout, chez Raphaël Anderson, avait le goût du péché et cette saveur était la plus addictive que sa langue n'ait jamais rencontrée.

— Comme un verre de coniectari, chuchota-t-il contre sa bouche.

— Hein ?

— Non, rien, se rattrapa Valdez, je parle tout seul.

— Tu parles tout seul un peu trop près de ma bouche, rétorqua Raphaël en agrippant sa taille pour le maintenir contre lui. J'irai m'entrainer avec toi, ce soir. Si t'es d'accord.

Il ponctua sa phrase d'un baiser de plus, pressé contre la chair tendre de deux lèvres roses. Tout, chez Zachary Valdez, avait le goût du vice et cette saveur était la plus délicieuse que sa langue n'ait jamais rencontrée.

— OK... mais j'en ai encore pour quarante-cinq minutes...

— Je t'attendrai. J'ai prévu de soulever des grosses charges pour travailler ma force, j'ai besoin d'un partenaire pour m'assister. Tu serais d'accord ?

D'accord, il l'était. Il lui devait bien ça, car Raphaël n'avait pas hésité à lui apporter son aide en cours. Mais il espérait fort ne pas croiser des gens de leur classe pendant leur entrainement.

— OK, dit-il. T'envisages des compèt' ou tu fais ça juste comme ça ?

Un sourire malicieux rehaussa les lèvres de Raphaël, qui plongea son regard bicolore et déstabilisant dans le sien.

— Disons que tu pèses ton poids.

— Hein ?

Raphaël libéra sa taille, prit son visage, pressa un ultime baiser contre sa bouche chaude, puis s'éloigna avec fluidité.

— Je t'attends devant la bibliothèque dans quarante-cinq minutes, lui dit-il en s'évanouissant dans l'obscurité, à tout à l'heure.

Zachary, hébété, l'observa disparaitre d'un œil penaud. Peser son poids ? Quel rapport ? Il demeura plusieurs secondes dans l'incompréhension avant d'enfin saisir le sous-entendu. Le rouge lui monta aux joues et il fit brusquement volte-face, avant de se remettre au travail en marmonnant. Quel bâtard ! Il allait falloir que cet idiot de gars de la campagne calme ses ardeurs, personne n'allait le soulever, le prendre, ou il ne savait quoi d'autre !

RivalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant