CHAPITRE XXXIV : Et le monde entier, le détestera.

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- 28 janvier 2029 - Pennsylvanie - Allegheny National Forest

Zachary Valdez ne venait plus à Veritas. Pour Raphaël, c'était l'angoisse perpétuelle. Il ne savait pas ce qu'il avait, s'il était malade, s'il l'évitait depuis l'aveu qu'il lui avait fait, ou même pire, s'il lui était arrivé quelque chose de grave. Trois jours s'étaient écoulés sans que le ténébreux brun ne pointe le bout de son nez. Sans moyen de le contacter, Raphaël envisageait d'interroger ses amis, même s'il ne les appréciait pas, le jeu en valait la chandelle. Il trouva Tayson, Jules et Lorenzo sous un préau entre midi et treize heures. Le plus turbulent des trois semblait raconter une anecdote à grands renforts de gestes exagérés tandis que les deux autres, assis, l'écoutaient en riant.

— Ah j'étais mort ! gloussait Tayson. J'étais mort ! Le type était vraiment-

Il s'interrompit en voyant Raphaël venir et lui adressa un regard écarquillé. Un silence gênant tomba sur le groupe.

— Salut, lâcha-t-il avec embarras.

— Tu veux quoi ?

— Hum, ça va paraître étrange mais... Zachary n'est pas venu en cours depuis lundi et je voulais vous demander si vous saviez... ce qu'il a ?

Tayson se retourna vers ses potes en étendant un sourire ahuri et finalement, c'est Jules, toujours égal à lui-même, qui répondit :

— Il m'a dit qu'il était malade.

— Oh... OK, merci.

Il se détourna pour partir.

— Qu'est-ce que tu lui veux ?

Raphaël s'immobilisa. Jules se leva et croisa les bras, dans l'attente d'une réponse. L'illusionniste se retourna lentement.

— Rien... je me demandais, c'est tout.

— Tu ne crois pas que t'en as déjà assez fait ?

— Quoi ?

— Tu dragues sa meuf, le fais passer pour un tricheur, le fais changer de dortoir.

— J'y suis absolument pour rien, s'énerva Raphaël. Et je n'ai pas dragué Dayna.

— Ouais, bien sûr. Ni Deepali. Ni aucune des meufs qui te tournent autour.

Jules lui en voulait plus pour Deepali que pour n'importe quoi d'autre et sa colère ne prenait sa source que dans sa jalousie. Il confondait la gentillesse de Raphaël avec de la séduction, persuadé qu'il calculait tout ce qu'il faisait et qu'il agissait dans l'unique but de plaire.

— Je vois clair dans ton jeu, le nouveau. Tes airs de mec gentil ça ne prend pas avec moi.

Raphaël souffla par le nez pour canaliser sa colère. Il serra les mâchoires et laissa tomber, conscient que ça n'en valait pas la peine.

— Crois ce que tu veux, lâcha-t-il en se détournant.

— Zach c'est un zombie, depuis qu'il est obligé de partager sa piaule avec toi ! gueula-t-il et Raphaël sentit le malaise l'envahir. Depuis qu'il se tape des heures de colle à cause de toi !

Raphaël se retourna brusquement, fonça sur Jules, le prit par le col et le plaqua violemment contre le mur en pierre. La colère refluait en lui, palpitante. Il sentait son cœur battre ses côtes, vorace, endiablé. À tout moment, il pouvait lâcher le monstre.

— Vous n'aviez qu'à pas foutre un gnome carnivore dans mon sac, gronda-t-il.

— Si tu n'avais pas cherché la merde, il ne te serait rien arrivé, lui rétorqua Jules. Mais il a fallu que tu te mêles de ce qui ne te regardait pas. Garry peut se défendre tout seul, il n'avait pas besoin que tu joues les sauveurs. Tu te crois si important ?

RivalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant