Rivalité

CHAPITRE XI : Vilain Tour

- 18 décembre 2028 - Pennsylvanie – Allegheny National Forest

Raphaël jeta un dernier regard à ses amis, empli d'incompréhension et de détresse, avant d'être escorté jusqu'au bureau de madame Walker. Zachary, qui avait observé toute la scène de loin, les suivit discrètement. Il voulait voir son rival tomber. La directrice espérait passer une journée dans le calme et profiter des festivités, elle fut donc particulièrement irritée d'être interrompue pendant son repas de Noël. Elle prit place et fit asseoir les deux intervenants.

— J'ai trouvé « ça », dit Angelina en lui présentant le coffret ouvert, dans le sac de ce jeune homme.

Olivia récupéra l'objet et observa d'un œil désabusé le gnome immobilisé. Ses yeux rouges, injectés de sang et ses petits crocs pointus, ne laissait aucun doute quant à sa nature. Elle le reposa et le referma.

— Madame Lewis, laissez-nous, s'il vous plaît.

La professeure opina du chef et quitta la salle. Caché derrière un meuble dans le couloir, Zachary attendit qu'Angelina se soit éloignée pour s'approcher de la porte et coller son oreille contre le battant. Allait-on renvoyer son rival ? Il l'espérait fort.

Ignorant tout de ce qui se tramait contre lui, Raphaël observait la scène d'un œil abasourdi. Son cœur battait vite, la peur roulait dans son ventre. Il ne comprenait pas. Il n'avait rien fait. Il passait une magnifique soirée et tout à coup, il se retrouvait convoqué pour un coffret dont il ignorait la provenance.

— Raphaël, c'est ça ? Je pense que tu connais le règlement de l'école.

— Madame, ce coffret n'est pas à moi.

— S'il te plaît, pas de mensonge.

— Mais je ne mens pas, insista-t-il. Je vous le jure, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans !

— Un gnome carnivore. Absolument interdit dans l'enceinte de l'école, comme tu le sais.

Raphaël pâlit, son cœur lui tomba dans les pieds et toutes ses peurs refluèrent. Non, pas encore ! Il ne voulait gâcher son unique chance !

— Je le sais et je ne l'ai pas amené.

— Il était dans ton sac.

— Quelqu'un a dû l'y mettre !

— Et qui donc ? s'impatienta-t-elle.

— Je ne sais pas ? Zachary sans doute. Je vous le jure, madame. Je ne suis pas responsable de ça.

— Il doit bien y avoir un coupable et nous ne pouvons pas ne pas appliquer de sanction. Sinon, les autres élèves penseront qu'il est possible d'enfreindre les règles sans en subir les conséquences.

— Je comprends, mais je n'ai rien fait, je vous le promets ! Je... je ne suis pas stupide, pourquoi j'aurais fait ça ?

La directrice soupira et se pinça l'arête du nez.

— Raphaël, si tu savais le nombre d'élèves qui enfreignent le règlement et me jurent droit dans les yeux qu'ils n'y sont pour rien, tu comprendrais mon scepticisme. Tu voulais faire une farce à quelqu'un ?

— Ce n'est clairement pas drôle, s'agaça-t-il. Non, j'avais juste... un cadeau. Je ne sais pas comment ce truc est apparu dans mon sac.

— Très bien, je vois.

Elle poussa un énième long soupir, ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit une sorte de formulaire, qu'elle commença à compléter.

— L'introduction dans l'école d'un être non autorisé, de classe sept, comme les gnomes carnivores, les gobelins, les familiers corrompus et les fées nocturnes, est sanctionnée d'un renvoi de quatre mois.