CHAPITRE XXI : Malice et Malaise

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- 16 janvier 2029 - Pennsylvanie – proximité de West View

Zachary porta une bouchée de canard à sa bouche et écarquilla les yeux.

— C'est hyper bon ! s'exclama-t-il.

— Évidemment que c'est bon ! cria Rosie depuis le comptoir.

Il se renfrogna et Raphaël sourit, amusé.

— T'es déjà allé au lac Bluemonth ? Ce n'est pas loin et c'est hyper beau. J'adore y aller seul, mais je me suis dit qu'un soir de pleine lune, comme ça, ça devrait bien rendre.

Voir un lac, qu'est-ce qu'il en avait à foutre ? Mais étrangement, la perspective l'enchantait. En vérité, toutes les perspectives l'enchantaient. Une impression de bonheur flottait en permanence dans son ventre, lente et délicate, mais il prit sur lui pour ne rien laisser transparaître et adopta une moue désabusée.

— Qu'est-ce que tu veux aller foutre près d'un lac ? Te baigner ? Il fait moins quinze.

— Wow, OK, rit l'illusionniste. J'ai compris, on n'y va pas.

— Non mais c'est bon, on peut y aller.

— Je croyais que tu ne voulais pas.

— Ça te fait plaisir, rétorqua Zachary et le sourire de Raphaël s'élargit.

— Tu veux me faire plaisir ? C'est étonnamment gentil. Je vais finir par croire que t'es amoureux.

Zachary le toisa en arquant un sourcil, mais ne répondit pas. Sans crier gare, Raphaël tendit la main et tira sur la chaîne qui dépassait de son sweat, libérant la pierre d'émotion d'un beau rouge percé de rose et son Nisivita ultimum.

— Arrête ça ! gronda Zach en lui arrachant le pendentif des mains.

— Pourquoi tu le portes tout le temps ?

— Tu me l'as offert.

Le fils Valdez enfouit le tout sous ses vêtements, dissimulant l'évidence et Raphaël s'amusa de le voir si faussement contrarié. C'était évident, à présent, qu'il avait un faible pour lui. Un sacré gros faible, plus encore que supposé. Son regard glissa avec concupiscence sur la contracture de ses mâchoires, puis sur ses belles lèvres rosées, qu'il brûla de presser contre les siennes. Il dut se réfréner pour rester de son côté de la table. Zachary surprit son œil appuyé et dévoila un sourire en coin, parfaitement suffisant.

— Tu lorgnes encore, le nouveau.

— Peut-être... Pourquoi tu portes mon Nisivita ultimum ? T'essayes de me narguer ?

Pris de cours, Zachary bafouilla et son air confiant s'évanouit au profit d'une expression surprise, empreinte de chagrin.

— Non, pas du tout je... C'est pour ne pas oublier... ce que j'ai fait.

Raphaël cessa de sourire. Il ne s'essaya pas à la taquinerie, comprenant que cette fois-ci, son ami, s'il pouvait l'appeler ainsi, était sérieux. Un court silence succéda, puis Zach leva les yeux vers lui et les plongea dans ses iris bicolores.

— Je suis désolé.

— Tu es pardonné.

Les mots étaient sortis d'eux-mêmes, immédiatement. Un sourire légèrement triste s'esquissa sur les lèvres de Zachary.

— Tu me pardonnes facilement, je vais finir par croire que t'es amoureux.

Son regard d'obsidienne planté dans le sien arracha au jeune illusionniste un sursaut de désir, l'envie de lui se fraya un chemin jusque dans sa poitrine, embrumant ses sens, elle trouva son cœur et l'alourdit, laissant courir une sensualité toute neuve dans le nid de son bas ventre.

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