CHAPITRE XLVII : Insomnie

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- 12 février 2029 - Pennsylvanie – Jackson Township

Raphaël s'était appuyé contre Zachary qui avait posé le pc portable au bout du lit, où un film déroulait son scénario sur l'écran animé. Le bras de son amant passait autour de sa taille et, sous sa tête, il sentait sa respiration tranquille. Quand le fils Valdez lui jeta un œil, il découvrit que son Némésis dormait. Lui aussi était éreinté mais avait abandonné toute possibilité de dormir. L'entièreté de son attention était braquée sur son amant et il n'avait pu trouver la quiétude depuis que celui-ci s'était assoupi. Une crainte persistante tenait sa poitrine. Celle qu'il ne respire plus. Quand le film toucha à sa fin, Zachary demeura allongé devant le déroulé interminable du générique, ne souhaitant pas réveiller son partenaire.

Raphaël se sentit sortir du sommeil difficilement. Ses paupières étaient lourdes, sa poitrine lui pesait et devenait progressivement plus pesante à chaque nouvelle inspiration. Bientôt, il peina tant à respirer qu'il commença à suffoquer. Le coup de l'angoisse frappa dans son corps puis envahit ses membres, son cœur piqua une pointe et tabassa sa cage thoracique. Il ouvrit la bouche, haletant, cherchant l'air sans le trouver. Ses paupières refusaient de se soulever, ses poumons demeuraient bloqués, il paniquait. Il voulut appeler Zachary mais aucun son ne franchit ses lèvres. Soudain, la sensation du sang déborda dans sa gorge, remplit sa bouche et coula à flot sur son menton.

Raphaël...

Il coulait et coulait encore, si fort qu'il le sentait gicler hors de sa trachée et inonder sa chemise.

Raphaël, mon cœur...

Zachary ! Zachary l'appelait. Il entendait sa voix mais ne pouvait pas le voir. Où était-il ?

— Raphaël, réveille-toi, je suis là...

La sensation d'une main sur sa joue effleura sa peau. Raphaël se sentit brusquement émerger, l'impression d'étouffement s'évanouit dans un bourdonnement assourdissant, il crut chuter au fond d'un gouffre noir puis perçut son corps, un corps contre son corps et la couverture.

Et ses yeux clos.

Il les ouvrit, découvrant le pc éteint au bout du lit, ainsi que sa chambre plongée dans l'obscurité de début de soirée. Il s'était endormi. Raphaël jeta un œil à son t-shirt et n'y vit aucune trace de sang. Il réalisa qu'il avait cauchemardé et embrassait la réalité d'un œil réconforté. Les bras de Zachary étaient refermés autour de lui, il les saisit puis soupira de soulagement. Son cœur ralentissait. Le fils Valdez s'était redressé et le tenait contre son torse.

— Ça va ? demanda-t-il.

— Ouais... un cauchemar.

Zachary se rallongea en gardant Raphaël dans ses bras. L'illusionniste se retourna et se coucha franchement sur lui pour lui faire face. Il l'observa plusieurs secondes, ses grands yeux noirs et son air interrogatif, légèrement inquiet, avant d'enfouir sa tête dans son cou et de l'étreindre fortement. Les mains du fils Valdez glissèrent, l'une dans ses cheveux, l'autre dans son dos.

— Zach... tu veux bien rester dormir, ce soir ?

Une angoisse persistante tenait le monde sous sa coupe, il devait avouer qu'il appréhendait de se retrouver seul cette nuit. Le fils Valdez chuchota :

— Ouais. Évidemment, mon cœur.

La poitrine de Raphaël s'allégea et il soupira lourdement.

— Merci...

Quelques secondes comme celles-ci s'égrainèrent, les deux jeunes hommes ne bougeaient plus, puis lentement, une pensée intrusive germa dans l'esprit de Raphaël. Un questionnement qui l'animait sérieusement.

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